Dans l’exercice 2024-2025, le ministère ayant les infrastructures dans ses attributions avait un budget annuel de plus de 329 milliards de BIF. Cependant, seuls 30% du montant prévu a été utilisé dans le secteur des infrastructures selon Faustin Ndikumana. Ce dernier appelle le gouvernement à promouvoir la crédibilité des investisseurs et des bailleurs de fonds. L’Olucome parle quant à lui de budget programme.
Faustin Ndikumana, le représentant du Parcem, indique que, sur l’analyse de l’exécution budgétaire de 2024-2025, surtout en matière de réalisation des infrastructures, le taux d’exécution de ces dernières est faible, presque moins de 30 % annuellement.
« Le mal dans tout ça, c’est que le taux d’endettement continue à exploser alors que l’investissement tarit. Quand un pays continue à s’endetter alors que l’investissement ne suit pas, cela crée une pression budgétaire très énorme et une tension dans l’exécution du budget. »
M. Ndikumana constate qu’on ne pourra pas soutenir la croissance économique sans consacrer des fonds suffisants à l’investissement dans les infrastructures. « Nous avons un taux de croissance faible, englouti par le taux de croissance de la population. Cela veut dire que maintenant, nous continuons à constater une popularisation progressive de la population suite à un faible taux de croissance. »
Au niveau des priorités budgétaires et de l’allocation des crédits dans le secteur de la construction des infrastructures, poursuit-il, si on analyse le budget consacré au ministère des Travaux publics, on constate que, sur un budget de 354 milliards, 90 %, c’est le financement extérieur. « Cela veut dire que l’investissement sur les fonds propres du gouvernement n’est qu’à hauteur de 10 %. »
Diminution des taxes provenant du commerce intérieur
M. Ndikumana mentionne qu’au niveau des recettes fiscales, la collecte de ces dernières a été entravée par quatre éléments essentiels, notamment les taxes sur les boissons et sur le commerce des biens et des services qui ont lamentablement diminué. « Le commerce des produits Brarudi a diminué. En conséquence, les taxes provenant de ce secteur du commerce intérieur diminuent aussi. »
Il souligne ensuite que les droits de douane ont baissé suite à un tarissement des devises pour financer les importations et que les dividendes des entreprises publiques ont chuté. « Les entreprises publiques éprouvent des difficultés de gestion et de financement. Au lieu d’octroyer des dividendes au gouvernement, c’est le gouvernement qui continue à les subventionner pour les sauver. Sans oublier les recettes minières qui sont presque invisibles. Le détournement des recettes minières est aussi une réalité que nous vivons actuellement. »
M. Ndikumana propose qu’il y ait une augmentation du montant en provenance de l’investissement étranger pour soutenir la croissance économique ainsi qu’une stratégie de mobilisation des financements à travers la coopération.
Enfin, il faut organiser le chemin de la croissance et promouvoir la crédibilité des investisseurs, des bailleurs de fonds dans le cadre des emprunts pour pouvoir accéder aux marchés financiers comme dans d’autres pays. Il faut également lutter contre la corruption pour ne pas retarder la construction des infrastructures suite à la mauvaise distribution des marchés publics.
2024-2025 : un budget programme
Alexis Nimubona, chargé de la communication au sein de l’Olucome, analyse le budget de l’exercice 2024-2025 comme étant un budget programme, en partant du fait que le premier budget, avant sa révision, était un budget qui était orienté à l’échelle dans le secteur de fonctionnement des institutions. « Mais, après la révision, on a dû réduire ce budget à un taux de 11,5 %, où on a dû suspendre certaines dépenses avec notamment la diminution des déplacements des autorités, même si on a observé que ça n’a pas diminué suffisamment. »

Le budget de l’exercice précédent, poursuit-il, n’était pas orienté vers le secteur de production. « D’où on a remarqué que le PIB dans la production interne du pays n’a pas augmenté, qu’il y a une inflation visible de 45%. Il y a eu également une incapacité du gouvernement de réaliser certains projets, certains chantiers de grande envergure. »
Il estime que le budget 2024-2025 était orienté dans le fonctionnement quotidien du gouvernement, à hauteur de plus de 52-53 %. « Donc, vous remarquez que le reste, qui est calé autour de 40 %, s’oriente dans le secteur de production, y incluant le développement des infrastructures. Ce pourcentage me permet de dire que les projets de construction des infrastructures ont été réalisés à une faible hauteur. On voit toujours les routes en mauvais état, les bâtiments du gouvernement qui n’ont pas été réhabilités, la réhabilitation du marché central de Bujumbura qui semble arrêtée, … »
M. Nimubona signale que les causes de cette incapacité à pouvoir réaliser certains projets dans l’exercice précédent sont multiples, à savoir une fuite fiscale au niveau de l’OBR qui était à hauteur de 100 milliards d’impôts et de taxes impayés. Il parle aussi d’autres problèmes de gestion financière et de gouvernance en indexant que même les dons n’arrivent pas comme prévu. « Il faut souligner que le budget reste prévisionnel. Ce n’est pas l’argent liquide que le gouvernement possède dans les caisses. »
Un budget d’austérité tendant vers l’équilibre budgétaire
M. Nimubona suggère qu’il y ait un renversement de la tendance du budget qui s’oriente vers le fonctionnement. « Il faut prôner un budget d’austérité tendant vers l’établissement de l’équilibre budgétaire à tel point que les dépenses soient égales aux investissements. »
Pour lui, il faut que le gouvernement investisse dans le secteur prometteur de croissance. Surtout en augmentant les investissements dans l’agriculture ainsi que dans les produits d’exportation, notamment le café, pour ramener les devises afin de faire face à la crise économique et à la crise de la pénurie de devises dans le pays.
Signalons que le budget général de l’État prévu pour l’exercice 2025-2026 s’élève à 5 227,06 milliards de BIF avec une augmentation de 10,5 % par rapport à celui de l’exercice précédent et un déficit budgétaire de 436,95 milliards de BIF.
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