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Rétrospective sécurité 2015 : une année meurtrière

06/01/2016 3

L’année 2015 aura été marquée par plusieurs attaques d’hommes armés, des exécutions sommaires, des attentats et assassinats. Les auteurs de ces crimes n’ont pas été arrêtés et aucune revendication n’a été faite jusqu’à ce jour concernant les attaques.

Neuf rebelles capturés et exhibés par l’armée au lendemain de l’attaque de Cibitoke
Neuf rebelles capturés et exhibés par l’armée au lendemain de l’attaque de Cibitoke

30 décembre 2014 jusqu’au 3 janvier 2015 : un groupe de rebelles attaquent la province Cibitoke à partir de la RDC.Des combats durent cinq jours occasionnant beaucoup de pertes en vies humaines. Certaines sources parlent d’une centaine de personnes tuées ou exécutés à bout portant. D’autres de 37 tués dont 20 à bout portant à Murwi alors qu’ils s’étaient rendus et 17 décapités dans la zone Buhayira. Personne ne revendique l’attaque même si certains milieux politiques attribuent cette attaque à Alexis Sinduhije, président du parti Msd. Dans la foulée, l’armée organise une conférence de presse où elle exhibe 9 combattants capturés ainsi que des armes saisies.Après enquêtes, Iwacu découvre que six des neuf personnes arrêtées, étaient de nouvelles recrues et menaient apparemment une vie, jusque-là, sans histoire. Ils ont été enrôlés et entraînés trois semaines avant l’attaque.

19 janvier 2015 : Valentin Bagorikunda donne l’état d’avancement de l’enquête sur l’identité des auteurs de l’attaque. Il indique que le mouvement rebelle était composé de 190 combattants et que le nom de ce groupe armé reste toujours inconnu des enquêteurs. Toutefois, confie le procureur, ces rebelles avaient à leur tête un certain Kaziri Joseph alias Yussuf, déserteur de la Fdn, connu du public pour avoir été hébergé pendant des jours par une certaine radio privée de Bujumbura et par certaines organisations et institutions de défense des droits de l’Homme.

26 avril 2015 : début des manifestations contre le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza après sa désignation comme candidat de son parti à la présidentielle prévue en juin. Des manifestations durement réprimées par les forces de l’ordre. Certains des manifestants sont tués, d’autres blessés ou emprisonnés. Quand ils ont constaté qu’ils ne peuvent pas continuer à engager un bras de fer avec des policiers qui tiraient souvent à balles réelles, ils ont arrêté les manifestations. Des policiers ont été également tués ou blessés car les manifestants jetaient des pierres ou lançaient des cocktails Molotov à l’endroit des policiers.

Des présumés combattants, capturés ou qui se sont rendus après l’attaque de Kabarore
Des présumés combattants, capturés ou qui se sont rendus après l’attaque de Kabarore

10 juillet 2015 : un groupe d’hommes armés attaquent la zone Rugazi, de la commune Kabarore en province Kayanza.Bilan officiel donné par le porte-parole de la Fdn : 31 assaillants tués, 17 combattants capturés, 78 armes saisies dont 1 mortier 60, 4 groupes électrogènes, et 2 radios motorola. Du côté ami, un civil tué et un autre blessé et 6 militaires légèrement blessés. Les présumés combattants, eux, révèlent avoir pénétré à 500 au Burundi depuis le 8 juillet. Ils ont été attaqués par les militaires le 10 juillet dans la forêt de la Kibira.

2 août 2015 : assassinat du général Adolphe Nshimirimana. Selon des témoins, l’ancien patron des renseignements se trouvait dans sa voiture avec ses gardes du corps lorsqu’il a été touché par deux tirs de roquettes avant d’être visé à l’arme automatique. Des témoins disent avoir vu sa voiture criblée de balles. Selon la police, sept personnes ont été arrêtées, mais aucune information n’a filtré sur leur identité.

3 août 2015 : Pierre Claver Mbonimpa, figure de la société civile burundaise et président de l’Association pour la protection des prisonniers et des droits humains (Aprodh) échappe à un attentat. Il est touché par plusieurs balles au moment où il venait de quitter son bureau. Dans le quartier de Kinama, un motard s’approche de sa voiture, tire au moins quatre balles qui atteignent Pierre-Claver Mbonimpa à la joue et au cou. Pour le moment, il se fait soigner à l’étranger. Comme dans d’autres dossiers d’assassinat, les auteurs ne sont pas encore identifiés.

15 août 2015 : comparution de quatre suspects dans l’assassinat du général Nshimirimana devant la justice. Il s’agit de militaires en activité, des sergents ou caporaux. Cinq restent en fuite selon les autorités judiciaires.

15 août 2015 : Jean Bikomagu, colonel à la retraite, est assassiné devant son domicile sis au quartier Kabondo. Il venait de la messe à la cathédrale Regina Mundi. L’ancien chef d’Etat-major de l’armée burundaise sous Pierre Buyoya, Ndadaye et Ntibantunganya était avec sa fille. Depuis ce jour, les auteurs de cet assassinat ne sont pas encore identifiés.

11 septembre 2015 : un groupe d’hommes en treillis lourdement armés tendent une embuscade contre le véhicule du Général-major Prime Niyongabo, chef d’Etat-major général de l’armée. Des tirs à l’arme automatique, à la roquette et des explosions de grenades sont entendus.Son véhicule, une jeep V8, est touchée au niveau du pneu avant droit mais il continue. A part son escorte qui a été touchée, il sort indemne de cette attaque. Après la fusillade, le bilan est lourd : 6 personnes tuées dont 3 gardes du corps du Général Prime Niyongabo et 7 blessés dont 6 militaires. Côté ami, cette attaque a fait 3 militaires tués et un civil travaillant au ministère de la Sécurité publique.

Du côté de l’ennemi, deux personnes sont tuées. Ce sont des militaires de la brigade logistique, ancienne base des forces armées. L’assaillant blessé au bras est également de l’unité militaire appelée «Police-militaire.» Deux autres militaires de l’ISCAM (Institut Supérieur des cadres militaires) accusés d’avoir participé à cet attentat ont été également arrêtés au moment où ils tentent de regagner la RDC en passant par Gatumba. Jusqu’aujourd’hui, ceux qui ont planifié cet attentat ne sont pas encore identifiés.

5 Octobre 2015 : début du phénomène des gens aux longs manteaux qualifiés par les autorités de simples bandits. Ces personnes circulent la nuit avec des machettes et parfois des armes à feu, semant la terreur et échappant à toute arrestation. Une attaque leur attribuée, se déroule à Bujumbura dans la nuit de vendredi 7 à samedi 8 novembre 2015, quelques heures à peine après une rencontre entre le premier vice-président burundais, Prosper Bazombanza, et le corps diplomatique, où il était chargé de leur prouver que le gouvernement a la situation sécuritaire bien en mains au Burundi. L’attaque a lieu dans le quartier de Musaga, trois kilomètres à peine au sud du centre-ville de la capitale burundaise. Ces bandits blessent deux hommes à coups de machette et pillent plusieurs maisons avant de disparaître dans la nature sans être inquiétés par les forces de l’ordre. Et la psychose est telle que dans certains quartiers de Bujumbura, les gens cotisent et engagent des gardes privés pour se protéger.

13 octobre 2015 : carnage sur l’avenue Buye au quartier 3 dans la zone Ngagara. Des témoins parlent de 10 personnes tuées par des policiers de l’API dont Christophe Nkezabahizi, cameraman de la Rtnb. L’opération commence chez un certain Dominique. Les policiers lancent une roquette pour forcer la porte métallique et tirent sur les serrures. Très abimée, la porte ne cède pas. Avant de se diriger vers le ménage suivant, ils tirent sur les vitres des fenêtres, causant des dommages dans le salon. Ils hurlent : « tuzobamara mwamihimbiri mwe, nizirimunda ziveyo. Mwabanyegeje he ! » (Nous allons tous vous exterminer même ceux qui se trouvent encore dans les ventres de leur mère. Où les avez-vous cachés ?). Arrivés chez Christophe Nkezabahizi, les policiers intiment l’ordre de sortir. Il sort le premier. Arrivé à son portail, il décline son identité. Les agents de l’API ne lui laissent pas le temps de terminer. Il reçoit une balle en pleine tête sous les yeux de sa femme, Alice Niyonzima alias Kadudu, ses deux enfants ((une fille de 17 ans et un garçon de 20 ans) et son neveu Evariste Mbonihankuye, la vingtaine). Ces derniers sont conduits à l’extérieur de la parcelle et les policiers leur ordonnent de s’agenouiller dans la rue, les bras au-dessus de la tête. Ils sont exécutés quelques minutes après.

9 décembre 2015 : cinq jeunes sont exécutés à la 15èmeavenue, numéro 101 dans le quartier Mutakura en zone Cibitoke. La police affirme que les cinq jeunes leur ont lancé une grenade mais d’autres sources sur place indiquent que la police a simulé cette attaque à la grenade dans le but de poursuivre les soi-disant criminels. Certains éléments de la police se sont mis à sillonner toutes maisons à la recherche des jeunes préalablement identifiés par le service national des renseignements. Quand ils sont arrivés à la 15ème avenue, ils ont défoncé la porte d’une maison dans laquelle était cachés cinq civils non armés (des jeunes taximan de motos selon les habitants). Ils les ont rassemblés dans la rue, leur ont ordonné de s’agenouiller et les ont tués souvent d’une seule balle dans la tête.

Matinée macabre à Nyakabiga
Une des personnes exécutées à Nyakabiga au lendemain de l’attaque de deux camps militaires par des hommes armés

11 décembre 2015 : un groupe d’hommes armés attaquent simultanément trois camps militaires de Bujumbura et le 121ème bataillon des parachutistes de Mujejuru dans la province de Bujumbura rural. Douze assaillants sont tués et 21 capturés, selon le porte-parole de l’armée, un bilan largement sous-estimé, selon d’autres sources militaires. Le lendemain, des personnes sont sommairement exécutées à Musaga et Nyakabiga, des quartiers contestataires par des policiers selon certaines sources. Le bilan officiel change et atteint 87 tués dont 8 militaires et 79 civils. Pourtant d’autres sources parlent de centaines de personnes tuées puis enterrées dans des fosses communes. Mais des zones d’ombre persistent jusqu’aujourd’hui car ces hommes armés dont le nombre n’est pas encore connu, seraient parvenus à s’introduire dans le camp Base qui abrite une brigade logistique. Ils se seraient alors servis en armes et munitions. Selon des sources concordantes, ils se sont repliés au bout de trois à quatre heures de combat et seraient parvenus à gagner les hauteurs de Bujumbura rural, où ils sont allés retrouver d’autres combattants qui y sont déjà basés. Le Parquet a mis en place une commission d’enquête sur les massacres qui ont suivi ces attaques. Elle n’a pas encore rendu son rapport.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Genocide?? retourner a l’ecole pour apprendre la definition du mot genocide. Tu es parmi les gents qui vendent un genocide imaginaire au Burundi pour avoir de quoi mettre sous la dent.

  2. Vieux démons du 1212Massacre2015

    C’est une année des massacres organisés et ciblés par le haut sommet: ça s’appelle génocide

    • John

      Dommage pour le peuple burundais. L’histoire recente du Burundi et des pays voisins ne nous a laisse aucune lecon

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