Vendredi 06 juin 2025

Editorial

Chaque voix compte… si elle est entendue

06/06/2025 0

Ce jeudi 5 juin 2025, après trois semaines de campagne électorale, les Burundais se sont rendus aux urnes pour élire leurs députés et conseillers communaux. Au moment où nous mettons sous presse, l’heure est au dépouillement. Tout le pays retient son souffle dans l’attente des résultats.

Candidats et sympathisants vivent ces heures dans l’anxiété du verdict électoral. Le suspense ne prendra fin qu’avec la proclamation des résultats provisoires. Mais la question demeure : le verdict des urnes sera-t-il respecté ?

Depuis 2010, chaque scrutin suscite les mêmes critiques et le même vocabulaire lancinant : tripatouillage, hold-up électoral, mascarade électorale, instrumentalisation de la loi… Cette fois encore, dès la veille du double scrutin, les réactions politiques fusent de toutes parts.

Plusieurs partis d’opposition dénoncent une campagne ponctuée d’intimidations, d’agressions physiques, de harcèlement et d’intolérance politique. Ils pointent du doigt les discours haineux, les abus d’autorité, les meetings empêchés ou interrompus, qu’ils attribuent aux jeunes affiliés du parti au pouvoir et aux responsables locaux.

À l’inverse, les formations alliées à la majorité, comme l’APDR, saluent les responsables de la République « qui n’ont rien ménagé pour accorder des facilités aux concurrents, à travers des messages de paix et la prédisposition dont ils ont fait montre à se mettre à l’écoute des doléances. »

Entre promesses et réalité

Pendant trois semaines, les Burundais ont tout vu, tout entendu. Les politiques ont tenu des discours parfois éloignés de la réalité, mené leurs campagnes promotionnelles, multiplié complaisances et flatteries à l’égard des instincts populaires. Les citoyens se souviendront de la campagne « Cengetos », de l’opération « one million »…

Jean Dutourd, écrivain et membre de l’Académie française, résumait ainsi la nature des promesses politiques : « Faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c’est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon. Tout ce qui l’intéresse, c’est que vous payez l’addition : ce n’est pas lui qui aura mal au ventre. »

Hélas, malgré cette fièvre électorale des candidats, les citoyens n’ont pas été suffisamment informés sur leurs droits et devoirs pour que le vote devienne un véritable acte de participation démocratique éclairée. Trop peu de formations politiques et d’organisations de la société civile se sont exprimées dans les médias pour fournir les connaissances nécessaires à la compréhension des enjeux de ce double scrutin.

Voter risque ainsi de devenir un simple acte formel, alors qu’il devrait constituer l’affirmation par chaque Burundais de son pouvoir de modeler la société et de tenir les gouvernants responsables.

La force du bulletin de vote

Chaque bulletin compte. Chaque vote influence l’avenir. L’échéance électorale devrait permettre à chaque citoyen d’exprimer sa citoyenneté, de demander des comptes aux gouvernants et d’exiger la prise en charge de ses aspirations.

Quel que soit son rang social ou sa conviction politique, chaque citoyen burundais devrait savoir qu’il détient un pouvoir immense : celui de sa voix. Quand elle est respectée, elle devient l’instrument d’une démocratie authentique.

C’est là tout l’enjeu de ces élections : transformer un geste rituel en acte citoyen conscient et responsable.

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