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Économie

Marchés de Kanyosha et Kinama, la réouverture n’est pas pour demain

13/08/2019 Commentaires fermés sur Marchés de Kanyosha et Kinama, la réouverture n’est pas pour demain
Marchés de Kanyosha et Kinama, la réouverture n’est pas pour demain
Des commerçants agglutinés aux alentours du marché de Kanyosha.

Les commerçants déplorent le retard enregistré dans leur réouverture. Ils dénoncent du deux poids deux mesures. Les commissaires de ces marchés, quant à eux, tranquillisent.

Les alentours du marché de Kanyosha, en cours de réhabilitation,  grouillent de monde. Ce sont des commerçants qui s’agglutinent avec des marchandises entassées pêle-mêle. Certains occupent de petits kiosques en bois. D’autres étalent leurs marchandises par terre devant les maisons des particuliers ou dans les rues bloquant ainsi le passage. Il y en a qui sont en plein air sous un soleil de plomb. Certains se protègent avec des parapluies. Ils ne cachent pas leur ras-le bol.

Monique Ngendakumana ne cache pas sa colère : «Nous étalons nos marchandises par terre sous un soleil accablant. Nous sommes obligés de déménager quand les véhiculent passent. C’est très gênant. Qu’on nous réintègre dans le  marché réhabilité. » Elle estime que le montant exigé pour la construction des stands est exorbitant.

« Voyez mes patates douces. Mon capital est faible. Je ne peux  pas avoir 270000 BIF. » Elle demande à la mairie de parachever les travaux pour qu’elle puisse quitter l’endroit qui est très poussiéreux.

J.B., commerçant des chemises, dénonce la lenteur mise dans la réhabilitation du marché : « Les travaux sont interminables. Notre chiffre d’affaire s’amenuise. Nous travaillons à perte.» Selon lui, les problèmes sont nombreux. «Bientôt, c’est la saison pluvieuse qui s’annonce. Nous allons patauger. Il y a risque de choléra. En plus, nos marchandises sont en insécurité ».

Ce commerçant déplore aussi le manque de clients : « Nous étalons nos produits par terre et la poussière les envahit. Les clients boudent nos produits. Un client qui se respecte ne peut pas acheter un habit sale.»

Minani Gaddy, représentant des commerçants de Kanyosha, fait savoir que le retard enregistré dans la réhabilitation de ce marché est dû au manque d’argent. A cause de la pauvreté,  explique-t-il, certains commerçants n’ont pas pu s’acquitter de la somme exigée. C’est pourquoi, l’entreprise qui a gagné le marché a suspendu ses travaux.

Il dénonce du deux poids deux mesures : «D’autres marchés réhabilités sont déjà fonctionnels. Pourquoi pas le nôtre » ? Et de se lamenter : « On nous disait que la réhabilitation allait prendre 7 mois et voilà cela va faire bientôt 4 ans. Il y a un grand manque à gagner.»

Il demande à  l’entreprise Alubuco, qui a gagné le marché, de continuer les travaux pour que les commerçants qui ont déjà payé la totalité de la somme puissent  intégrer le marché réhabilité.

Kinama n’est pas en reste

Situation similaire au marché de Kinama. Les commerçants, rencontrés au marché provisoire, déplorent le retard enregistré dans sa réouverture. Leur souhait est la réouverture des portes du marché réhabilité pour qu’ils exercent leurs activités dans de bonnes conditions.  Les commerçants interrogés ne cachent pas leur désespoir. V.N., vendeur de chaussures, ne mâche pas ses mots : « Nous sommes fatigués. Beaucoup de promesses non tenues.»

Le marché de Kinama en cours de réhabilitation.

Mêmes lamentations du côté de S. N., vendeuse de denrées alimentaires. Elle déplore le manque à gagner qu’elle enregistre.

Dans l’ancien marché, elle réalisait un bénéfice de 400 mille BIF par mois. Pour le moment, son bénéfice a sensiblement diminué variant entre 120 mille et 150 mille BIF. Elle s’attend au pire. En période pluvieuse,  précise-t-elle, les eaux envahissent nos kiosques. Certains sont inaccessibles. «Les clients désertent nos endroits et vont s’approvisionner ailleurs».

Du non-dit

Certains commerçants fustigent les raisons avancées par l’autorité municipale pour justifier le retard de la réouverture de ce marché réhabilité. « Qu’elle n’évoque pas les difficultés financières. Loin s’en faut. Certains stands ne sont pas encore construits, alors que leurs propriétaires ont payé la totalité », s’indigne G.H., un commerçant de pagnes.

Il dénonce plutôt le manque de transparence dans l’attribution des stands. : « Ce ne sont pas les vrais acquéreurs qui ont bénéficié des stands ». Selon lui, la commission chargée de l’attribution des stands dans les marchés réhabilités en a attribué à certains plutôt qu’aux vrais acquéreurs. D’où la colère a monté d’un cran chez certains commerçants.  La mairie, fait-il savoir,  a été obligée de corriger ces imperfections.  Mais les grognes subsistent. Certains bénéficiaires ne sont pas  encore rétablis dans leurs droits.

Les commissaires de ces marchés rassurent

David Ndayisenga, commissaire du marché de Kinama, reconnaît que les lamentations des commerçants sont fondées. Il explique que la réouverture de ce marché a été retardée par le manque de moyens financiers. L’entreprise Alubuco a suspendu ses travaux, faute de moyens. Il interpelle les commerçants de s’acquitter de la somme qui a été fixée dans les meilleurs délais. «Au cas contraire, nous allons procéder au recouvrement forcé ». Interrogé à propos des commerçants qui disent que leurs moyens ne leur permettent pas de payer la totalité du montant exigé, M. Ndayisenga fait savoir qu’ils peuvent payer ce montant en tranches.

« La réouverture du marché réhabilité est  pour bientôt », rassure Désiré Ndikumana, commissaire du marché de Kinama, sans toutefois préciser la date. Très prochainement, ajoute-t-il, les commerçants qui sont en ordre seront autorisés à réintégrer le marché. A propos du retard, il explique que la réouverture de ce marché a été retardée par le manque de moyens financiers. Néanmoins, déplore-t-il, il y a encore 811 commerçants qui n’ont pas pu payer la somme exigée pour la construction des stands.

Interrogé sur leur sort, M. Ndayisenga se veut catégorique : « Nous allons travailler avec ceux qui sont capables d’honorer leurs engagements.»

Concernant les faux acquéreurs de stands, M. Ndikumana reconnaît que les lamentations des commerçants sont fondées. Ce commissaire indique que les imperfections ont été étudiées et corrigées, au cas par cas. « Les commerçants lésés ont écrit des lettres de recours. Ils ont obtenu gain de cause ».

Pour rappel, sur financement de l’Union européenne, six marchés de la municipalité de Bujumbura ont été réhabilités.  Seuls les marchés de Jabe, Musaga, Ngagara, et Kinindo ont rouvert leurs portes.

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