Samedi 27 avril 2024

Environnement

Ntahangwa : une nouvelle technique de curage pour limiter les dégats

La Ntahangwa, dont la trajectoire est en forme de S, érode inexorablement les différentes collines qu’elle longe. L’Action Ceinture Verte pour l’Environnement (ACVE) a lancé un projet pilote dit « curage normé », dans lequel il est question de stabiliser la profondeur du lit et les berges de cette rivière.

Grâce au curage normé, les berges de la rivière Ntahangwa vont être stabilisées ©Iwacu
Grâce au curage normé, les berges de la rivière Ntahangwa vont être stabilisées ©Iwacu

En bas de la colline Bisekuro, qui s’écroule depuis septembre dernier, se trouve un des endroits où la Regideso capte une partie de l’eau pour la traiter et la vendre. « Avec cet écroulement continu, la rivière peut d’un moment à un autre changer sa trajectoire naturelle et celle de captage de la Regideso », juge Gloriose Nahimana, une habitante de Gihosha. Elle déplore que la population ait déjà perdu plusieurs terres cultivables.
La rivière Ntahangwa traverse la ville de Bujumbura pour se jeter dans le lac Tanganyika. La partie visitée passe entre la commune Gihosha (côté gauche) et les collines Biseruko, Mugoboka, le quartier Mutanga-Sud (côté droit). Sur les collines qui surplombent cette rivière, aucun n’arbre n’y a été planté pour contrer l’érosion ou un quelconque éboulement. On y trouve que des bananeraies et des palmiers, de l’herbe sauvage et des champs de manioc…

Une partie des latrines de l’école primaire de Mutanga-Sud, des tuyaux d’évacuation et des fosses septiques ont déjà atteint le fond de la rivière. « Ces toilettes ne sont plus utilisées par les écoliers. Heureusement qu’il existe d’autres lieux d’aisance qui sont un peu plus éloignées de la rivière », indique un employé de cette école, avec désespoir. Pour les tuyaux d’évacuation, ajoute-t-il, ils sont constamment volé et même arraché par des malfrats.
Signalons que le ministère de l’Environnement, la mairie de Bujumbura sont au courant de ce problème. Iwacu a essayé de les contacter, sans succès. « J’ai déjà soumis la question à mes supérieurs à la commune et à la mairie. Nous attendons l’année prochaine, peut-être que les choses iront mieux », indique Parfait Sinarinzi, chef du quartier Mutanga-Sud. Les jeunes du quartier en collaboration avec ceux de la diaspora ont créé un forum sur Facebook. Ils échangent des idées et essayent de trouver une solution. Un film documentaire est en cours de réalisation pour plus de plaidoyer.

Une nouvelle technique de curage en vue

C’est dans cette rivière, lance Libère Niyobampama, président et représentant légal de l’ACVE, où l’on observe la majorité des problématiques destructrices liées à l’environnement. Cela est surtout dû aux activités humaines non ou mal gérées qui entraînent une modification régulière de son lit.  Le curage normé vient pour mettre à terme ces problématiques. « C’est une opération qui consiste à extraire et exporter les sédiments qui se sont accumulés par décantation sous l’eau, soit dans le lit des cours d’eau, dans les zones où le courant se ralentit brutalement », éclaire un expert. Ce qui va permettre de stabiliser les berges et ne pas modifier le tracé du lit de la rivière. Un autre avantage de cette nouvelle technique : c’est la quantité de sable, de moellon, etc. qui sera extraite dans la rivière de Ntahangwa, car, il y aura un temps de « repos » d’extraction. A la différence de ce qui se fait actuellement. « C’est à ce niveau où réside la différence entre les extractions effectuées anarchiquement et les techniques de curage », explique l’expert.

La rivière Ntahangwa est le site pilote favorable, selon le président de l’ACVE, pour faire cette expérimentation car elle est facilement accessible et visible. En plus, c’est là où on remarque le plus les conséquences désastreuses de l’extraction anarchique des matériaux de construction. Il s’agit notamment de l’extension ou de la déviation du lit de cette rivière, de l’effondrement des berges, de l’abaissement du niveau de la rivière ainsi que de la destruction des infrastructures qui se trouvent sur les berges.
Pour le moment, le curage normé se fera dans une concession de 50 hectares de l’ACVE, qui se situe le long de la rivière Ntahangwa. Une section qui va du pont de la République à celui de la Chaussée du Peuple Murundi, près de la station Top one.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Leopold NZORIJANA

    Felicitation pour ce projet;je suggere aussi un projet de reboisement systematique le long de la Ntahangwa de l’amont en aval et je pense que des bailleurs de fonds seraient enthousiastes pour ce projet.

    • Backary

      @Leopold NZORIJANA
      Ils en retirent quoi ces bailleurs? Car eux, ce qui les intéresse, c’est le rendement de leur placement!!!

    • Venant

      A mon humble avis, il faudrait que le Gouvernement prépare des termes de référence, sélectionne une firme et prévoit dans son budget annuel le coût d’une étude complète destinée à traiter le ravin de la rivière Ntahangwa. Au niveau des termes de référence, les aspects qui devraient être abordés devraient inclure notamment (i) une étude topographique de l’ensemble du bassin versant de cette rivière (ii) une étude hydrologique dudit bassin versant (iii) une étude géotechnique qui servira notamment à dimensionner les ouvrages de retenue des eaux en particulier la profondeur de leur ancrage et (iv) une étude d’aménagement pour traiter ce long ravin, associant les populations riveraines. Il s’agirait d’une étude menée par l’une ou l’autre des meilleures firmes nationales et/ ou internationales disposant de solides expériences dans l’aménagement d’ouvrages de correction de ravines/ravins.

      Bien entendu, de telles études coûtent beaucoup d’argent de même que les coûts d’aménagement. C’est la raison pour laquelle tous les gouvernements qui se sont succédé ont préféré fermer les yeux en se tournant vers d’autres priorités. Je me demande aussi s’il y a réellement des bailleurs de fonds qui seraient intéressées à financer ces études et les coûts des aménagements qui seraient proposés d’autant plus que leur rentabilité n’est pas facile à démontrer surtout par rapport aux projets dont le retour sur investissement ou dont le taux de rentabilité interne (un des grands critères de sélection des projets pour les économistes) peut être est facilement établi.

      Sans anticiper sur les actions que la firme choisie ferait comme propositions d’intervention pour corriger le ravin de la rivière Ntahangwa, j’entrevois entre autres parmi celles-ci:

      (a) le reboisement de toute la zone amont de la rivière pour obliger une grande partie des eaux de pluie que charrie cette rivière de s’infiltrer dans le sol au lieu de les laisser continuer à couler dans le lit de la rivière comme cela est le cas aujourd’hui;

      (b) une série d’ouvrages transversaux disposés en travers de la ravine de l’amont jusqu’aux abords du Lac Tanganyika et espacés en fonction des résultats de l’étude topographique (de la pente en particulier sur les différents tronçons). De tels ouvrages devraient être bien ancrés des deux cotés des berges sur une bonne distance pour éviter le risque de contournement de ces ouvrages par les crues et ancrés également dans le lit de la rivière pour ralentir l’écoulement des eaux et les obliger aussi à s’infiltrer en fonction des résultats de l’études géotechnique. De manière générale, la conception de ces ouvrages devrait tenir compte des résultats des études hydrologiques, topographiques et géotechniques.

      Le choix de leur emplacement devrait être proposé par la firme retenue et recevoir l’aval des populations riveraines. La participation de cette population aux travaux devrait également être discutée et figurer dans les rapports d’étude;
      (c) les mesures pour réglementer ou interdire l’exploitation des carrières dans le lit de la rivière.

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