Samedi 12 octobre 2024

Editorial

L’échec que tout le monde attendait

08/12/2017 13

Ca y est. C’est fait. Presque tout le monde l’avait prédit. En fait, il ne fallait pas être prophète. «Arusha 2017 ne nous réserve aucune surprise… Arusha ne donnera rien… Le dialogue ou la montagne accouchera d’une souris.» Réactions des Burundais quant à l’issue du quatrième et «dernier round» des pourparlers à Arusha. Ils n’y croyaient pas, c’était prévisible, pas besoin d’être devin.

Effectivement, l’accord n’a pas eu lieu comme l’avait souhaité le facilitateur Benjamin William Mkapa au début de la session : « signature d’un accord global de paix le 8 décembre en présence des chefs d’Etat de la Communauté d’Afrique de l’Est.» C’était trop beau pour être vrai.

La facilitation est mal partie. En déclarant publiquement que le mandat du chef de l’Etat est légal et légitime, le président Mkapa venait de mettre en question le fondement même de la crise actuelle au Burundi. Bujumbura l’a très bien compris. Pas de retour en arrière, il faut penser à la préparation des élections de 2020. Et c’est parti, on avance !

Pour conclure le présent dialogue d’Arusha par un accord, le président Mkapa devrait exiger la présence des ‘’’Key players’’. Or, le gouvernement et le parti au pouvoir étaient représentés par des personnalités de second plan. Elles ne pouvaient en aucun cas engager l’Exécutif burundais à des compromis attendus par certains dont un gouvernement d’union nationale, le respect de la Constitution actuelle et de l’Accord d’Arusha d’août 2000.

L’absence de l’Eglise catholique, de l’opposition radicale et de la société civile en exil n’augurait rien de bon. La qualité des discussions au cours de cette session ne semblait pas au rendez-vous.

Différentes délégations affirment qu’il n’y a pas eu de vraie plénière, de face à face pour débattre, ’’crever l’abcès’’ comme dirait le président tanzanien Magufuli. Chaque camp est resté retranché sur ses positions.

Autre bémol : la facilitation de Mkapa n’a pas suffisamment été parrainée par la région.

En somme, la médiation a montré ses limites. Le président Mkapa a raté son objectif. Une question : quelle est la suite ? Impasse…

Il y a risque d’une nième division de l’opposition, surtout ceux qui ont participé à ces pourparlers et l’opposition en exil.

Bujumbura va jouer sur le temps et serait même à l’aise à concrétiser ses programmes, notamment l’amendement de la Constitution, la préparation des élections.

L’échec des pourparlers risque de pousser la Communauté internationale à durcir encore plus ses sanctions, au grand dam de simples citoyens. Pire, elle sera passive à financer d’autres pourparlers inter-burundais.

Car aux yeux des bailleurs, cette dernière session de deux semaines a déçu. Et comme le disait feu Julius Nyerere à pareille occasion, c’est une perte de temps et d’argent. «Waste of time and money ! »

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. Rurihose

    Cher Banza
    En quoi est ce que citer le Rwanda diminue t il la tragédie qui se passe au Burundi?
    Allez au fonds de votre logique et comparez les 2 pays (La gouvernance et la corruption, le PIB, etc…)
    Je suis burundais sindi umunya Rwanda

  2. Rurihose

    Banza, vous ne voyez pas d’etc…

  3. Rurihose

    C’est sidérent comment des gens intelligents comme Ayubu, Gacece et autres ne peuvent pas voir le problème du Burundi.
    Pourtant si on remplace le Burundi par n’importe quel autre république bananières comme le Cameroun , Uganda ou Zimbabwe, RDC etc… on voit immédiatement le mal qui tue nos pays.
    Le problème n’est pas l’accord d’Arusha.
    On peut le rayer ou le garder, cela ne changera rien , rien du tout alors.
    Il faut qu’il y ait
    1) un Etat de droit,
    2 )une justice équitable.
    3) Que personne ne soit au dessus de loi.
    Cela existe t il au Burundi? Bien sûr que non.
    N y a t il pas des Mutama plus forts que la loi?
    Ce qui fait la force des puissances occidentales, ce sont leurs lois qui protègent tout le monde.
    In short , leaders should have a fixed term and be accountable like elsewhere.

    • Banza

      @Rurihose
      « ….n’importe quel autre république bananières comme le Cameroun , Uganda ou Zimbabwe, RDC etc… »

      Vous avez cité l’Ouganda en omettant son petit-frère; vous n’échappez pas non plus à la mauvaise foi.

      • John

        @Banza, » hantise quand tu nous prends!!!! », je pense que comparaison n’est pas toujours raison

  4. Kagabo

    Quand nos politiciens pensent seulement à leurs intérêts c’est ça le résultat. l’opposition fantôche pense aller à Arusha pour négocier les postes ministériels et autres privilèges au lieu de penser aux misère de la population. Raison pour laquelle nous ne voulons un autre dialogue à l’extérieur du pays. Pensez vous un jour voir Léonce, Minani, Nyangoma,…. bemeye gufata isuka, bagasubira kurima??Merci

  5. MBARIZA

    Pourquoi la majorité des pouvoirs africains ont la hantise de leurs oppositions ?

  6. Jean Habonimana

    Il faut une analyse froide de la situation post-Arusha. Le régime DD roule les mécaniques devant son triomphe total : militaire, policier et milicien. Et pourtant il doit absolument négocier pour des raisons banalement économiques. Le Secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie d’Obama, Tom Malinowski, a déclaré en 2015 que le régime DD a plus que quiconque besoin de négocier.  » It’s the economy, stupid ! » pour rappeler la célèbre formule du président Clinton que je cite souvent ici. Au-delà des crimes contre l’humanité, au-delà de l’écrasement de l’ennemi sans coup férir, il va falloir créer des emplois pour la jeunesse en général et les Imbonerakure en particulier, leur donner des logements décents, des métiers, une santé moderne. Un homme d’Etat digne de ce nom privilégie le réalisme politique et surtout économique. Il a fallu l’intelligence et le sens des responsabilités de Buyoya pour imposer les négociations car la guerre génocidaire était intenable pour la minorité honnie, décimée et aussi pour la majorité populaire réprimée. Nous avons eu ainsi 10 ans de paix et de concorde nationale que le régime DD a détruites en un clin d’œil en avril 2015. Les négociations avec l’ennemi sont un impératif banalement économique. Tout le reste, c’est de la littérature. Seule l’économie compte. It’s the economy, stupid ! On doit negocier pour des raisons banalement économiques et incontournables!!!.

    • Bakari

      @Jean Habonimana
       » Il a fallu l’intelligence et le sens des responsabilités de Buyoya pour imposer les négociations… »

      Pour vous c’est Buyoya qui a imposé les négociations alors que pour lui le statuquo était la situation tant rêvée!
      Vous êtes grave!
      Dans vos excès vous oubliez l’adage qui dit que « Ce qui est excessif est insignifiant ».

  7. Gacece

    Le problème et sa solution sont là, sous nos yeux, et personne ne veut les voir… Mais tout le monde est au courant. Le problème, c’est ce « des-Accord d’Arusha ». La solution? Disparu!

    Les seules institutions ou entités ayant le pouvoir de mettre un terme à cet épée de damoclès qui pend au-dessus de la tête des Burundais, c’est l’Assemblé Nationale, le Sénat et le président. Et c’est tout à fait légal, puisque l’Accord d’Arusha lui-même comporte une clause qui définit les termes et conditions dans lesquelles on peut y mettre fin.

    Tant que cet Accord reste en vigueur, il n’y aura rien qui se passera. Ne cherchez pas de pseudo-solutions qui risquent de perpétuer et de reporter encore et encore, le même problème.

  8. Ayahu Jean Pierre

    Cher Léandre,
    Il ne s’agit pas forcément d’un échec car il y a des leçons à tirer. C’est cette incapacité chronique chez les africains, les Burundais en particulier, à trouver des solutions à leurs problèmes. C’est aussi pour ces hommes et femmes qui « nous ont représenté là-bas » d’avoir été les risées du monde mais pour autant qu’ils soient capables de se questionner ( capacité d’introspection, d’ auto-critique et de jugement).
    Pour terminer, je dirais qu’inconsciemment, il y a eu thérapie de groupe. Des séances de psychodrame comme je le disais dans un récent commentaire car, « le contact à l’autre dans les groupes de psychodrame aide à ressentir que les problèmes qui sont les siens peuvent être proches de ceux des autres ou au contraire s’en éloigner : les participants se repèrent ainsi mieux dans leur histoire et comprennent que de celle-ci, ils peuvent en exprimer le meilleur et se reconstruire ». De Evelyne Ridnik, psychodramatiste. C’est un début de guérison chez ces preneurs du peuple en otage car le peuple burundais n’est pas malade. Seuls les politiciens le sont!

  9. harimbari

    Il n’ya pas de difference entre Mkapa et Nkurunziza, c;est une et une seule personne. Ensemble ils jouent les prolongations pour arriver a la nouvelle constitution synonyme de presidence a vie. Voila pourquoi les citoyens ont ete massacres. Ce n’est pas l’ambiguite des accords de 2000. Non et non. C’etait un plan. L’opposition devrait plutot retrousser les manches et explorer d’autres alternatives. Les elections dans les circonstances actuelles sont impossibles. Les interets d’une poignee de personnes qui mettent le pays a genou, tout un peuple dans une misère sans nom. Levons nous!! L’usage de la force est la meilleure option. Ils disent souvent qu’ils sont forts mais c’est pour faire peur.

    • Banza

      @harimbari
      « Il n’ya pas de difference entre Mkapa et Nkurunziza, c;est une et une seule personne. Ensemble ils jouent les prolongations pour arriver a la nouvelle constitution synonyme de presidence a vie. »

      Là vous êtes à côté de la plaque: les deux sont très différents dans cette histoire car Mkapa n’a rien à cirer de la prolongation de la Constitution burundaise. En outre, il a déjà eu sa part d’honneur en dirigeant son pays durant deux longs mandats (1995-2005).
      Et lorsque je vous entends prôner l’usage de la force, je me dis: encore un irresponsable démagogue. Vous ne voyez toujours pas là où a mené l’usage de la force. Et au lieu de foncer vous-même en usant de votre propre force, vous avez envie de rouler des naïfs dans la farine, à partir de votre cachette.

      Quant aux élections, je fais partie de ceux qui prient pour qu’elles soient un jour libres et transparentes.

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