Lundi 29 avril 2024

Politique

Surveillés, gênés, bloqués

Les leaders politiques de l’opposition sont déçus. Officiellement, le président Pierre Nkurunziza tient un discours apaisant, exhorte les politiques en exil à rentrer. Mais au retour les opposants ont été reçus par des policiers armés. Aujourd’hui, ils se disent surveillés, leurs déplacements dans le pays gênés, bloqués. Iwacu revient sur les grands moments qui ont marqué ces retours.

A kw'Iraro, Rwasa est  accueilli par des policiers en boucliers ©Iwacu
A kw’Iraro, Rwasa est accueilli par des policiers en boucliers ©Iwacu

31 décembre 2012. Pierre Nkurunziza, président de la République, dans son discours à la nation invite pour la nième fois les leaders politiques en exil de regagner la patrie.
Selon lui, toutes les conditions sont réunies pour assurer leur sécurité. Le numéro un burundais estime que tous « les fils et filles du pays doivent jouir des dividendes de la paix. »

26 août 2013, lors de la célébration du troisième anniversaire de son deuxième mandat au pouvoir, Pierre Nkurunziza a félicité, dans son discours à la nation, les leaders politiques qui sont déjà rentrés et encouragé ceux qui restent en exil à emboiter le pas aux autres.
9 mars 2013. Ainsi, Alexis Sinduhije, président du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie pose ses pieds sur le sol burundais après plus de deux ans d’absence. Il rentre pour participer au dialogue politique initié par le Bureau des Nations Unies au Burundi et le gouvernement.
Cependant, au lieu d’être accueilli par ses militants, des centaines de policiers sont déployés aux différents carrefours menant à l’aéroport international de Bujumbura pour leur en empêcher l’abord. On se souviendra que malgré l’interdiction du port des insignes du parti MSD, certains militants aux couleurs orange et bleu ont pu passer entre les mailles du filet. Un long cortège l’accompagnera à la permanence de son parti à Kinanira (Kinindo) où les discours de circonstance seront prononcés.

27 mars 2013. Alexis Sinduhije estime exercer ses libertés publiques et politiques lorsqu’il décide de se rendre à Rumonge. Là, il a prévu de rencontrer ses militants. Pourtant, l’administrateur communal l’en interdit, arguant que les réunions des partis politiques se tiennent le week-end seulement. Mais Gérard Ndikumana ne parviendra pas à défendre son attitude à travers les textes réglementaires du Burundi. Ni la Constitution de la République du Burundi, ni le Code électoral, aucune disposition ne l’interdisait.

Dans les jours qui ont suivi, la situation n’a fait que s’empirer. Des militants du MSD sont persécutés partout où leur leader passe. En guise d’exemple, dans la semaine du 19 août, trois ménages de la province Cibitoke ont subi des menaces de la part des Imbonerakure pour la seule raison d’appartenir au MSD. Ils ne logeront pas chez eux pendant des jours, de peur d’être tués.

A Muyinga, alors que M. Sinduhije se rendait à la levée de deuil de la mère de l’ancien homme fort du CNDD-FDD, Hussein Radjabu, la police n’a pas été du tout coopérative. Et à Kayanza où le président du MSD vient de passer une dizaine de jours, il n’a pas été facile pour lui de rencontrer ses militants. Il faut à chaque fois informer l’autorité locale pour assurer la sécurité des lieux.

Agathon Rwasa dans une résidence presque surveillée

6 août 2013. Celui qui se réclame toujours président du parti FNL « réapparaît » sur la scène politique burundaise. Kw’Iraro, la salle où les cérémonies de son accueil sont prévues est ceinturée par des policiers armés jusqu’aux dents. Les proches collaborateurs de M. Rwasa n’en croient pas leurs yeux au moment où ils s’attendaient à accueillir parmi eux le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana. Le ministre a intimé à la police l’ordre de ne pas permettre cette activité.

8 août 2013. Agathon Rwasa vient de faire à peine deux jours à son domicile à Kiriri. Ses détracteurs, expliquent ses proches, lui attribuent « un complot de renverser les institutions démocratiquement élues et d’entretenir la rébellion dans la Kibira. »
Depuis, des agents de la police rôdent autour de sa maison. Selon toujours les proches collaborateurs de M. Rwasa, le général Godefroid Bigirimana, directeur général adjoint de la police nationale, s’est pour la deuxième fois improvisé au domicile de Rwasa dans la matinée de ce mardi, 27 août 2013 entre 9 et 10 heures. Nos sources indiquent qu’il venait se renseigner sur ceux qui assurent la sécurité du leader charismatique des FNL. « Nous avons appris que vous êtes gardés par des maquisards », aurait-il martelé à Agathon Rwasa pour le convaincre de fouiller son domicile.

De surcroît, Agathon Rwasa fait savoir qu’il ne peut pas se déplacer vers l’intérieur du pays suite à la note livrée à tous les gouverneurs de province de signaler à Bujumbura, une fois que M. Rwasa tenterait de rencontrer ses militants. A Kinama, ses militants ne cessent de dénoncer des exactions leur infligées. Le dernier cas date de jeudi 22 août 2013, où une certaine Chantal Nzeyumuremyi se dit menacée pour avoir refusé de collaborer avec le parti au pouvoir afin d’accuser Agathon Rwasa de distribuer des armes.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. "akamaramagambo, mukunda"

    Ariko rero twari dukwiye kuvyumva kumwe. Hari umuntu yakunda kugereranya Démocratie nko mugihe co « muci »: Kera, iyo hageze umci, abatunze « impene » , barazireka zikiyangarira kumitumba no mumyonga hose. Ariko rero kugira ngo abadashaka ugwanko ntizibateranye, na cane cane mukuja kona imirima y’ibijumbu, imyumbati, ibitoke,… canke ibiharage vyo mu mwonga, bararondera umwungere canke bakagura ibiziriko bakazizirika. kuko hari izatembera kurusha izindi, hamwe wibaza ko zidashaka kurya (kurisha). Izo rero zaba ziyatse agahengwe ko muci. Abo banyapolitike bacu naco barakwiye kuhagabira. Bategerezwa kumenya ingene intwaro zikora , hanyuma bakigenza nka benegihugu. Ego barafise akarusho kubera ka mukuru w’umugambwe, ariko ahonyene abayikwegeye kuko ntasubira kwidegemvya kumwe yahora. Kubera ko atakiri umunyaguhugu asanzwe rero , Leta itegerezwa tumukingira umwanya wose. Iyo rero aciye aja nagwo ngo kabaye ndaye bwegu buno nyene, ajejwe kumucungera nibo baca bamuhinduka bakamukandamiza , kugirango ntihagire ivyo yonona. Na cane cane kwigisha umugararizo ( désobéissance civile). Aho ni nko kumubwira bati : sigaho sigaho! Erega ntimubirabire kure turacari muri Afrika. Jewe ndipfuza ko Sinduhije yoronka au moins na mairie tukaraba ico ayikoza. Uwutaraburogwa agirango yobucira!

  2. Terimbere

    Un regime, qui se reclame democratique, qui perd progressivement sa legitomite!
    Ces leaders de l’opposition ne devraient pas se laisser intimider s’ils revent un changement!
    Les elections de 2015 se jouent maintenant!
    Il faut plutot multiplier vos deplacements et surtout denoncer et mediatiser ces violations et cela tant national et international!
    Travaillez ensemble et surtout, TIMBA!!!!!
    Je pense qu’il faut penser a organiser une journee pour protester contre le retour de la dictature ou tout simplement contre le recul de la democratie au Buundi!
    Opposition et societe civile tous confondues!
    Abapfuye bazira uburundi ni benshi, turakwiye guha abana bacu igihugu c’ubwigenge, c’amahoro, intwaro nziza n’iterambere!

  3. alice

    Pour ceux qui ne le savaient pas, Rwasa a passé le week-end dans sa province natale de Ngozi. Seulement voilà que la documentation a tenté de l’éliminer sans succès car ses agents n’ont pas pu identifier son véhicule. Il a débarqué comme il l’a fait à Kwiraro. Le dimanche ils ont jalonné des agents sur l’axe Bujumbura- Ngozi, toujouirs sans parvenir à identifier son véhicule. Ils ont été surpris d’entendre que Rwasa était arrivé à Bujumbura à 16heures 30 alors qu’ils le croyaient encore à Ngozi. Les agents en question sont incarcerés. Ewe documentation y’Uburundi. Rwasa n’a pas peur, mais il est prudent. Deux choses différents à mon avis. Seulement, l’opposition doit travailler ensemble. Ikibiri je nzi ko arico bivuga.

    • Ntekumutwe Ventriote

      Sha alice, reka kubeshera President Rwasa kuko twarikumwe mu Kamenge.

  4. Typhon

    Qui parmi ces soient disant politiciens, sont responsable de la sécurité et de l’ordre public? Les gens se rendent à l’intérieur pour rencontrer les militants seulement? Le président de la République les a-t-il invité pour prêcher la loi du Talion? Pour mieux comprendre de Sinduhije et ses intensions, rappellons-nous du Reportage de Polline Simoné sur France 24 et visitons Burundi News de Gratien Rukundikiza. La population pourra-t-elle confier la gestion à ceux politiciens qui veuillent vendre le pays aux plus offrants? Les burundais ne commettrons jamais de telles erreurs.
    Certains politiciens devraient recadrer leurs politiques.

  5. Jean

    Mbega ko murira à la place de ces politiciens? ni vyiza ko journalisme rime avec opposition, ngira nibo bahemba neza pour que les journalistes puissent avoir leur « maximum vital », nayo minimum yoyo ni serum. Sinduhije avait pactisé avec Rajabu misant sur le ministère de la communication, ayibuze raba aho atugejeje aturenza urwamo. Elyse na Léandre nabo sinzi ico bubuye, pourvu que ça paye!

  6. rema

    ikibi nticimbuka

  7. Nganji

    Ivya Sinduhije vyo biragoye kuko arazi neza ko icari kimujanye atari kirya twumvise ku ma radios. Ariko kandi naho twoba dushaka ubutegetsi nta munyamahanga azobuduha; niyadufasha niwe azoba ariko adukoresha. Naho ubundi kujabuka Rusizi uza mu Burundi ubu bikora abagabo kandi bizofata umwanya. Niyigire mu kaynza, i Mwaro Gitega nahandi yigishe abarundi ivyo hakurya navyo avyibagire kuk nawe birashobora kumuhitana.
    Rwasa nawe nashire ubwoba areke kwikanga umuyaga. Twese turi sous surveillance d’une maniere ou d’une autre, abari kubutegetsi co kimwe nababugwanya. Abo nabo yabonye inyuma yurugo iwe ni uko yari abarindiriye. Vitari we yari akwiye guhindura ingendo; agakurikira uwo yasubiriye azovunika kubera iyo ni ingendo yuwundi.

  8. NKundagihugu Prince

    Je vous jure que le pouvoir en place les a demandés de retourner au pays pour bien les surveiller et les mâter. Certains risquent d’y laisser leurs vies, il faut donc faire attention lors de vos déplacement, un simple cafouillage et une soit disant balle perdue peut vous emporter, toi leader de l’opposition. Qui vivra verra!

  9. MBABAREMPORE

    Nta mvura itahita! Umucamanza ni umwanya.

  10. GAHUNGU

    Detrompez-vous, quiconque sera à la tête du pays ne fera que politicailler. La politique se joue ailleurs.

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