Mardi 16 avril 2024

Politique

Uprona : A la recherche d’un temps perdu

21/06/2019 Commentaires fermés sur Uprona : A la recherche d’un temps perdu
Uprona : A la recherche d’un temps perdu
Abel Gashatsi, président de l’Uprona

Entre un Uprona vassalisé et un Uprona comme fer de lance de l’opposition, c’est un dialogue de sourds. Mais les ponts ne semblent pas coupés. Une initiative de réunification serait imminente, selon des sources bien informées. Les précédentes n’ont pas dépassé le stade de la velléité de réunification.

L’application d’une décision de justice – fondement d’un Etat de droit -, en l’occurrence l’arrêt de la Cour suprême du 11 septembre 2012, pourrait constituer une base pour un congrès national de réunification. Cet arrêté ressuscite le comité central de 2009 dans lequel figurent les protagonistes des deux bords.

Pour les Badasigana à l’ADN politique hybride, c’est inacceptable. Autant consentir à scier la branche sur laquelle ils sont assis. A se décapiter. La base du parti a les yeux de Chimène pour le camp sous la houlette du Pr Evariste Ngayimpenda. C’est un secret de polichinelle.

« Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable », dixit le politologue Raymond Aron. Se réunifier avec un camp dont on ne partage pas la ligne idéologique, encore moins des principes, équivaudrait à écrire une énième chronique d’une  » nyakurisation  » annoncée. Ce serait mettre une sourdine aux désaccords sur le fond. Au motif de  » l’intérêt supérieur du parti  » de ne pas livrer des batailles électorales en rangs dispersés.

Les idéaux survivent aux partis confisqués

Evariste Ngayimpenda, président de l’Uprona
de l’opposition

Sur l’échelle de Richter du risque politique, pour les partisans d’un Uprona affranchi de son maître à penser, ce serait entamer leur crédit auprès du socle de leurs sympathisants.

Quand un patient est dans un état végétatif sans le moindre espoir de passer à un état de conscience minimal, le courage consiste à pouvoir débrancher la machine. Un changement de stratégie s’impose. Passer d’une alliance conjoncturelle à une alliance structurelle en intégrant la direction du CNL est une option à mettre sur la table. Ce sont les hommes qui portent les idéaux. Pas les partis susceptibles d’être confisqués au gré de l’humeur du prince. Du reste, cette  » nyakurisation  » pourrait être le ferment d’un renouveau.

L’enjeu serait le dépassement du clivage Hutu/Tutsi. Le CNL renforcerait son statut de poids lourd de l’opposition et verrait son ADN politique modifié.

Les deux partenaires ne seraient plus perçus comme des défenseurs supposés des intérêts d’une communauté ethnique donnée. Ils arboreraient la casquette de la défense des intérêts du peuple burundais sans doute raisonnable.

Plus qu’une preuve de résilience politique, ce serait un partenariat win-win. Agathon Rwasa consoliderait sa stature d’homme politique national qui transcende les identifications ethniques et son crédit à l’international. Les nouveaux arrivants auraient voix au chapitre dans la conception du projet de société et partant des grandes orientations du parti.

Une telle stratégie renverserait la table, bouleverserait le statu quo. Seul ce qui apparaît comme une solution innovante est porteur d’espoir.
« On ne voit bien qu’avec le cœur », nous enseigne Saint-Exupéry. Certes, mais pas en politique.

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