« Le pouvoir exécutif ne travaillera que rarement pour améliorer tout seul la transparence et la responsabilité sans aucun type d’influence externe qui l’encourage à le faire », rappelle un expert en finances publiques. Dans cette dynamique, le Parlement burundais est appelé à jouer un rôle clé dans le renforcement de la transparence budgétaire. Représentant du peuple, il doit veiller à ce que le budget réponde aux besoins réels de la nation tout en utilisant les ressources disponibles de manière optimale. Chaque franc versé devrait permettre de financer des services publics essentiels pour les Burundais : écoles, hôpitaux, infrastructures …
Dans son avis sur le projet de loi budgétaire 2025-2026, la Cour des comptes a soulevé plusieurs zones d’ombre : des prévisions peu justifiées (notamment plus de 111 milliards BIF au titre des impôts et taxes exonérés et plus de 238 milliards au titre des recettes des produits exceptionnels), ainsi qu’un recours excessif à l’endettement intérieur, risquant d’asphyxier le secteur privé. Elle a aussi pointé des hausses importantes de certaines dépenses, comme les « Vacataires, contractuels, journaliers et occasionnels » et les ” Contributions sociales” des dizaines de milliards, non expliquées dans l’exposé des motifs.
Malgré ces alertes, la loi a été adoptée sans débat notable. Plus troublant encore : la version promulguée diffère de celle votée, avec un ajout de 31,5 milliards BIF. Cela pose la question du rôle réel du Parlement burundais dans les étapes du cycle budgétaire. En effet, l’une des caractéristiques d’un budget public est la transparence à toutes les étapes d’élaboration ou d’exécution. L’Etat doit en informer les citoyens la structure du budget dans toutes ses dimensions (quels impôts prélever, quels services fournir et quels endettements contracter).
Notre Parlement, bras armé de la souveraineté populaire, est-il conscient de ces missions ? Mieux : dispose-t-il d’instruments suffisants pour exercer un contrepoids au pouvoir exécutif, en intervenant en amont et en aval de la décision financière ? Qu’a-t-il fait pour défendre les intérêts des Burundais ?
Le cas de la hausse des prix des documents de voyage est emblématique. Elle affecte directement les citoyens, en particulier les plus vulnérables. Cette mesure peut freiner les déplacements transfrontaliers et réduire les opportunités économiques pour les ménages à faibles revenus. Le Parlement a-t-il défendu leurs intérêts ?
Les dépenses publiques ne sont pas un fardeau, elles devraient plutôt être le reflet de nos choix collectifs pour construire une société plus juste. Mais au fil des années, la pression fiscale a augmenté, ce qui pèse sur les ménages et les petites entreprises, en particulier dans un contexte de stagnation des salaires et d’inflation. Nos parlementaires ne l’ignorent pas.
Le budget général n’est pas seulement une affaire de chiffres et de technique budgétaire. C’est avant tout un acte politique majeur, qui façonne notre société, engage l’avenir du pays. Le Parlement doit l’aborder avec plus de rigueur et de responsabilité pour remplir pleinement son rôle de garant de la défense des intérêts du peuple burundais.
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