Mercredi 24 avril 2024

Politique

Les familles des exhumés de Kivyuka appellent le Chef de l’État à se saisir du dossier

16/07/2013 3

Une semaine après l’exhumation sous les ordres du gouverneur de la province de Bubanza des restes des personnes tuées à Kivyuka en 1996, l’Association pour la solidarité et le respect et la protection de la dignité humaine (ASRPDH) demande au président de la République de saisir du dossier afin de trouver une issue favorable.

Charles Makoto, président de l’Association pour la solidarité et le respect et la protection de la dignité humaine ©Iwacu

« Aujourd’hui, plus que jamais, nous estimons que nous ne pouvons plus rester dans un silence complice devant des tels agissements, contraires à la morale, aux mœurs et coutumes burundaises », indique Charles Makoto, président de l’ASRPDH et natif de Kivyuka. Car « ce qui s’est passé ce 8 juillet est une démonstration de la volonté manifeste de certaines personnalités pour effacer les preuves de notre passé douloureux », ce qui aurait « un grand impact négatif sur le travail de la Commission Vérité Réconciliation (CVR). »

Voilà en substance la position des familles des rescapés et des personnes tuées à Kivyuka en 1996, après l’exhumation forcée des corps du massacre sous ordre du gouverneur de Bubanza ce 8 juillet. Une action entourée de contradictions, selon M. Makoto : « D’un côté, le gouvernement a élaboré le projet de loi sur la CVR, lequel projet reconnaît que les fossés communes doivent être protégées. De l’autre, le même gouvernement représenté par le gouverneur Anselme Nyandwi procède à l’exhumation sans respect d’aucune norme tant nationale qu’internationale. »

Insistant sur cette action, Charles Makoto précise que cette exhumation s’est effectuée au grand mépris et aux yeux impuissants des familles des victimes et en violation flagrante de la loi, des textes et conventions internationaux ratifiés par le Burundi : « Il est inconcevable que des restes des victimes d’un crime qualifiable de crime d’Etat puissent être déterrés sans même la présence d’experts, de médecin légiste ou d’un officier de la police judiciaire afin d’établir un procès verbal sur le déroulement de l’activité », déplore-t-il tout en précisant que cela s’est passé alors qu’un dialogue était en cours entre le gouvernement, le CICR et l’ASRPDH.

Qualifiant l’action de profanation, M. Makoto rejette l’idée de traçage de la route Bubanza-Ndora avancée par le gouverneur Anselme Nyandwi : « Nous ne sommes pas opposés au développement, mais cela doit se faire en respectant la dignité humaine. »

L’ASRPDH déplore le silence du gouvernement et de la communauté internationale face à cette question : « 17 après le massacre de Kivyuka, les familles des victimes n’ont jusqu’ici vu un geste quelconque de la part du gouvernement, de la communauté nationale ou internationale, allant dans le sens de compatir à leur douleur. »  Charles Makoto indique que ce comportement ne fait que raviver la colère des victimes « car nous ne rendons compte que nous avons été délaissés par tous. » Si rien n’est fait dans l’urgence, il souligne que les victimes comptent saisir les juridictions nationales et internationales compétentes afin de garantir leur dignité.

La Rédaction d’Iwacu a essayé de joindre le gouverneur Anselme Nyandwi par téléphone, mais en vain.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Coldman'Zi

    Mr. Makoto Charles, mbaye ndagushimira kuri iyo initiative yo kuvugir’ahabona ubwicanyi bw’abarundi biciwe mu Kivyuka bazir’ubwoko bwabo. Ntibigutere umwikomo cane kubona l’Etat Nkurunziza n’amakungu ataco barabivuga ko. Enquêtes zagiye zikorwa ku bwicanyi du genre, zakozwe n’abantu bagumye bakingira bamwe, ari navyo vyatumye ibiganiro vy’i Arusha bitizerwa. Mwe nimubandanye mwikingira no kuremeshanye mu rupfasoni, mwirinde zirya nyifato n’ingendo zitabereye zishimikiye ku binyoma. Certainement ko ukuri kuzotinda kukaja ahabona, n’abagiye bohonya abandi kuva u Burundi buba bamenywe neza hama bashirwe imbere y’intahe.

  2. Federation

    l’Association pour la solidarité et le respect et la protection de la dignité humaine (ASRPDH)
    Qu’est-ce que nous somme doués pour inventer des noms des assocs ! Mukirundi naho ica yitwa gute ? 🙂

    Plus sérieusement, je suis d’accord avec ce que dit ce monsieur! Mfise benshi mumuryango wacu baguye i Bubanza bazizwa urupfu rwa Ndandaye. Nkurunziza atubwire ingene bazohorwa!

    • bornto

      Pour dire que ce les militaires ont vengé tes parentés en mitraillant dans un marché ? C’est une action juste, sainte et salutaire qui a aussi vengé tes parentés ? Bravo ! Il ne faut jamais penser qu’il sera question de venger les morts, mais de garder l’histoire et la mémoire. Encore une fois, je plains nos organisations de la Société Civile mono-ethnique qui affiche encore pour n-ième fois, son appartenance trahissant ainsi sa crédibilité. Si elle ne se défait pas de la recherche des intérêts ethniques, elle s’enfonce davantage comme tous ceux qui ont commis des atrocités dans ce pays. Le pouvoir en place n’étant qu’un prolongement de l’autre côté et plus ou moins ‘doux’ des anciens systèmes.

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