À l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont ceux qui cherchent à rejoindre leurs familles en province. Mais, entre la hausse des prix de transport et la faible disponibilité des bus dans certaines agences, voyager devient un véritable casse-tête malgré les assurances de la Sopebu sur la disponibilité des carburants.
Nous sommes le lundi 22, il est 11h du matin, au parking communément appelé Cotebu. Plusieurs personnes s’y retrouvent espérant trouver un moyen de transport pour se rendre à l’intérieur du pays. Des minibus de type Hiace et des voitures Probox sont disponibles en nombre suffisant. Les chauffeurs hèlent les passants pour remplir leurs véhicules. Cependant, les prix affichés refroidissaient l’enthousiasme de plusieurs voyageurs. Certains hésitent longuement avant de se décider.
Pour se rendre à Gitega, les passagers doivent débourser chacun 20 000 FBu pour les minibus alors que le tarif officiel est fixé à 12 000 FBu. Quant aux véhicules de type Probox, les prix par personne variient entre 25 000 et 35 000 FBu. La situation est similaire pour les destinations comme Kayanza, où le coût du trajet dépasse largement le tarif réglementé de 14 000 FBu. Un voyageur, qui souhaitait se rendre à Kayanza, confie. « Cela fait un an que je ne suis pas rentré chez moi. Avec ces prix, ça devient très difficile. Je dois aussi apporter quelque chose à la famille. Tout cela représente beaucoup d’argent »
Un chauffeur rencontré sur place attribue la hausse des tarifs à la difficulté de s’approvisionner en carburants. Il affirme qu’ils sont souvent contraints de l’acheter à un prix élevé, faute de disponibilité régulière. Selon lui, ils préfèrent payer cher pour continuer à rouler plutôt que de rester bloqués. C’est ce qui pousse à revoir les prix à la hausse
Des agences peu présentes
Le mardi 23 décembre à 9h du matin, les parkings des agences de transport de Bujumbura sont envahis par une foule dense. Beaucoup de voyageurs, découragés par les prix élevés de transport dans les minibus et voitures particulières, se sont tournés vers les agences, espérant trouver des tickets à des tarifs plus abordables.
Les files d’attente pour obtenir un billet s’étendent sur plusieurs mètres, les gens patientent debout, visiblement fatigués et inquiets. À cette heure-là déjà, la majorité des agences avaient annoncé que tous les tickets étaient épuisés. Quelques agences en vendaient encore, mais les chances restaient faibles, d’autant que les bus arrivaient lentement, un à un.
« Je suis arrivée ici à 6h du matin. Et c’est justement à cette heure qu’on m’a dit que les tickets pour les bus à destination de Ngozi étaient déjà épuisés. », confie une femme rencontrée sur place.
Deux jeunes femmes, à destination de Kirundo, visiblement partagées entre l’idée de patienter ou rentrer chez elles, confient avoir choisi les agences parce que les autres véhicules demandent entre 40 000 et 50 000 FBu, alors que le ticket en agence coûtait 20 000 FBu. Un montant plus accessible, selon elles, contre un tarif officiel fixé à 16 300 FBu.
Alors que les passagers se retrouvent dans l’impasse, certains individus profitent de la situation en achetant plusieurs tickets d’agence à l’avance pour les revendre à prix fort. Une femme commerçante vend ainsi un ticket pour Kirundo à 25 000 FBu.
« J’ai interrompu mon commerce pour faire ça. C’est évident que je dois vendre plus cher si je veux en tirer un bénéfice. »
Spéculations des chauffeurs
Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des Transporteurs du Burundi (Atrabu), explique le manque de bus desservant l’intérieur par la demande qui dépasse largement l’offre. « Beaucoup de personnes n’ont pas pu retrouver leurs familles à Bujumbura depuis plus d’un an. Cette forte affluence génère un nombre de passagers bien supérieur à la capacité des bus disponibles. »

Il précise qu’un grand nombre de véhicules des agences de transport a été affecté au transfert des réfugiés congolais de Cibitoke vers Ruyigi. Selon lui, chaque agence a mis à disposition environ 50 % de véhicules. Ce qui justifie la rareté des bus disponibles dans les agences.
M. Ntirampeba assure qu’il n’existe aucun problème dans la distribution des carburants. Selon lui, la Société pétrolière du Burundi (Sopebu) a déployé tous les efforts nécessaires pour garantir un approvisionnement régulier suffisant.
« La Sopebu nous fournit des carburants aussi bien du mazout que de l’essence, et a même augmenté les quotas attribués. Pour les minibus qui opèrent en ville à Bujumbura, le quota est passé de 100 à 200 l par semaine. Ceux qui circulent vers l’intérieur du pays sont passés de 200 à 300 l. Quant aux véhicules de type Probox, leur quota est monté de 100 à 150 l. »
Il affirme que les chauffeurs qui exigent des montants au-delà des tarifs officiels se livrent à des pratiques spéculatives et non une conséquence d’un manque de carburants. Il estime qu’il est important que tous les acteurs concernés unissent leurs efforts pour protéger les passagers. Selon lui, certains chauffeurs cherchent simplement des excuses.
Pour M. Ntirampeba, faire respecter les prix officiels ne relève pas de la responsabilité directe de l’association, mais plutôt de l’administration et de la police. Il reconnaît que le secteur du transport fait face à de nombreux défis et que les tarifs fixés ne couvrent pas toujours tous les coûts engagés par les transporteurs. Cependant, il estime qu’il existe d’autres moyens d’exprimer ces difficultés au lieu d’imposer une hausse excessive des prix.
« Pour notre part, nous nous limitons à la sensibilisation et à l’information des chauffeurs ainsi que des propriétaires de bus. Nous leur rappelons l’obligation de respecter le ticket de transport. En cas de non-respect, ils s’exposent à des sanctions pouvant être lourdes. »







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