Mardi 23 avril 2024

Editorial

A qui profite l’adhésion de la RDC à l’EAC ?

05/03/2021 7

« Un seul peuple, une seule destinée ». C’est la devise de la Communauté d’Afrique de l’Est plus connue sous son acronyme anglais d’EAC (East African Community). Lors du 21ème Sommet par vidéoconférence samedi 27 février, les Chefs d’Etat de cette Communauté ont admis la RDC au sein de l’EAC et reconnu le français comme langue officielle de l’organisation à côté de l’anglais et du swahili.

Par Léandre Sikuyavuga

A l’issue du Sommet, certains se demandent si l’entrée de nouveaux pays dans la Communauté symbolise un modèle d’intégration. D’autres s’interrogent : à qui profite l’entrée de la RDC dans la Communauté ?

L’EAC a déjà effectué plusieurs étapes d’intégration, notamment la mise en place d’un marché commun (2010), d’une union douanière (2014), d’un passeport électronique (2018). Des experts estiment, par ailleurs, que grâce au marché commun, les pays de l’EAC affichent un dynamisme économique, un succès potentiel susceptible d’attirer d’autres pays voisins à l’adhésion…

Un bémol: malgré les efforts considérables consentis, l’intégration Régionale ne semble pas avoir encore produit les résultats escomptés pour répondre à sa devise. L’appel du Chef d’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, lors du dernier Sommet sonne comme une mise en garde pour redresser la situation : « Le conseil des ministres est appelé à superviser de manière plus critique la mise en œuvre de ces projets et programmes et veiller à ce qu’ils soient exécutés de manière non discriminatoire dans les Etats partenaires de l’EAC. Par conséquent, nous serons tous forts et nous avancerons effectivement en bloc. »

En outre, l’intégration régionale est censée faciliter la vie des peuples par leur sécurité ainsi que par la libre circulation des personnes, des biens et des services. Ceci suppose toutefois des préalables, en l’occurrence de bonnes relations entre les Etats membres. Est-ce que ce grand pays frontalier à presque tous les Etats est vraiment en bons termes avec ses voisins pour que les populations jouissent effectivement des avantages de l’intégration ? La question reste ouverte.

Somme toute, l’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est est à saluer. Sa présence devrait être une opportunité pour toutes les populations. Par ricochet, les chefs d’Etat devraient considérer à l’unisson la Communauté comme un instrument de concorde, de paix, de progrès économique comme l’ont pensé ses promoteurs. Sinon, ce serait juste un autre membre de plus à l’EAC.

CEA

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Stan Siyomana

    Donc quand ce n’est d’autre pays que la RDC (appelee jadis « grand pays aux grands moyens » du temps du president Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga) qui rejoint l’EAC, les Chefs d’etat n’ont pas d’autre choix que de reconnaitre  » le français comme langue officielle de l’organisation à côté de l’anglais et du swahili. »

  2. Stan Siyomana

    East African Community (EAC) constitue l’un des piliers un pas vers
    « La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), entrée en vigueur le 1er janvier, constitue désormais le plus grand marché unique de la planète. Regroupant 1,2 milliard de personnes pour un PIB de quelque 2.000 milliards d’euros, il a vocation à dynamiser le commerce sur le continent et à attirer les investisseurs du monde entier… »
    https://information.tv5monde.com/video/afrique-lancement-du-plus-grand-marche-unique-de-la-planete

  3. Horugavye

     »Est-ce que ce grand pays frontalier à presque tous les Etats est vraiment en bons termes avec ses voisins pour que les populations jouissent effectivement des avantages de l’intégration ? La question reste ouverte »
    Etats en bons termes au sein de l’EAC ? Vous voulez rire! Ce sont plutôt les couteaux qui volent entre les États membres au sein de cette communauté. Le caractère exécrable des relations entre le Rwanda et le Burundi d’une part, entre le Rwanda et l’Ouganda de l’autre sont un secret de polichinelle. Les accusations réciproques, entre certains États, d’hébergement et de soutien actif à des opposants constitue depuis longtemps un lieu commun du discours diplomatique et un motif de récrimination entre certains États au sein de cette communauté. Ce qui est plutôt déplorable, c’est la cécité-ou la vision plutôt courte- des dirigeants burundais, qui n’ont pas encore compris l’attractivité que représente notre pays par rapport aux citoyens de la partie Est de cet immense pays. Avant que la crise du covid ne vienne hypothéquer la circulation transfrontalière, les citoyens congolais de l’Est aimaient venir s’approvisionner en nourriture et produits divers sur le marché chez Siyoni, et dans tous les centres de négoce le long de la frontière burundo congolaise. Je ne fais qu’évoquer en passant le tourisme médical qui drainait les malades congolais vers les hôpitaux privés de Bujumbura ainsi que les étudiants congolais que Bujumbura accueillait dans nos universités privées. Une clientèle qui payait rubis sur l’ongle et en dollars US soi-dit en passant. Une devise dont le Burundi a désespéremment besoin, faut-il le rappeler. L’adhésion de la RDC à l’EAC? Une opportunité inouie pour le Burundi. À condition d’en être conscient et d’être prêt à la saisir.

    • Eric nzimenya

      Et pour les autres pays?Seul le Burundi profite de l’adhésion de la RDC dans L’EAC?

    • Stan Siyomana

      @Horugavye
      1. Vous ecrivez:
      « Une opportunité inouie pour le Burundi. À condition d’en être conscient et d’être prêt à la saisir. »
      2. Mon commentaire
      Malheureusement le Burundi n’a ni les capitaux, ni le savoir-faire necessaire pour pouvoir tirer profit de la proximite de ses voisins riches en matieres premieres.
      Je suis surpris d’apprendre qu’en Suisse (superficie de 41.285 km2, population de 8,6 millions de gens):
      « En 2018, les recettes du négoce de matières premières se sont élevées à 33 milliards de francs, soit environ 4,8 pour cent du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse. La Suisse est l’une des plus importantes places de négoce des matières premières au monde… »
      https://www.seco.admin.ch/seco/fr/home/Aussenwirtschaftspolitik_Wirtschaftliche_Zusammenarbeit/Wirtschaftsbeziehungen/Rohstoffe.html

    • Ced

      Cette organisation régionale manque encore de la plus élémentaire cohérence, par exemple pour la circulation des citoyens, il faut soit un passeport, soit un laisser passer, alors qu une simple carte d identité pourrait faire l affaire, les procédures en douane sont également longues et fastidieuses. Essayer de changer des Francs Burundais dans les forex des autres états membres, vous n’ y parviendrez pas. Donc cela manque clairement de cohérence.
      Sur l aspect politique, il est évident que cette organisation n’ est pas un exemple, vu les multiples manipulations politiques dont les gouvernements de ses membres font preuves et le manque de condamnation de sa part (évidemment ses leaders ne vont pas se tirer une balle dans le pied). Donc oui vous avez raison, faire partie de cette organisation n’ est pas la panacée et il y a encore énormément de travail pour en faire une union cohérente, néanmoins n est ce pas la meilleure des mauvaises solutions qui sont disponibles pour le moment ?

      • Stan Siyomana

        @Ced
        « Essayer de changer des Francs Burundais dans les forex des autres états membres, vous n’ y parviendrez pas. Donc cela manque clairement de cohérence… »
        1. Je m’imagine qu’a Kampala, le dollar sud-soudanais peut s’echanger plus ou moins facilement contre le shilling ougandais parce qu’il y a des gens et des entreprises qui vont a Juba. A Bujumbura, a quel client va le bureau de change revendre le dollar soudanais?
        2. Tout juste de l’autre cote de la frontiere a Mabanda, il doit y avoir des tanzaniens qui viennent au Burundi, mais a Dar es salaam par exemple, il y aurait peu de gens qui iraient dans un bureau de change en quete du franc burundais dont ils n’ont nullement besoin.
        Ce n’est pas necessairement la faute de l’EAC en tant que telle, Il faudrait qu’il y ait un certain niveau d’activite economique entre deux pays.

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