Dimanche 22 juin 2025

Culture

La danse et la musique burundaises : ces ambassadrices de toute une nation

Le débat SMMEB : « Moins de dix millions de Fbu par an pour la promotion de la culture burundaise ! « 

Malgré leur succès auprès de leurs fans et le regain d’engouement des Burundais pour leur culture, les artistes et surtout les musiciens et les danseurs des groupes traditionnels se disent laissés-pour-compte, incompris. Mais le ministère de la Jeunesse des Sports et de la Culture rassure.

De gauche à droite : Jean- Marie-Vianney Rugerinyange, Steven Sogo et Omer Nzoyisaba ©Iwacu
De gauche à droite : Jean- Marie-Vianney Rugerinyange, Steven Sogo et Omer Nzoyisaba ©Iwacu

Trois invités pour nous parler de la promotion de la musique et de la danse burundaises. Il y a Steven Sogo, musicien qui commence à percer sur la scène internationale. Le deuxième invité, c’est Omer Nzoyisaba, président du groupe ’’Intatana’’ réputé pour ses chansons et ses chorégraphies variées d’inspiration traditionnelle. Le troisième invité, c’est Jean-Marie-Vianney Rugerinyange, directeur de la culture, un domaine qu’il suit depuis huit ans.
D’entrée de jeu ce dernier tranquillise ces deux artistes conviés à s’exprimer sur la promotion de la musique et de la danse. Très remontés contre les interruptions de concerts et l’interdiction des soirées dites ’’karaoké’’ au-delà de 20 heures, alors que c’est leur « unique gagne-pain », ces artistes considèrent ce secteur comme l’enfant pauvre du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture.

Les groupes de musique et de danse évoluant au Burundi ont fini par se rendre compte que le monde du spectacle ne nourrit pas son homme : « C’est par amour pour notre pays et notre culture que nous chantons et dansons, sinon, il est difficile de vivre de son art dans ce pays alors que nos collègues de l’East African Community se débrouillent bien. Le cadre légal y est pour quelque chose », fait remarquer Steven Sogo, avec amertume.

L’idée de créer le groupe « Intatana », raconte Omer Nzoyisaba, nous a été dicté par la volonté d’encadrer les jeunes et de les encourager à aimer et à revaloriser la musique et la danse traditionnelles dans leur variété afin de montrer au monde une autre facette de ce « beau pays ». « Que le Burundi ne soit connu que pour ses différentes crises ». Un pari du président du groupe « Intatana ».

« Les artistes véhiculent des messages de paix, d’espoir, de réconfort et de réconciliation. Leurs chansons contribuent à changer l’image du Burundi ternie par les hommes politiques », affirme Omer Nzoyisaba. Selon lui, la plupart des étrangers commencent à découvrir que les Burundais sont accueillants, hospitaliers, qu’il fait beau vivre au Burundi. « Nos images sont sur la toile et des milliers de gens visionnent nos chansons, nos danses. Et cela est positif pour l’image du pays », signale Steven Sogo.
« Revaloriser sa culture, c’est honorer sa patrie », souligne Jean-Marie-Vianney Rugerinyange, directeur de la culture. D’après lui, il y a une politique de promotion de la culture et un plan sectoriel existe depuis plusieurs années. « Pour ce qui est du cadre légal, il y a des lois visant le développement et la promotion de la culture que le ministère est en train de mettre sur pied. On pense aussi à l’exonération du matériel musical. Il y a également l’Office burundais des droits d’auteurs(OBDA) déjà mis en place », fait-t-il savoir.

Parmi ses projets, signale-t-il, le ministère poursuit ses démarches auprès de l’UNESCO pour faire inscrire le tambour burundais au patrimoine mondial.

Le budget alloué à la culture est dérisoire

D’après le directeur de la Culture, il y a plusieurs projets de promotion de la culture et notamment de la musique et de la danse qui sont soumis au ministère des Finances « mais compte tenu de la loi budgétaire, seuls les projets prioritaires sont financés ». Pour les spectacles des artistes débutants, explique-t-il, le ministère met à leur disposition le Palais des arts ou le Musée vivant comme contribution. « Mais pour le budget alloué à la culture, j’ai honte de le dire, c’est insignifiant, c’est moins de dix millions de Fbu », a lâché M. Rugerinyange.

L’information a créé une onde de choc chez les deux artistes. C’est l’indignation et la consternation. Dépassé, Steven Sogo suivra le reste des explications du directeur de la culture la main sur sa joue. « Il y a des projets prioritaires : il est difficile de financer la production d’un album alors qu’il y a des gens qui crient famine », tente de convaincre M. Rugerinyange expliquant qu’un musicien comme Kidumu n’a pas besoin d’une subvention du gouvernement : « Il devrait plutôt aider les jeunes artistes. »

« Un tel budget fait pitié, cet argent ne suffit même pas pour un musicien », s’indigne, l’auteur de la chanson Il est beau mon pays burundi. « Cette somme ne peut même pas couvrir un seul concert avec plus de 40 artistes, leurs costumes, les répétitions », fait savoir le président du groupe « Intatana » tout en faisant remarquer que la production d’un album nécessite au moins 4 millions de Fbu.

« Le problème, ce n’est pas ce budget, mais la valeur qu’on donne aux artistes. Ils sont le cadet de leurs soucis. Pas d’avancée aussi longtemps que les autorités ne comprendront pas l’importance de ce secteur. Ailleurs, les musiciens sont valorisés et ils font rentrer des devises. Ils veulent peut-être nous voir marcher pieds nus en ville alors qu’on a produit plus de trois albums », se demande Steven Sogo.

Une lueur d’espoir

Après avoir constaté le succès des artistes Burundais invités dans des festivals internationaux, explique le directeur de la culture, président de la République en personne demande que des projets de promotion de la culture lui soit soumis. D’après lui, avec les textes de lois en préparation, il peut y avoir des rentrées de plus de 500 millions de Fbu par an.
Selon Omer Nzoyisaba, au Burundi l’industrie musicale est peu connue alors qu’elle rapporte gros. « Il faut du sponsoring pour booster ce secteur, un ministère plus proche des artistes et que nos dirigeants aient une vision culturelle claire», conclut le président du groupe ’’Intatana’’.
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Retrouvez les différents thèmes développés dans « Si ma mémoire est bonne« 
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SMMEB_logo« Ninaba Nibuka » (« Si Ma Mémoire Est Bonne ») est une co-production de la Radio Isanganiro, Groupe de Presse Iwacu et la Télévision Renaissance, en partenariat avec La Benevolencija.
«Si Ma Mémoire Est Bonne», c’est un bouquet d’émissions et de publications qui donnent la parole aux citoyens Burundais sur des sujets liés à l’histoire récente du Burundi, que les journalistes des trois médias remettent à l’ordre du jour. Ce programme réveille chaque semaine nos mémoires sur des thèmes et des évènements de l’histoire récente du Burundi.
C’est en promouvant la connaissance et la compréhension du passé, que cette production médiatique vise à contribuer à mieux comprendre le présent et à améliorer la cohésion entre les citoyens burundais.

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Forum des lecteurs d'Iwacu

16 réactions
  1. Tuzokira

    Pour moi, la culture Burundaise est si riche qu’elle peut nous etre une arme pour vaincre les haines et les divisions quelles qu’ils soient. Enfait, je proposerais que les doués en la matière conçoivent une philosophie qui va véhiculés les messages de clarification que les éthnies est une invention du système de « diviser pour régner », comme ce journal, dans ses articles de « si ma mémoire est encore bonne », l’a bien commencé. Les burundais, nous sommes encore très attachés et très fiers de notre culture. Au moment où nous saurons profiter les richessent qui s’y trouvent, ça nous permettra à vaincre l’ennemi qui continue à nous diviser d’une façon ou d’une autre. Mettons en valeur notre langue en laissant naitre une académie: nous sommes un des rare pays où on peut s’exprimer dans sa langue sur tout le territoire, et cela est un atoux auquel nos « diviseurs » ne peuvent pas nous oter mais qu’ils continuent à faire de la sorte que nous n’en tenons pas compte. Ils vont nous dire que pour etre un bon burundais, il faut parler le Français, et récemment kiswahili et l’Anglais. Et pourtant, aucun pays n’a été dévéloppé sans que ses fils et filles aient découvert leur identé propre à eux, et cette identité commencent par la langue la seule arme pour l’unification de ses enfants. J’encourage mes frères et soeurs de continuer à montrer les richesses de notre culture.

  2. Claude

    Eshe ingene utwo twana tuberewe, intore z uburundi. Ehe sha irya mpfura y uburundi n akagoma kiwe! ese iyaba abadutwara biyumvira kwivyo birezi bikeneye gukurira dans un monde beaucoup plus juste, beaucoup et plus equitable !

  3. Villard

    si il y a une chose dont l’on devrait être fièr ce sont les tambours pas comme les autres mais les tambours sacrés et ces jours ci tout est gaté ma foi………quand les filles jouent eh bien c’est Arusha ou c’est l’émancipation……

  4. vvnahimana

    Kuri royaume hari intorebiyereka neza caaaaaaane none vyaroyehe!??? C ‘est trės dommage.

  5. nahimana

    Kuri royaume hari intore biyereka neza caaaaaane none vyaroyehe????

  6. Bon article.Gusa,abo baririmvyi basigaye bitwara nk’abansumirinda bakwiye kwisubirako.Kuko kera nimba bahayagiza intwaro zaba zihari n’uko babitegekwa.Kuko ntakuvuga ivyiza kuri l’Etat mugihe ntavyo.Bihari ho ni mitende uretse ko n’aho atari sawa kuko umuririmyi yategerezwa kwitwararikwa gukundawa na bose.N’ayo ivyo Pacy ashikirije nta raison irimwo kuko bimwe yahora aririmba bibi mbona ntaho vyagiye!

  7. Kirinyota

    Il faut ko la danse traditionnelle reste traditionnelle; là où les filles dansaient poitrine nue; que ça reste comme ça. ce sera la pire conservation de la culture et de la tradition; urabona ga ntu!

  8. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Le petit Royaume du Burundi était l’un des plus structurés et des plus organisés d’Afrique ce qui a étonné et surpris les premiers blancs allemands arrivés au Burundi à la fin du 18ème siècle d’où des fantasmes et des spéculations que les populations qui étaient capables d’une telle organisation n’étaient certainement pas des Noirs… …! Comme on le sait, plusieurs hypothèses aussi fantaisistes les unes que les autres ont été avancées quant à l’origine des Tutsis évidemment a la base de l’organisation spectaculaire de ce petit royaume diriges par une succession 4 dynasties à savoir NTARE, MWEZI, MUTAGA, et MWAMBUTSA …!
    Cette magnifique organisation de notre pays a cédé aujourd’hui la place à la corruption et à l’incompétence, aux désordres de toutes sortes et j’en passe… ! C’est la décadence totale… ! Triste, non ?

    • vvnahimana

      C’est vrai.

    • Irakoze Odilon

      c’est vrai mais c’est pas les DD qui ont plongé le pays, celà a debuté en 93

      • vvnahimana

        Igihugu cononywe n’abanyoye amalaso, 65,69,72,88,93 voilå lq veritė

        • Tuzokira

          Igihugu cononywe n’abazanye ivyo vyiyumviro. Ayo matariki ni ingaruka z’ivyiyumviro vyabibwe n’abaducanishijemwo. Tutamenye kurondera imizi y’ivyo vyose, tukaguma turaba ayo matariki agaragara kuko ari ingaruka z’icabibwe mumitima n’imitwe y’abantu, ntituzopfa dukize indwara uwo mugera mubi w’amacakubiri waduteye. @ VVnahimana.

  9. Si c’était le cas positiv nous espérons que la position du gouvernement á travers le ministre de jeunesse et sport et de la culture qu’il aide ces fameux danseurs INGOMA et INTORE qui ces derniers disparessent au fur et a mesure avec le temps.
    Mon grand-père, mon père et nos familles nous enseignainet a danser a cause de peu de motivation nous ne pouvons pas apprtendre nos enfants ou autres sans motivation rien ne va

  10. Video

    Iwacu urakoze caaaaane. Ariko unkundire Iwacu ngusabe ikintu kimwe kandi muze mucandikeko mukebure abarundi bagira umuziki n’imvino: Barire abarundi (na none mufise ijwi rishika kure), iyo bagize ama Albums yabo baze baribuka Gushirako IBIMENYETSO BIRANGA UBURUNDI. Erega twebwe turaba izo ndirimbo turi hanze, turabona ko habuze ce sentiment nationaliste. Reka Ndaguhe akarorero. Umwigeme yitwa Cynthia wo muri « Holy voices », muri album yiwe aririmba indirimbo yiwe « Si l’amour pouvait » yambaye agapira kanditsetso « Portugal »… eka n’izindi bari bakwiye kuza barashirako ivyerekana ko indirimbo ari iz’uburundi cane cane bakiyumvira ko hari abazoziraba batazi Uburundi

  11. Kabizi

    Merci à Iwacu!
    Sous d’autres cieux, ce sont les musiciens qui sont les plus riches!
    À quant le Droit d’Auteur?
    les musiciens peuvent s’organisent et rafler tous les studios qui vendent leurs chansons sans autorisation comme cela se fait chez nos voisins Rwandais!

    • MAYUGI

      Ohooo, au moins un positif point; les burundais ont toujours stupéfait le monde, même en se coupant les têtes!

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