Lundi 16 juin 2025

Politique

Élections 2025 : L’opposition conteste le musèlement imposé par le ministre de l’Intérieur

16/06/2025 0
Élections 2025 : L’opposition conteste le musèlement imposé par le ministre de l’Intérieur
Des citoyens faisant la queue devant un bureau de vote

Après l’interdiction du ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique de toutes les déclarations contestant les résultats des communales et des législatives remportées par le CNDD-FDD, certains partis politiques fustigent cette attitude.

Il y en a qui n’ont pas hésité à qualifier la mesure du ministre Martin Niteretse avertissant ces partis politiques de ’’dérive totalitaire’’. D’autres sont dans la logique que leurs militants et tous les Burundais ont le droit de savoir la vérité sur ce qui s’est passé même si le ministre de l’Intérieur demande à ce ’’qu’il n’y ait plus diffusion de communiqués, ce qui peut perturber la paix et la sécurité dans le pays’’.

L’avertissement du ministre Niteretse est formel : « Toute personne qui s’oppose aux résultats des élections peut être sanctionnée conformément à la loi ». Mais ces partis politiques se défendent et affirment que c’est de leur droit de dire ce qui s’est passé avec des preuves à l’appui et de dénoncer ce qui n’a pas marché.

Kefa Nibizi : « Les propos du ministre de l’Intérieur consacrent un recul de la démocratie et de la liberté d’expression »

Kefa Nibizi, porte-parole de la Coalition Burundi Bwa Bose dénonce l’interdiction aux partis politiques de sortir des communiqués pour dénoncer les irrégularités constatées lors des législatives et des communales.

Selon lui, le public a le droit de connaître la vérité sur les incidents qui ont entaché ce double scrutin. « Nous avons constaté des irrégularités qui dépassent l’entendement et nous avons signalé à différentes autorités sans solution immédiate. Si le ministère de l’Intérieur nous interdit de communiquer au public ce que nous avons constaté, cela consacre en quelque sorte un recul de la démocratie et de la liberté d’expression ».

Pour lui, le pouvoir en place ne veut pas que les procédés utilisés pendant les élections soient révélés au grand jour. Le parti au pouvoir s’inquiète, dit-il, veut tout dissimuler. « Il ne veut pas que les irrégularités et les fraudes constatées au cours des élections et qui ont fait qu’il ait les 100% de sièges à l’Assemblée nationale soient portées au grand public. Il se sent gêné ».

Kefa Nibizi indique que la Coalition Burundi Bwa Bose compte déposer une plainte à la Cour constitutionnelle. « On est en train de préparer nos recours en matière d’élections dans les délais prescrits par la loi ». Un test pour cette instance.

Olivier Nkurunziza : « Pourquoi empêcher les politiques de dire que rien ne va alors que c’était une réalité sur terrain ?»


Le président du parti UPRONA affirme que les partis politiques ont le droit de s’exprimer via différents canaux de communication. « Nous avons le droit de contester les résultats fantaisistes. Nous affirmons ce que nous disons et nous avons des preuves ».

Il ajoute que c’est impossible de les empêcher de s’exprimer par rapport aux élections. Étant membre d’un parti politique qui a participé aux élections, dit-il, il a le droit d’évaluer publiquement le processus. En plus, souligne-t-il, il doit informer ses partisans, donner leur position pour éclairer l’opinion nationale et internationale.

Le président du parti de Rwagasore fait savoir que le ministre de l’Intérieur aurait raison s’il y a un parti politique qui a fait des déclarations invitant les Burundais à des divisions, aux soulèvements ou à la désobéissance civile. « Décortiquer comment le processus s’est déroulé, c’est notre droit et notre devoir. Personne ne peut nous en empêcher et nous le dirons toujours. Pourquoi empêcher les politiques de dire que rien ne va alors que c’était une réalité sur terrain ».

Olivier Nkurunziza indique que personne ne peut empêcher le parti UPRONA de s’exprimer sur la situation du pays surtout en ce moment très crucial comme les élections.

Le président de l’Uprona a annoncé que son parti a déjà déposé une plainte à la Cour constitutionnelle sur les irrégularités constatées et les incidents qui ont entaché le double scrutin communal et législatif du 4 juin 2025.

Gaspard Kobako : « C’est une dérive totalitaire de penser que des gens vont être muselés et se taire au 21èmesiècle »

Selon Gaspard Kobako, président du parti Alliance nationale pour la démocratie, AND Intadohoka, c’est une dérive totalitaire de penser que des gens vont être muselés et se taire au 21èmesiècle. « Nous voulons la démocratie. Nous ne voulons pas de parti unique. Le ministre de l’intérieur le sait bien que quiconque que les Burundais ne veulent pas de parti unique. Nous nous sommes exprimés par communiqué et c’est notre droit. Les communiqués lui sont parvenus et les preuves sont là ».

Cet homme politique souligne qu’il ne sait pas quand le ministre aurait demandé aux partis politiques de lui fournir des preuves des irrégularités ou si cette demande a été formelle. « Personnellement, je l’ignore alors que je fais partie du forum des partis politiques. Même s’il l’aurait fait, je pense qu’il est de notre droit en tant qu’homme politique de montrer les irrégularités et fraudes massives dont nous avons été témoins oculaires et auriculaires ».

D’après lui, des résultats donnent au CNDD-FDD 100%, c’est du jamais vu et même au lendemain des indépendances, ce score stalinien n’a jamais eu lieu. Cela montre, se désole-t-il, qu’il y a eu vol, « un vol honteux car ça se faisait ostensiblement au vu et su de tout le monde ». Il considère que les politiques ne doivent pas être des bouc-émissaires dans ce processus entaché d’irrégularités et de fraudes massives.

Gaspard Kobako appelle le ministre ayant la gestion des partis politiques dans ses attributions à convoquer une réunion ad hoc pour qu’on lui fournisse des preuves mais pas par écrit. Le cadre approprié c’est d’organiser, dit-il, une réunion de ceux qui ont participé aux élections. « On pourra lui fournir des preuves sans ambages ni intimidation. Vouloir museler les partis politiques et d’autres voix contradictoires, c’est se tromper ».

Le président du parti Alliance nationale pour la démocratie, AND Intadohoka ne prévoit pas de saisir la cour constitutionnelle. Il indique qu’à travers notre communiqué, ils ont émis une série de recommandations à la CENI et à la cour constitutionnelle pour que ces résultats de ces élections ne soient pas validés.

CNL : « L’interdiction du ministre de l’Intérieur est inadmissible »

Selon le parti CNL de Nestor Girukwishaka, interdire les partis politiques d’informer l’opinion sur l’évolution de la vie nationale et d’émettre leurs critiques est synonyme d’enterrer la démocratie et le pluralisme politique, chèrement acquis.

« C’est inadmissible car c’est un droit consacré par la Constitution. Après avoir dénoncé les graves irrégularités qui ont émaillé le double scrutin du 5 juin, le CNL a déjà déposé ses recours auprès des CEPI et à la Cour constitutionnelle pour demander l’invalidation des résultats provisoires et l’annulation de l’élection », peut-on lire sur le compte X de ce parti.

C’est au moment où le chef de l’Etat, qui se dit satisfait des scores réalisés par son parti, le CNDD-FDD, en appelle au calme, tend la main aux différents partis d’opposition et se dit engagé à être à l’écoute de leurs doléances. Selon lui, les contestations des résultats des législatives doivent se faire dans le strict respect de la loi sur base des irrégularités avérées.

Les partis contestataires affirment avoir déjà déposé des plaintes et le président de la République leur demande de faire preuve de patience et de sérénité en attendant le traitement de ce contentieux électoral.

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