Samedi 27 avril 2024

Politique

Commission Diène : « Les facteurs de risque existent encore au Burundi»

17/09/2020 Commentaires fermés sur Commission Diène : « Les facteurs de risque existent encore au Burundi»
Commission Diène : « Les facteurs de risque existent encore au Burundi»

Dans la conférence de presse virtuelle de la Commission d’enquête sur le Burundi de ce jeudi 17 septembre, ses trois membres ont partagé leur lecture de la crise burundaise. Le mandat de cette commission créée notamment en septembre 2016 est de mener une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme et atteintes aux droits commises au Burundi depuis avril 2015.

Dans son propos liminaire, Doudou Diène, son président, a dépeint un état des lieux peu reluisant. Dès lors, le Sénégalais a appelé d’entrée de jeu la communauté internationale à profiter du changement au sommet de l’Etat pour impulser le respect des Droits humains au Burundi. Mais déjà, Doudou Diène semble douter de la bonne volonté des nouvelles institutions à Gitega : « Le contexte actuel est celui d’une transition politique. Les autorités vont-elles procéder à des transformations ?».  

Mais si la communauté internationale s’y implique, a-t-il souligné, cela rendra possible la transformation de la société burundaise. Cependant, il a ajouté que cette métamorphose nécessitera un travail de titan en vue d’un changement réel: «Cette transformation doit être profonde ».

Le président de la Commission d’enquête parle « d’une crise historique profonde » dans une société marquée par « une culture de violences ». Il mentionne le caractère urgent de cette entreprise car, explique-t-il, il n’y a pas de signes tangibles pour le changement: « Les facteurs de risques existent encore». Et de rappeler que la mise à l’écart des civils à des postes clés de prise des décisions n’est pas de bon augure pour la démocratie.

Françoise Hampson, juriste britannique membre de la commission d’enquête, a de son côté rappelé que les tueries et les disparitions n’ont pas cessé depuis la tenue des élections. « Les Imbonerakure continuent de se comporter comme des forces de l’ordre».

Les membres de la commission d’enquête ont aussi mis l’accent sur le travail de la justice et la nécessité de réprimer les crimes. C’est dans ce sens que Lucy Asuagbor, un autre membre de la commission, a souligné que les victimes ont peur de porter plainte et ce, selon cette juriste camerounaise,  par crainte des représailles.

Une commission toujours contestée par Gitega 

Au sujet des inquiétudes  sur l’objectivité de leur travail étant donné qu’ils n’ont pas encore mis leurs pieds au Burundi, les membres de la commission ont rétorqué que « Ce n’est pas de notre faute », a martelé Mme Hampson. Elle a tout de même regretté que la commission n’ait pas pu parler «aux interlocuteurs » gouvernementaux.

Ces trois juristes, rappellent qu’ils ont toujours écrit aux autorités burundaises pour leur demander l’autorisation de se rendre au Burundi, en vain. Mme Hampson prend le gouvernement à témoin : « Il n’a jamais démontré qu’on a fait du travail basé sur des mensonges ». Abondant dans le même sens, M. Diène a  tenu à rassurer que leur travail est objectif, rigoureux et précis.

Tabu Rénovat « Dans l’hypothèse de sauvegarder sa réputation, il devrait emboîter le pas à son prédécesseur, monsieur Ouguergouz, et courageusement rendre le tablier »

De son côté, Gitega remet en cause leur neutralité. Les autorités du Burundi ont toujours accusé cette commission de produire un  travail qui n’est pas objectif. Les autorités burundaises en sont même  arrivées  à réclamer la démission de son président, l’accusant de ne pas être au service de la vérité. « Dans l’hypothèse de sauvegarder sa réputation, il devrait emboîter le pas à son prédécesseur, monsieur Ouguergouz, et courageusement rendre le tablier », estimait en juillet 2018 Rénovat Tabu, représentant permanent du Burundi à Genève.

Face à ces critiques de la part d’un pouvoir qui jusqu’ici a réservé une fin de non-recevoir à toutes les demandes de collaboration de la commission Diène, le juriste sénégalais  évoque  le manque d’arguments de Gitega : « la balle est dans le camp des autorités burundaises ».

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