De plus en plus, des clubs s’ouvrent au basketball féminin burundais. Plusieurs acteurs du domaine saluent les progrès enregistrés ces dernières années. Toutefois, ils reconnaissent que de nombreux défis restent à relever pour garantir un développement durable et équitable de cette discipline au Burundi.
Longtemps resté en marge du paysage sportif national, le basketball féminin au Burundi commence à se frayer un chemin. Des joueuses engagées dans la discipline témoignent d’une évolution notable.
« Depuis mon intégration dans ce domaine, l’évolution du basketball féminin est progressive, mais elle reste encore limitée », affirme Fiesta Dusenge, capitaine du club les Hippos.
Elle se réjouit de voir les mentalités évoluer peu à peu, avec de plus en plus de clubs qui osent encadrer les filles et davantage de jeunes qui s’y investissent sérieusement.
« On remarque une prise de conscience réelle autour du basketball féminin. Des clubs lancent des équipes féminines et investissent dans leur encadrement. Ce qui motive davantage les joueuses. »
Une autre joueuse de l’un des clubs engagés dans un championnat féminin burundais parle aussi d’une évolution perceptible sur d’autres aspects,
« Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’équipes qu’avant. Ce qui crée une vraie rivalité sur le terrain. On joue régulièrement grâce aux tournois. Pendant les play-offs, les meilleures performances sont même récompensées. Le public est aussi au rendez-vous avec des supporteurs qui viennent encourager leurs équipes. »
Plusieurs autres aspects positifs
Des joueuses expérimentées portent un regard éclairé sur d’autres progrès réalisés.
Selon Vera Idrissa Humuriza, une ancienne joueuse, le basketball féminin connait des avancées importantes notamment avec son retour sur la scène internationale.
« Après 12 ans d’absence, l’équipe nationale féminine a participé aux qualifications de l’AfroBasket Zone 5 en 2025 marquant ainsi une reconnaissance croissante du potentiel burundais. »
Dans la même dynamique, Inès Nezerwa, surnommée « Giti », l’une des figures emblématiques du basketball féminin, souligne également des avancées notables.
« Parmi les évolutions majeures observées, je citerai la création de nouvelles équipes féminines telles que les Hippos ou Dynamo, mais aussi l’arrivée de joueuses professionnelles qui a permis d’élever le niveau de jeu. »
Des défis persistent encore
Malgré les avancées observées, de nombreuses joueuses soulignent qu’il reste encore beaucoup de défis à relever pour garantir une évolution durable de la discipline.
« Le basketball burundais reste peu structuré à l’échelle nationale. Ici je peux dire le manque d’organisation autour des compétitions interscolaires, l’absence d’académies ou de centres de formation, l’inexistence d’une deuxième division ainsi que la participation encore limitée à des camps sous-régionaux comme Giants of Africa ou Basketball Without Borders » , souligne Inès Nezerwa.
À cela s’ajoutent des freins culturels persistants. « Une fille qui pratique le sport est encore trop souvent perçue comme quelqu’un qui néglige ses responsabilités domestiques. Les casquettes d’umuzezwanzu (quelqu’un qui doit s’occuper des travaux domestiques) doivent disparaître. »
Le manque de financements et de partenariats reste également un obstacle majeur, souligne Arsène Mfuranzima, entraineur de l’équipe nationale féminine de basketball et de l’équipe Gladiators
« On n’a jamais entendu une seule équipe partenaire avec une entreprise de taille. Le manque de fonds fait que certaines joueuses abandonnent le basketball pour faire d’autres activités qui peuvent générer des revenus. »
Il ajoute que l’inégalité des prix distribués entre les équipes masculines et féminines constitue aussi un frein majeur au développement de cette discipline.
Des perspectives encourageantes
Malgré les défis encore présents, plusieurs acteurs du basketball burundais entrevoient un avenir porteur pour les sportives.
« On a la chance d’avoir une ministre des Sports et de la Jeunesse qui a fait du basket. Certains postes à la Fédération du basket burundais, Febabu , sont occupés par d’anciennes joueuses ou des femmes. J’espère qu’elles vont soutenir le basketball féminin. », fait savoir Nezerwa.
Une vision partagée par Vera qui dit que la mise en place des play-offs constitue déjà un pas en avant. Elle espère que les structures feront mieux à l’avenir.
Selon le coach Arsène, les play-offs organisés simultanément pour les équipes masculines et féminines ont marqué un tournant en matière de visibilité.
« Cette année, beaucoup de fans ont découvert le basketball féminin. Le fait que les matchs féminins ont précédé ceux des hommes a permis aux fans du basketball de rester et d’apprécier le niveau du jeu des filles. »
Il ajoute que d’ici une année ou deux ans, il y aura du public qui sera beaucoup plus intéressé par le basketball féminin car, son niveau est très élevé maintenant.
« J’ai reçu de nombreuses félicitations. Beaucoup ne s’attendaient pas à un tel niveau. »
Toutefois, il suggère des initiatives qui doivent être mises en place pour le développement durable de cette discipline.
« La formation de jeunes joueuses devrait être la priorité du nouveau bureau de la Febabu en exigeant des divisions inférieures pour tout club en première division. »
Du côté de la Fédération, des efforts commencent à être menés pour attirer des partenaires financiers, confirme Fidès Niyonzima, la responsable du basketball féminin au sein de la fédération.
« La Febabu a commencé à chercher des bailleurs capables de soutenir le basketball féminin. Un exemple concret, c’est l’assurance Inkinzo qui a appuyé le championnat 2024-2025.Planet Media avait également apporté son soutien lors de la saison 2022-2023. »
Elle ajoute que les initiatives concrètes incluent non seulement l’appui matériel mais aussi le soutien moral afin de promouvoir durablement le basketball féminin.
Pour continuer à soutenir le basketball féminin, la joueuse Inès Nezerwa lance un appel aux responsables et aux partenaires potentiels.
« Les filles burundaises sont aussi des enfants du pays. Elles ont besoin de votre soutien. Le Burundi regorge de nombreux talents. Il est temps que vous les partenaires fassiez partie du développement de ces jeunes. »
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