Au Burundi, de nombreux agriculteurs expriment leur frustration après avoir payé les engrais sans les recevoir en totalité. L’Adisco interpelle le gouvernement.
« Malgré la disponibilité apparente des stocks d’engrais, plusieurs producteurs se plaignent de ne recevoir qu’une partie de ce qu’ils ont commandé et ce, après avoir réglé l’avance et le solde exigés », raconte J.N., une agricultrice de Gihanga.
Elle fait remarquer qu’« aujourd’hui, un sac d’engrais coûte 250 000 FBu. On voit que les engrais sont là, mais on ne nous en donne qu’une petite quantité alors qu’on a déjà payé. Par exemple, tu peux payer pour 10 sacs et n’en recevoir que 5. On nous donne des jetons comme preuve d’attente. » Cette attente, souvent sans suite, alimente une grande incertitude. Le rendement devient hypothétique.
Le Programme national de Subvention des engrais chimiques au Burundi, PNSEB, lancé pour soutenir la productivité agricole à travers la subvention des engrais, a longtemps été salué comme un progrès pour les agriculteurs burundais. Mais cette année, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer des manquements. Certains ont payé l’intégralité des frais requis, mais les engrais ne sont jamais arrivés. D’autres ont versé une avance mais ils n’ont pas pu compléter le solde. Ils se voient exclus sans recours.
Interrogé, Libère Bukobero, le secrétaire général de l’Appui au Développement intégral et à la Solidarité sur les collines, Adisco, confirme ces plaintes. « Il existe de petits producteurs qui paient l’avance et qui n’arrivent pas à payer le solde. Pour ceux-là, ils perdent automatiquement car le manuel du PNSEB est ainsi conçu. Le gouvernement devrait les recenser et les aider à recouvrer leurs droits à la subvention car ce sont des personnes vulnérables », explique-t-il.
Plus préoccupant encore, il souligne le cas des producteurs qui, bien qu’ayant payé entièrement, n’ont reçu aucun engrais. « Ceci est un réel problème et le gouvernement doit prendre cette question au sérieux. Ne pas le faire pourrait entraîner des frustrations graves, voire des révoltes car, dans certaines régions, il est impossible de produire sans engrais ». Il en appelle ainsi à une réponse urgente du gouvernement.
Ouvrir le marché
Le président de l’Adisco pointe également la possible rupture de stock comme l’une des causes de ces manquements. Il parle d’une révision de la politique d’approvisionnement. « Le gouvernement devrait envisager d’ouvrir le marché à d’autres importateurs ou fabricants, au moins à court terme ».
En attendant une solution structurelle, il encourage les agriculteurs dont les terres sont encore fertiles à produire davantage de fumure organique à l’aide des techniques de compostage accéléré, afin de réduire progressivement leur dépendance aux engrais minéraux de synthèse.
Enfin, le besoin d’un dialogue permanent entre tous les acteurs du secteur agricole est à mettre en avant. « Il faut organiser un dialogue permanent entre les différents acteurs intervenant dans le secteur de la fertilité pour chercher des solutions toujours concertées. Ce qui nous éviterait des frustrations inutiles ».
Le ministère de l’Agriculture, contacté pour réagir, n’a pas pu nous répondre, évoquant un emploi du temps chargé.
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