Mercredi 23 juillet 2025

Économie

Bujumbura : Le sucre de la Sosumo introuvable

Bujumbura : Le sucre de la Sosumo introuvable
Quelques sacs de sucre de la Tanzanie dans une boutique de la zone Kamenge

Depuis plusieurs jours, dans les communes de la province de Bujumbura, le sucre de la Sosumo est toujours rare. Seul le sucre en provenance de la Tanzanie et de la RD Congo domine sur le marché et à un prix élevé. L’Abuco appelle l’autorité publique à protéger le petit consommateur à faibles moyens. L’Olucome essaie de trouver des explications à la situation.

« Le sucre de la Sosumo n’est plus disponible. Il est même interdit de le vendre. Telle est la raison pour laquelle j’importe celui de la République démocratique du Congo », fait savoir un des commerçants rencontrés sur la colline Cuhiro de la zone Gatumba dans la commune Ntahangwa.

Il fait savoir qu’avant, il s’approvisionner en sucre directement à la Sosumo. Par après, il y a eu quelques complications. « Avant, la Sosumo se chargeait de faire la livraison. Après, on nous a informés qu’il fallait nous approvisionne nous-mêmes. Lorsqu’on venait à la Sosumo, on nous donnait une petite quantité. Ce qui faisait qu’on ne satisfaisait pas nos clients et les dépenses engagées n’étaient pas récupérées. »

L’administration locale a pris les choses en main, poursuit-il, en fixant les points de vente du sucre et en assurant sa commercialisation. « Je n’avais pas d’autre choix. Je me suis dit, comme j’habite près du Congo, je vais y importer le sucre. »

Claude Nkeshimana, commerçant de la même localité qui s’approvisionne également en RD Congo n’est pas loin des propos ci-dessus.
« Aujourd’hui, c’est l’administration locale qui vend le sucre de la Sosumo. Les grossistes sont mis de côté. Le gouvernement devait agir en relevant la Sosumo. J’entends par des on-dit que le sucre du Burundi s’exporte mais il faut revoir avec la quantité produite par la Sosumo. Il devait y avoir une quantité exportée et celle consommée par la population lambda. »

Dans la zone Kamenge de la même commune, la situation est similaire. Dans quelques points de vente visités, seul le sucre de la Tanzanie se remarque. Avec un prix qui varie entre 360 000 et 375 000 BIF pour un sac de 50kg, certains commerçants affirment qu’ils maintiennent le prix du sucre à 9 000 BIF le kilo.

Ces commerçants indiquent que la vente du sucre de la Sosumo est prohibée pour eux. C’est pourquoi ils se rabattent sur le sucre importé. « Le sucre de la Sosumo est pour nous inexistant parce que si la police le trouve ici, elle nous fait payer des amendes et nous n’osons pas l’amener ni le chercher. »

Un problème de commercialisation

Selon Jean-Noël Nkurunziza, porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco, la commercialisation du sucre Sosumo, un produit dont le prix est fixé officiellement à 6 000 BIF le kilo, reste compliquée. Et pour cause, il est jusqu’aujourd’hui une denrée rare sur le marché.
« Les consommateurs sont obligés de recourir au sucre importé qui coûte 10 000 BIF le kilo. La situation est comme telle alors que, pour le moment, c’est la campagne de récolte à la Sosumo. »

Jean-Noël Nkurunziza : « Le sucre de la Sosumo n’est pas vendu
dans la transparence malgré qu’il soit distribué aux commerçants
connus. »

Il trouve que cette situation résulte d’une spéculation pure et simple des commerçants. « Le sucre de la Sosumo n’est pas vendu dans la transparence malgré qu’il soit distribué aux commerçants connus. Il se pose alors un problème de suivi de la commercialisation de ce produit dont la production nationale est devenue insuffisante. »

M. Nkurunziza appelle l’autorité publique de protéger les petits consommateurs aux faibles moyens qui ne peut pas supporter la consommation du sucre importé plus cher que celui de la Sosumo.

Pour le commerçant Nkeshimana, le gouvernement devrait appuyer la Sosumo et appeler les investisseurs à investir dans cette société parce qu’elle est une grande entreprise qui peut amener beaucoup de devises. Il demande aussi au gouvernement d’investir dans le sucre comme il le fait dans le secteur café.

Le manque de devises reste la cause majeure

Alexis Nimubona, chargé de la communication au sein de l’Observatoire de lutte contre les malversations économiques, Olucome, estime que la raison de la pénurie du sucre et des autres produits locaux comme ceux de la Brarudi est le manque de devises.
« Cette pénurie de devises empêche les entreprises de pouvoir acheter les matières premières. Rappelons que les matières premières qu’elles utilisent proviennent de l’extérieur du pays et qu’elles s’achètent en devises. C’est pour cette raison que ces entreprises n’arrivent plus à produire des quantités suffisantes. »

Elles préfèrent alors exporter une bonne quantité de ce qu’elles produisent afin de récupérer les devises et acheter les autres matières premières qu’elles utiliseront pour d’autres productions.
« Le Burundi se trouve dans une crise économique. Il n’a pas assez réservé en devises. Actuellement, le pays n’est pas capable de servir suffisamment les entreprises qui ont besoin de devises. Même lorsqu’elles se dirigent vers les banques commerciales, elles n’en trouvent pas. Certaines entreprises de production préfèrent alors exporter la grande partie de leurs productions à l’extérieur pour récupérer des devises. Cela explique pourquoi le sucre ou les produits de la Brarudi sont rares sur le sol burundais. »

Une autre cause qu’il mentionne est la mauvaise gestion qui se trouve dans le commerce du sucre. « La plupart des commerçants préfèrent donc cacher le sucre pour le vendre à des prix très élevés. Ce qui justifie l’insatisfaction des consommateurs. »

M. Nimubona appelle le gouvernement à faire son mieux pour trouver la solution à cette pénurie persistante des devises, en attirant les bailleurs de fonds et les investisseurs étrangers et en améliorant la gestion des devises.
« Il nous faut des solutions durables. Concernant le sucre, il faut assurer plus de transparence dans sa gestion et sa commercialisation. Actuellement, ce sont les responsables administratifs et les fonctionnaires qui assurent le commerce du sucre. Il faut que le gouvernement interdît formellement aux responsables administratifs de s’impliquer dans le commerce du sucre conformément à la loi de 1989. »

Interrogé sur la pénurie persistante du sucre de la Sosumo, Onésime Niyukuri, porte-parole du ministère en charge du commerce reconnait que ce produit n’est pas suffisant sur le marché. Il ajoute que le fait que la population a du sucre même s’il est en provenance de l’extérieur du pays est une bonne chose.

M. Niyukuri tranquillise la population qui cherche à savoir où est passé le sucre de la Sosumo en indiquant que bientôt il sera disponible. « Comme la campagne a commencé, c’est un peu difficile d’avoir le sucre de la Sosumo. Mais, ce dernier sera à nouveau disponible bientôt. »

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