Jeudi 25 avril 2024
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Le coltan, une manne que pour certains

Économie

Le coltan, une manne que pour certains

Nickel et ses minéraux associés, or, colombo-tantalite (Coltan), wolframite, terres rares, etc., le Burundi dispose d’un potentiel minier sous-exploité. A Kabarore, province Kayanza et à Ntega province Kirundo, le coltan est roi. Depuis des années, des personnes sont attrapées avec des kilos qu’ils exportent clandestinement au Rwanda. Pourquoi ? Quid de la transparence dans la production et la vente de ce minerai ? Contribue-t-il au développement socio-économique et au bien-être de la population ? Enquête.

09/06/2023
Fabrice Manirakiza - Rénovat Ndabashinze Images : Fabrice Manirakiza - Rénovat Ndabashinze
Le coltan, une manne que pour certains
Lazare Karenzo : « 15000 BIF par 1kg de coltan est très insuffisant »

Lorsqu’on entend « Kabarore », beaucoup pensent au coltan. Cette commune de Kayanza produit la plus grande partie du coltan du Burundi. Kabarore avec son coltan devait avoir de belles maisons de campagne, une route macadamisée, l’électricité dans les ménages, etc.

Jeudi 11 mai 2023, nous découvrons la « ville » du coltan. Il fait un peu frais au chef-lieu de la province, à Kayanza. Pour atteindre Kabarore, on emprunte la route menant vers l’Akanyaru. A une dizaine de km, on bifurque, vers Kabarore. Et là, c’est le désenchantement. La route menant vers le chef-lieu communal est difficilement praticable en saison pluvieuse. En terre battue, elle est pleine de trous, glissante. On traverse des ponts étroits et faits en bois.

Sidérés, en cours de route, nous taquinons un passant : « On pensait que la route est goudronnée avec les tonnes de coltan et de cassitérite. » Avec un petit sourire, il répond : « C’est ce que tout le monde pense, mais voilà la vérité. »

Difficilement, on arrive enfin au bureau communal. C’est à 15 km du chef-lieu provincial. L’endroit ne paie pas également de mine. C’est un petit village avec des maisons en tôles dominées par des bananiers. Un sol caillouteux. Dans les champs environnants, la récolte de haricot s’annonce bonne. Dans ce « centre », les boutiques, les restaurants, les bars sont rares, presque inexistants. C’est le calme plat.

Les bureaux de la commune Kabarore construits en matériaux durables n’ont pas connu un coup de peinture depuis belle lurette.
De là, on prend la direction vers le site minier, dit Kivuvu. C’est à plus de 10 km. C’est sur cette colline qu’une société extrait le coltan et la cassitérite.

En chemin, on voit des cultures verdoyantes. C’est le moment de la récolte du café. Sur les quelques centres de négoce, les gens partagent un vin de banane (Urwarwa). Ils semblent heureux.

La route qui mène vers le site minier, très étroite, est aussi en terre battue. La zone est vallonnée. On descend. On remonte. Le chauffeur doit rester prudent pour ne pas se retrouver au fond de la vallée. On croise les doigts.

A l’entrée de ce site, une grande pancarte. C’est écrit COMEBU (Comptoirs miniers des exploitations du Burundi). Des militaires burundais sont présents. Des agents de sécurité surveillent tout nouveau venu. Pressés d’accéder sur le site, nous sommes interceptés. On se présente. « Des journalistes ? », murmurent-ils entre eux. Apparemment nous ne sommes pas les bienvenus, car ils nous interdisent de continuer. « Il faut attendre ici. On informe le chef », nous recommande un d’entre eux. « Pas question de prendre des photos. Il faut attendre », nous avertit-il. Certaines machines sont au repos, d’autres en train d’être réparées. De loin, on attend des moteurs des machines, des bulldozers. De là, on peut contempler facilement les collines rwandaises. Le site se trouve sur la frontière burundo-rwandaise. « Rien ne sépare les deux pays. Nous traversons comme on veut », confie un homme rencontré sur place.

Après quelques minutes d’attente, nous sommes autorisés à entrer dans ce site. On doit enjamber de gros tuyaux qui l’alimentent en eau.
De grosses machines sont à l’œuvre. Elles sont en train de terrasser, elles retournent la terre à la recherche de ce minerai rare. C’est la technique dite « d’exploitation à ciel ouvert » qui est utilisée à ce site. Plusieurs grands cratères sont visibles. Une menace pour les habitations environnantes. Certaines sont sur le point de s’écrouler.

Au fond du cratère, les mineurs s’activent. Ils sont équipés de pioches, de pelles, etc. Certains portent des casques. Ils sont pieds nus et n’ont aucun matériel de protection, ni gants, ni masques.

Ce jour-là, ils avaient trouvé un filon de coltan. C’était la joie pour les employés de la COMEBU.

Le calvaire malgré cette manne

Sur ce site, des centaines de mineurs sont engagés. Parmi eux, Lazare Karenzo, la quarantaine. Il raconte qu’avec ce travail il arrive à payer le minerval pour ses enfants et satisfaire d’autres besoins familiaux de base. Néanmoins, il indique qu’avec la hausse des prix des produits alimentaires, son « salaire » reste maigre. « Aujourd’hui, 1kg de haricot est à 4000 BIF, 1kg de farine à 3000BIF. Si tu as une famille de sept personnes, ça devient très difficile de les nourrir. »

D’après lui, les 15 000 BIF que les mineurs encaissent pour 1kg de coltan c’est peu. Et de plaider : « Si c’est possible, il faut que nos employeurs revoient à la hausse ce salaire. C’est très minime vu les besoins de nos familles ».
Interrogé sur la somme qu’il peut gagner par semaine, le mineur trouve « difficile de faire ce calcul parce que la production n’est pas régulière ».
D’ailleurs les mineurs préfèrent ne pas signer de contrat, ce qui leur permet de se déplacer d’un gisement à l’autre sans trop d’exigence. « Si la production n’est pas bonne ici, je quitte pour un autre endroit. »

Sur « la fraude du coltan vers le Rwanda » que certains évoquent, le mineur semble gêné. Pour lui, ce sont des mineurs clandestins qui font ce commerce illicite : « Ici, la production est bien contrôlée. Impossible de sortir sans être fouillé ».
Il botte en touche sur le prix de 1kg de coltan vendu au Rwanda : « Moi je ne sais pas, car je ne fais pas partie de ces fraudeurs. Il faut adresser cette question à ces voleurs. »

Dans cette commune, des témoignages recueillis sur place font état de plusieurs artisans miniers qui travaillent clandestinement. I.B indique que les techniques d’exploitation sont rudimentaires. L’exploitation du minerai se fait à l’aide de pioches et barres à mine. Les méthodes de concentration sont également archaïques, élaborées avec des moyens de fortune : concassage et broyage manuel du minerai, débourbage dans des bacs à eau ou dans des trous aménagés à cet effet, concentration gravimétrique dans des bassins.

Les gens acceptent de prendre des risques, car ils ne peuvent pas faire autrement. « Kwinjira mu kirombwe kwangangiza Intare aho yiryamiye (en un mot, entrer dans les puits), ce n’est plus de mon âge. Ça peut t’engloutir d’un moment à l’autre et ce qui reste à ta famille, ce sont les pleurs », raconte, Sebitama de Kivuvu, la cinquantaine.

En parlant des mineurs artisanaux, il confirme qu’ils s’engouffrent dans les trous comme des taupes. « Lorsque j’étais mineur, nous pouvions faire un kilomètre à l’intérieur de la terre. Tu dois suivre le filon. »
Son ami Habiyaremye, un cultivateur, renchérit : « Parfois, la mine peut s’effondrer et les gens sont bloqués à l’intérieur. Des accidents arrivent tout le temps. Pour les coopératives, c’est encore pire. Ceux qui veulent être riches en un court laps de temps se bercent d’illusions. »
Quid des indemnisations en cas d’accident ? Habiyaremye n’y va pas par quatre chemins : « Une famille qui n’a pas de gens instruits ne reçoit rien. Ses proches suivent le dossier, mais les gens comme moi, ils sont taxés de bandits de grains (coltan). En posant des questions pour ton frère ou ton cousin, tu es emprisonné. »

D’après lui, ce sont les employeurs, les « boss » qui profitent du coltan : « Certains mineurs deviennent plus ou moins riches, d’autres meurent sans un sou. Il faut jouer de la chance. Ce sont les boss qui s’enrichissent. J’ai été mineur depuis l’école primaire. Qu’est-ce que j’ai aujourd’hui ? Rien. J’ai pu construire ma maison, mais grâce à l’agriculture. »

Au temps de la guerre, indique Onesphore de la colline Kivuvu, les mineurs pouvaient avoir 120 mille BIF par kilo à Kayanza. « Au Rwanda, tu pouvais avoir plus de 300 millions de BIF, car la population pouvait vendre au Rwanda sans problèmes. Lorsque l’Etat est venu prendre en main le secteur minier, le prix a chuté. »

A Kabarore, beaucoup de personnes déplorent que depuis que le coltan est extrait, leur vie ne se soit pas améliorée. « Regardez cette route. Ils ont failli à leur mission. Ce sont des prédateurs. Il faut l’intervention du président de la République », déplore une maman, la quarantaine, habitante du chef-lieu de la commune de Kabarore.

« Regardez les bureaux de notre commune, notre centre de santé, ils laissent à désirer », renchérit Annonciate. « Ils ont gagné des milliards et des milliards, mais nous, nous restons dans un dénouement total. Nous n’avons rien. Ils ont des étages à Kayanza, à Bujumbura et à l’étranger. Ils roulent dans de belles voitures. A Kabarore, qu’avons-nous ? », s’interroge Patrice.

Selon lui, seul le président de la République peut leur venir en aide. « L’administration locale ne peut rien faire, car elle est complice de cette escroquerie. Lorsque tu deviens un administratif dans cette commune, c’est le jackpot. Notre salut viendra, peut-être, de Neva. »

D’après Sebitama, avec le coltan de Kabarore, l’Etat pourrait les nourrir à la maison comme des lapins. « Si l’Etat pouvait lui-même extraire les minerais sans donner des permissions à des sociétés, il peut nous donner gratuitement des vaches et des chèvres et nous donner à manger sans rien payer pendant toute notre vie. Nous avons tout. Le Burundi n’est pas pauvre. »

A Kivuvu, les habitants signalent que les éboulements (ibisuguru dans le langage des mineurs) menacent beaucoup les habitations et d’autres infrastructures. « Des maisons sont sur le point de s’affaisser à cause de l’extraction du coltan sur la colline Kivuvu. Aujourd’hui, il y a une église qui est sur le point de s’effondrer. Elle va être délocalisée. »

D’après les informations recueillies sur place, la société COMEBU est en train de leur acheter leurs parcelles. Ils utilisent deux options : leur construire une maison semblable ailleurs ou leur donner de l’argent.

Et le rôle des administratifs à la base ? « Ils brillent par leur absence. Je ne sais pas s’ils sont corrompus, mais les citoyens ne gagnent rien avec ce coltan. On raconte que les routes et des ponts sont en train d’être construits, mais ce sont des mensonges », déplore un habitant de cette localité.


A qui profite le coltan de Kabarore ?

Président Evariste Ndayishimiye : « Ces trous que je vois à Kabarore, les auteurs sont ici. Vous avez vendu ces trésors, où est l’argent ? »

La population pointe du doigt un surnommé Amstel et Vincent Ndagijimana. « Nous avons de gros magnats ici à Kabarore. Un certain Amstel et Vincent Ndagijimana. Je ne peux pas affirmer qu’ils vendent du coltan au Rwanda. C’est difficile d’avoir des preuves », raconte Jean Paul. D’après les informations recueillies, ils sont parmi les propriétaires de la société COMEBU.

Et ces témoignages corroborent les déclarations du président de la République, fin 2022. Samedi 3 décembre 2022, à Kayanza, lors de l’ouverture du nouveau bureau provincial, le président de la République Evariste Ndayishimiye n’avait pas mâché ses mots : « Tout ce que vous faites, Dieu vous observe. Quand tu voles, sache qu’il te voit. Tout ce que tu fais, il est là. Un jour, il va te gifler sérieusement. Et là, tu vas te demander ce que tu as fait sur cette terre pour mériter une telle punition. Tout ce que vous faites en cachette ne lui échappe pas. »

Rappelant que Dieu est omniprésent, il était revenu sur le coltan de Kabarore : « Moi, je suis parti à Kabarore. J’ai vu les trous où vous avez extrait des minerais. »

Le président Ndayishimiye s’était interrogé : « Ces minerais, ces trous que je vois à Kabarore, les auteurs sont ici. Vous avez vendu ces trésors, où est l’argent ? Vous avez tout apporté aux riches. Où se trouve cet argent ? »

Certains présumés auteurs sont même connus par le président de la République qui avait pointé un certain Mayondori : « Eeeh ! Mayondori est en train de fixer le sol. Mayondori où est-ce que vous avez mis cet argent ? Je vois des trous, mais je ne trouve pas de l’argent. Où l’avez-vous mis ? »

Pour le président, les auteurs d’une telle situation étaient bêtes : « Être bêtes jusqu’à voler le trésor du pays pour le confier aux étrangers ? C’est honteux. Imaginez cette bêtise ? Expliquez-moi ces trous de Kabarore. Amstel, où sont partis ces minerais ? Amstel, toi aussi, tu es là, je te connais et je te vois. Dis-moi où est parti l’argent. »

« Mayondori », c’est le surnom de François Uwiragiye un investisseur dans le secteur minier.

Et il les avait même prévenus : « Un jour, je vais vous convoquer tous pour me dire où est parti cet argent. Parce que je ne comprends rien. Exploiter des minerais et apporter aux étrangers pour s’enrichir de plus, c’est bête. Et tu reviens te lamenter dans les bars en disant : comment allons-nous sortir de cette pauvreté alors que tu es en train de dévorer des brochettes. »

Le président avait accusé ces investisseurs de distraire la population pour qu’elle ne découvre pas les voleurs de leur richesse : « Désormais, on va interroger tous ceux qui détournent la richesse du pays. »

D’après lui, si on parvenait à rassembler l’argent venu des minerais de Kabarore, le Burundi ne serait pas pauvre, il ne pourrait plus manquer de carburant, des médicaments, de bonnes routes. « Ces montants pourraient construire une route reliant Bujumbura à Kabarore. »

A Ntega, deux versions coexistent
Vue partielle du chef-lieu communal de Ntega

Alors que l’administration communale et une partie de la population affirment que les exploitations minières sont suspendues, d’autres sources sur place indiquent que certaines personnes poursuivent leurs activités. Mais, dans la clandestinité.

« Pour le moment, les activités d’extraction des minerais sont arrêtées. Toutefois, certaines personnes passent outre cette décision. Parfois, les autorités le découvrent et les gens sont arrêtés mais la plupart du temps, ils le font au grand jour sans être inquiétés », confie N.B, un ancien mineur. Il affirme que ces minerais extraits à savoir le coltan, cassitérite et wolframite et sont vendus frauduleusement. Selon lui, les exploitations se font sur les collines Gisitwe, Rushubije et Runyankezi. « Ces mineurs sont de simples paysans mais ils sont envoyés par des hommes riches. Lorsqu’ils sont attrapés, ils ne sont pas inquiétés. Des Imbonerakure envoyés par le chef de colline leur donnent une fessée mais c’est un camouflage de cette exploitation illégale. »

Et d’ajouter : « Normalement, les Imbonerakure protègent cette extraction illégale suivant la force du boss qui est derrière. Certains administratifs et des grands commerçants cherchent l’argent dans le coltan car c’est rentable. Les policiers veillent mais l’extraction continue. » Notre source refuse de dévoiler les noms : « Je ne veux pas avoir des ennuis. On peut se faire tuer pour ça. »

D’après P.M, un autre mineur, lorsqu’on décide d’aller extraire le coltan, on n ‘est pas sûr que la chance va vous sourire. « On peut passer trois jours sans rien trouver et avoir 3 kg le lendemain. Lorsque je travaillais dans une société avant la venue de Ntega Mining, un jour, nous avons extrait 700 kg de coltan. Par mois, on pouvait vendre 2 ou 3 tonnes de coltan. Ce sont nos boss qui savaient où vendre la production. »

Rukundo, un autre ancien mineur raconte : « Vous savez, ici à Ntega, l’Akanyaru a débordé mais les Rwandais ne peuvent dormir sans manger. La patate douce passe la frontière. Ils ont une astuce d’attacher un ou deux kilos sur la corde est le tour est joué. Les Burundais et Rwandais s’envoient comme ça les marchandises car ils sont des parents, des frères et sœurs et des beaux-frères. »

D’après lui, le coltan passe la frontière de la même manière. « Nous partageons tout. Lorsque j’étais mineur, on volait le coltan sur le chantier et on vendait le kilo à 60 mille BIF à un négociant ambulant et ce dernier le vendait à 120 mille BIF. La contrebande se fait tous les jours. Aujourd’hui où je vous parle, avec 100 Franc rwandais, on te donne 350 BIF, vous voyez qu’il n’y a pas photo. »

Edouard de la colline Ntega renchérit : « Même des cadres natifs de la province Makamba qui viennent travailler à Kirundo, ils préfèrent donner des pots-de-vin pour être placés à la frontière. Ils se bousculent à cause du coltan. Celui qui arrive à Ntega ne veut plus partir. »

Et de poursuivre : « Même s’ils ne sont pas corrompus par des Burundais, les Rwandais s’arrangent pour avoir les numéros de téléphone des cadres burundais. Ils leur disent qu’ils ont « un garçon » à eux et qu’il faut faciliter son passage à la frontière au moins deux jours par semaine. Peu de cadres résistent à cette tentation. »

D’après lui, la porosité de la frontière burundo-rwandaise facilite cette fraude : « Nous sommes 19h30, si je décide de faire passer quelque chose, je peux le faire facilement car je suis de Ntega. Même le coltan. »

Il indique que plusieurs stratégies sont utilisées : « Les habitants de Ntega exercent plusieurs activités sur la frontière. Certains y vont pour labourer leurs champs, d’autres y vont pour chercher de l’herbe pour leur bétail. Les fraudeurs profitent de cette situation. C’est difficile de les différencier et la frontière est immense. Ils ont beaucoup d’astuces.»

Un contrôle du côté du Rwanda ? « Arrêtez ! C’est une aubaine pour eux. Ils achètent le coltan au vu et su de tout le monde. C’est difficile à comprendre. Comment peux-tu faire de la fraude sous les yeux des autorités administratives et policières. C’est qu’il y a une complicité. »

« Pas d’exploitation minière en cours … »

Pierre-Claver Mbazabugabo : « Depuis que le gouvernement a décidé de suspendre les contrats, ici, il n’y a pas d’activités d’exploitation minière en cours dans notre commune »

« Avant notre arrivée, on exploitait des minerais ici à Ntega. Il y avait même une coopérative dénommée Ntega Mining. Mais, depuis que le gouvernement a décidé de suspendre les contrats, ici, il n’y a pas d’exploitation minière en cours dans notre commune », réagit Pierre-Claver Mbanzabugabo, administrateur communal de Ntega. Il pense que les négociations sont en cours pour la reprise du travail.

Il signale d’ailleurs que dernièrement, des agents de l’OBM y ont effectué une visite pour constater si réellement les exploitations minières sont suspendues :« Ils nous ont informé que les coopératives minières attendent des nouveaux contrats. »

D’après lui, pour le moment, les anciennes et les nouvelles coopératives sont en train de chercher les documents exigés pour ce travail.

Interrogé sur la fraude des minerais vers le Rwanda, il indique que depuis qu’il est à la tête de cette commune, aucun cas n’a été attrapé : « Cela se dit mais nous n’avons pas encore attrapé de fraudeurs. »

Même les quelques quantités attrapées dans une maison de Ntega n’étaient pas originaires de sa commune. « C’était venu de Marangara. Et cette quantité a été donnée à la police. Les gens de l’OBM sont venus et le propriétaire a expliqué que c’était juste un stockage et que ce n’était pas destiné à être vendu au Rwanda. »

M.Mbanzabugabo précise que l’exploitant avait même des documents qui l’autorisent à faire ce travail. Cependant, il reconnaît qu’il est difficile de traquer les fraudeurs : « Notre frontière est poreuse. Mais, je dois dire que la fraude est très mauvaise. Ceux qui le font ne sont pas des patriotes. »

Pourquoi cette exportation vers le Rwanda ?
Jonas Nsabimana : « Nous, nous faisons confiance à l’OBM et nous pensons qu’ils ont des techniques pour déterminer la production réelle. Mais, les doutes ne peuvent pas manquer »

D’après les mineurs, ils gagnent beaucoup d’argent en exportant clandestinement le coltan vers le Rwanda. Au Burundi, ils ne ramassent que des miettes. Des mineurs ont été arrêtés avec des kilos de coltan dans les communes Kabarore et Ntega.

« Quand tu parviens à vendre un kilogramme de coltan au Rwanda, tu peux gagner jusqu’à 120 mille BIF par kg alors qu’au Burundi, on ne nous donne que 15 mille BIF. Vous comprenez que c’est très différent », confie un mineur de Kabarore.

Il reconnaît les risques, mais indique néanmoins que « c’est plus rentable pour ceux qui ont la chance de passer inaperçus. » L’homme dit que ceux qui sont souvent attrapés sont des petits poissons : les intermédiaires. « Les commissionnaires sont là et ne sont pas inquiets », dénonce-t-il.

De son côté, Kabura, un autre habitant de Kabarore explique que les fraudeurs préfèrent prendre ce risque vers le Rwanda pour gagner beaucoup d’argent.

Selon lui, les mineurs sont frustrés. « Ils sont payés des miettes alors que les sociétés et coopératives engrangent des sommes énormes. C’est normal qu’ils s’adonnent à la fraude. »

Lui aussi estime que ceux qui sont souvent attrapés avec du coltan sur la frontière rwandaise ne sont pas les vrais propriétaires du minerai : « Ce sont des mules. Les vrais auteurs sont des commerçants et certains administratifs. »

Pour Dr Prudence Bararunyeretse, enseignant et chercheur à l’Université du Burundi, il y’ a d’abord cette facilité de transport. « Kayanza c’est très proche de la frontière burundo-rwandaise. De Kabarore, on saute directement au Rwanda. Les fraudeurs ne font pas beaucoup de distance. » Il évoque aussi la différence au niveau des paiements. « En fait, c’est comme le café et d’autres biens. L’homme d’affaires cherche toujours à maximiser les profits. »

D’après M.Bararunyeretse, cela est aussi lié à la fluctuation monétaire. « Lorsque notre monnaie perd de valeur, les gens vont chercher un plus ailleurs. » Aussi, d’après lui, en vendant clandestinement le coltan au Rwanda, ces fraudeurs ne paient pas de taxes.

Pour lui, « cette pratique n’est pas patriotique et elle est à décourager », souligne-t-il. Il rappelle qu’avant d’avoir une permission, les exploitants miniers doivent s’engager à déclarer toute la production et la vendre par des voies établies et bien connues.

« Est voleur celui qui est pris la main dans le sac »

« Il y a des gens malintentionnés qui n’aiment pas le pays. Ils volent le coltan vers le Rwanda. Mais, cela n’arrive pas souvent parce que les comités mixtes de sécurité sont à l’œuvre et essayent de décourager cela », rassure Josias Nsabimana, conseiller principal de l’administrateur de Kabarore. Il apprécie d’ailleurs le travail abattu par ces comités mixtes de sécurité.

D’après lui, avant l’arrivée de la société COMEBU et d’autres qui exploitaient légalement les minerais dans cette commune, les gens avaient l’habitude de vendre du coltan au Rwanda : « C’est là qu’il y avait un marché. Presque toute la production était vendue là. Et malheureusement, il y en a qui n’ont pas encore changé de comportement. »

Cet administratif pense en outre que ces Burundais sont attirés par la valeur supérieure de la monnaie rwandaise par rapport au Francs burundais. Quand ces fraudeurs sont attrapés, mentionne-t-il, leurs dossiers sont vite soumis à la justice et ils sont emprisonnés.

Au moment où nos sources à Kabarore disent que seuls les petits fraudeurs sont arrêtés et les gros commissionnaires dans ce commerce ne sont pas inquiets, M. Nsabimana dément : « C’est un mensonge. Et en kirundi, on dit ‘’Igisuma n’igifashwe ‘’ (Est voleur celui qui est pris la main dans le sac). Il y en a même qui cherchent à ternir l’image des autres, mais ce sont des mensonges. »

Il indique que 1 kg de coltan est payé à 15 mille BIF. Côté Rwanda, il dit ne pas être au courant des prix.

Interrogé sur le nombre des fraudeurs déjà attrapés, il dit « ne pas disposer de données. »

Existe-il un organe communal de suivi ? « Non. Il y a seulement OBM », répond M. Nsabimana, ajoutant que même ces agents de l’OMB ne sont pas omniprésents sur ces sites d’exploitation. Et pour collecter la taxe communale, il explique que les percepteurs ne se contentent que des rapports produits par les coopératives ou associations extractives : « Nous, nous faisons confiance à l’OBM et nous pensons qu’ils ont des techniques pour déterminer la production réelle. Mais, les doutes ne peuvent pas manquer. »

Dans cette commune très riche en minerais, Jonas Nsabimana signale que deux principales sociétés font l’exploitation : TAMINCO, devenu COMEBU et CDP.
Il affirme que ces minerais, le coltan et la cassitérite ont une grande importance pour la commune et sa population : « La commune perçoit des taxes à hauteur de 300 BIF par 1kg de coltan. Et de leur côté, la population est embauchée comme orpailleur. Tout le monde peut tenter sa chance parce qu’on n’exige pas de diplômes. Seuls les moins de 18 ans sont exclus. »

Chiffres à l’appui, il indique que par année, COMEBU peut avoir 50 mille kg de coltan. « Avec cette production, la commune encaisse environ 15 millions BIF tandis que CDP, dans trois mois, peut payer environ 7 millions BIF par trimestre. »

Par ailleurs, ces sociétés contribuent dans les travaux de développement de la commune tels que la construction ou la réhabilitation des écoles, l’entretien des routes, la construction des ponts, etc.

Sur les plaintes des orpailleurs concernant les retards constatés dans l’indemnisation en cas d’accidents, l’administratif défend ces sociétés : « Dans toutes les assurances, l’indemnisation prend du temps. Et quand les concernés constatent que cela tarde, ils commencent à raconter des histoires, etc. Mais, nous recevons souvent des rapports sur des cas d’indemnisations. »

Alors que certaines sources à Kabarore disent qu’en cas d’accidents, la famille de la victime est presque délaissée, M.Nsengiyumva défend sa cathédrale : « Notre société est assurée. Quand un ouvrier a un accident, la première chose à faire, nous informons notre société d’assurance qui est BICOR. Et puis, nous aidons les descendants de la victime pour compléter le dossier à déposer chez BICOR. Et après, on les met en contact avec BICOR qui se charge de l’indemnisation. »

Comme le processus peut être long, il dit que la société COMEBU a prévu une assistance pour la famille éprouvée : « On se charge des funérailles. Toutes les dépenses sont supportées par notre société. Et durant six mois, la société donne à la famille une enveloppe de 60 000 mille BIF par mois. »

D’après lui, souvent cette période se termine alors que l’assurance a déjà versé l’indemnisation.


« Les mineurs ont un problème de gestion »

Jean Bosco Nsengiyumva : « Dans une période de deux ou trois mois, nous espérons que nous aurons déjà commencé le traitement des minerais sur place. Et cela permettra d’augmenter la production sans trop dépenser »

Rencontré sur place, à Kivuvu, Jean Bosco Nsengiyumva, directeur des opérations au sein de la COMEBU, estime que les mineurs peuvent aussi devenir riches :« Ils pensent que les ressources ne vont pas s’épuiser, qu’ils auront toujours des minerais. En cas de forte production, un journalier peut gagner entre 150 mille BIF et 200 mille BIF par semaine. Ce qui signifie qu’il peut avoir 800 mille BIF par mois. »

Malheureusement, déplore-t-il, ils ont un problème de gestion : « Ils gaspillent cet argent dans les fêtes, dans les boissons, etc . »

Il affirme que certains mineurs, bons gestionnaires sont devenus riches, ont amélioré leur niveau de vie et le bien-être familial. « Nous leur conseillons de penser à l’avenir parce qu’on ne sait pas si les minerais seront toujours là », glisse-t-il.

Sur ce site, Jean Bosco Nsengiyumva fait savoir qu’en pleine activité, l’effectif des travailleurs se situe entre 700 et 800 personnes : des mineurs, des agents de sécurité et le staff administratif.

La COMEBU emploie aussi plus de 40 femmes : « Leurs tâches sont entre autres l’approvisionnement en eau potable pour les travailleurs, l’hygiène, elles travaillent aussi comme main-d’œuvre au chantier de construction de l’unité de traitement. »

Mais les effectifs ne sont pas réguliers. « Les mineurs sont aussi des agriculteurs. Leur nombre varie selon les saisons ou selon que c’est la période des travaux champêtres ou pas. Ils peuvent aussi migrer d’un site d’exploitation minière à un autre. »

Deux catégories de travailleurs existent là : des contractuels et des journaliers (mineurs). D’après lui, ces derniers n’aiment pas signer des contrats : « Si on signe un contrat, avant de le rompre, il y a une période de préavis. Eux veulent la liberté de bouger quand la production baisse sur un site, ils partent travailler pour une autre société. Or, s’ils signent un contrat, ils sont obligés d’attendre jusqu’à la fin du préavis. »

Les journaliers reçoivent 15 mille BIF par 1kg. Les contractuels sont payés mensuellement et disposent de comptes bancaires : « Ils sont aussi logés et nourris ici même. »

Quid du contrôle de la production ?

C’est parmi les contractuels que la COMEBU a choisi des agents chargés de la sécurité des travailleurs et de la production : « Tous ces employés ont une seule voie pour entrer ou sortir. A l’entrée, il y a une fouille systématique pour vérifier si le mineur ne cache rien en partant », précise M. Nsengiyumva.

Si un mineur est attrapé avec du minerai, une équipe administrative se charge de la suite. « Ils savent qu’il est interdit de tenter de voler du coltan. Toute la production doit être canalisée vers le stock. »

Interrogé sur cette fraude du coltan vers le Rwanda, il indique d’abord que lors de ces contrôles, un ou deux mineurs peuvent passer inaperçus et rentrer avec du coltan. Il évoque aussi les cas des exploitants clandestins qui creusent pendant la nuit.

D’après lui, ce sont ces gens qui vendent clandestinement du coltan au Rwanda. « Certains ont été attrapés et emprisonnés. »
D’après M. Nsengiyumva tout est fait pour décourager ceux qui volent la production : « Car, vendre des minerais de façon frauduleuse fait perdre beaucoup d’argent au pays et aux exploitants légaux. »

La production déclarée est-elle réelle ?

M. Nsengiyumva explique que des forces de l’ordre et de sécurité sont présentes sur place. « Vous constatez que nous sommes à la frontière. Ils sont aussi chargés de traquer les fraudeurs. »

Il rappelle aussi que les employés du ministère de l’Energie et des Mines qui surveillent si la production est conservée dans un endroit connu : « Ce sont des agents de l’OBM et ils viennent ici souvent pour voir notre production et l’emballer. Ils viennent chaque fois de besoin au moins une fois toutes les deux semaines. »

D’après lui, si les machines ne sont pas tombées en panne et qu’il n’ y a pas eu des éboulements, sur ce site la production hebdomadaire varie entre 800 kg et 1300 kg de coltan.

Il précise que la COMEBU utilise la technique appelée ‘’exploitation à ciel ouvert’’. « On n’a pas besoin d’entrer dans des puits comme cela se fait ailleurs. Nos ouvriers travaillent en plein air. Ce qui limite les cas d’accidents, d’éboulements. Même si c’est couteux, cela nous aide à protéger la vie de nos ouvriers », explique-t-il.

Pour être plus rentable, la COMEBU veut quitter le semi-industriel vers l’exploitation industrielle. « Aujourd’hui, nous avons un projet de construire une unité de traitement des minerais. Pour le moment, on est à l’étape d’essayage des équipements pour voir s’ils ont été bien installés. Dans deux ou trois mois, nous espérons que nous aurons déjà commencé le traitement des minerais sur place. Et cela permettra d’augmenter la production sans trop dépenser. »

Avec la technique actuelle, il indique que le taux de récupération de la production se situe entre 60 et 65 %. « Mais, avec cette unité de traitement, nous aurons un taux de récupération qui avoisine 100% », espère-t-il, déplorant néanmoins que même s’ils ont pu amener de l’électricité dans cette zone, il y a des sites qui ne sont pas encore éclairés : « Nous demandons à la Regideso de faire le raccordement jusqu’ici. »

Contribution au développement communautaire

« Nous faisons l’entretien des routes. Nous utilisons nos camions pour mettre les carrières dans les routes. Et notre société a aussi aidé pour cette zone dans laquelle on travaille, soit alimenté en électricité », énumère M. Nsengiyumva.

A côté de ces actions, il avance le fait de donner du travail aux natifs de Kabarore, même ceux venus d’ailleurs, de contribuer dans la construction des écoles, du commissariat communal, du bureau provincial de Kayanza, du stade Gatwaro, de l’hôpital Kayanza, etc. Et chaque kilogramme, il signale que la société paie à la commune 300 BIF.

Face aux lamentations de ceux qui voient leurs maisons s’écrouler ou menacées d’écroulement, M. Nsengiyumva dit que leur société donne des indemnisations. « Nous ne pouvons pas travailler dans une propriété sans nous entendre avec le propriétaire sur les modalités d’indemnisation. Et on le fait en présence des administratifs. » Il signale que certains demandent la reconstruction de leurs maisons ailleurs tandis que d’autres préfèrent vendre totalement la propriété.

Il mentionne d’ailleurs que la protection de l’environnement leur tient à cœur : « Au moins 5000 arbres sont plantés chaque année et nous avons une pépinière de 30 mille plants.

La transparence dans le secteur minier, un casse-tête
Gabriel Rufyiri : « Le secteur est en débandade. Il faut une volonté politique et des hommes qu’il faut à la place qu’il faut »

La question de la transparence reste problématique dans la gestion du secteur minier au Burundi. Le rapatriement des devises issues de la vente des minerais pose également problème. Le président de l’Olucome, Gabriel Rufyiri déplore le fait que le Burundi refuse d’adhérer à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).

D’après Gabriel Rufyiri, le gouvernement a essayé d’encadrer ce secteur à travers le Code minier et la politique minière mais, indique-t-il, on remarque que dans la plupart des cas, il manque de la technicité pour que réellement le secteur minier puisse générer des dividendes à la hauteur des richesses minières dont nous disposons. « Il y a des institutions internationales qui met en place des normes sur lesquelles les pays qui commercialisent les minerais doivent être cotés. La CIRGL a mis en place six outils qui sont là pour gérer les minerais dans le but de renforcer la surveillance depuis l’extraction jusqu’à l’utilisation des moyens. » Selon le président de l’Olucome, il y a la traçabilité minière qu’on appelle étiquetage pour réellement identifier de quel pays viennent ces minerais.

« Par exemple en 2018, le rapport des Nations unies montre que le Burundi a vendu à l’extérieur 2 tonnes d’or. Mais si vous regardez dans le budget général de l’Etat, c’est presque zéro. » Et de se poser la question : « Cet argent profite à qui ? Ça ne m’étonne pas. Souvenez-vous, que ça soit pour le gouvernement Nkurunziza et même maintenant, c’est la même chose. »

Selon Gabriel Rufyiri, le gouvernement dénonce qu’il y a une vente des minerais mais que les devises ne sont pas rapatriées. « C’est problématique. » Il indique que ce qui se passe dans le secteur aurifère, c’est la même chose pour la cassitérite, le coltan, … « Ce secteur profite à quelques individus qui, malheureusement, s’enrichissent au dos des citoyens. Imaginez, il y a des pays limitrophes qui parviennent même à installer des comptoirs à la frontière du Burundi. Il y a un problème. »

Quid de l’ITIE ?

Gabriel Rufyiri trouve que les retombées du secteur minier qu’on mentionne dans le budget général de l’Etat sont très minimes. « Il doit y avoir de la gouvernance minière. Il y a des institutions spécialisées pour ça. Il y a les 6 outils de la CIRGL. Il y a un autre outil qui est l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Le Burundi a refusé d’y adhérer. Il a tenté mais comme il y a des fortes exigences, cela fait 15 ans que ce dossier traîne. »

Le gouvernement se plaint tout le temps qu’il n’y a pas de rapatriement des devises. « Il y a plusieurs facteurs qui expliquent cet état de choses. Le secteur est en débandade. Il faut une volonté politique et des hommes qu’il faut à la place qu’il faut ».

D’après les données de la BRB, en 2017, le Burundi comptait collecter de la vente des minerais 44.957.519 dollars américains rapatriés. Malheureusement, il n’a reçu que 15.957.288 dollars américains. Selon la BRB, en 2018, jusqu’en septembre, les entrées du secteur minier étaient de 13.164.172,62 dollars américains sur une prévision de 33.474.813 dollars américains.

ECLAIRAGE | Paul Ndarihonyoye : « Les sociétés ou les coopératives minières ne peuvent pas faire des fausses déclarations »

Rapatriement des devises, suivi de la production, fraude des minerais, etc., Paul Ndarihonyoye, directeur des opérations à l’Office burundais des mines et carrières (OBM) explique.

Comment l’OBM travaille avec les coopératives et les sociétés minières ? Quel est le processus de contrôle ?

L’OBM a comme mission principale le contrôle et le suivi des activités géologiques, minières, des carrières et des hydrocarbures ainsi que l’appui à la collecte et au recouvrement des recettes. Il fait la promotion des activités des coopératives et contribue au renforcement des activités de ces dernières. Il accompagne les coopératives et sociétés minières pour l’obtention des autorisations mais aussi pour l’encadrement technique et administratives afin d’avoir la production à commercialiser.

S’agissant du processus de contrôle, l’OBM dispose des services au niveau de l’administration centrale mais aussi des antennes régionales. Ce sont ces dernières qui suivent au quotidien les activités de l’OBM mais on y participe souvent avec des missions pour les appuyer dans l’encadrement, l’inspection et la formalisation des activités de ces secteurs notamment en procédant à des réunions et des ateliers envers les opérateurs mais aussi envers l’administration.

Les sociétés ou coopératives ne peuvent-elles pas déclarer des quantités contraires à la réalité ?

Les sociétés ou les coopératives minières ne peuvent pas faire des fausses déclarations parce qu’il y a le Code minier en vigueur qui sanctionne sérieusement ceux qui le font. On essaie d’impliquer l’administration et les forces de l’ordre afin de nous épauler pour lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles. Par conséquent, on est en train de voir comment renforcer la traçabilité de la production.

Pour les minerais, on a déjà adhéré à la norme régionale pour les pays de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). On essaie de tracer les minerais et s’il y a quelqu’un qui fraude, on peut faire des investigations et une fois identifié, il est puni.

Des sociétés ou coopératives déjà sanctionnées ?

Des coopératives, oui. En faisant des contrôles intermittents, on trouve que la production étiquetée n’a pas été vendue. Et si on trouve que c’est frauduleux, on les sanctionne. C’est le cas d’un certain Dubaï qui est pour le moment incarcéré à la prison de Ngozi. On a étiqueté les minerais mais au lieu de les vendre dans la légalité, on l’a attrapé en train de les vendre frauduleusement.

Comment se fait la traçabilité des minerais ?

La traçabilité est faite en se conformant aux normes de la CIRGL en suivant le Protocole sur les ressources naturelles. Il y a un outil relatif au mécanisme régional de certification des minerais où on parle de traçabilité. Par traçabilité, il faut entendre l’acceptation des sites miniers qui requiert de l’exploitation minière. Pour tracer les minerais, il faut d’abord encadrer le site pour voir si ce site et la coopérative qui y exerce les activités répondent aux normes requises. Après l’encadrement, on procède à l’inspection point par point et par après, on cote le site. Les minerais tracés émanent des sites cotés vert ou jaune.

S’il y a la production, on va procéder à l’étiquetage. Aujourd’hui, il y a une amélioration. Nous avons impliqué l’administration. Lorsqu’il y a un produit, vous allez trouver deux cadenas. Celui de la coopérative et celui du représentant collinaire. Il était prévu un cadenas de l’OBM mais à cause d’un effectif limité, on n’a pas encore mis en œuvre cette recommandation.

Et par après quand le minerai a quitté le stock ?

En quittant le stock vers le comptoir de vente, le colis est accompagné des différentes factures. Arrivé au comptoir, l’OBM participe au désétiquetage de ce colis et après c’est le comptoir qui va traiter le minerai pour augmenter la teneur correspondant à la valeur marchande. On procède de nouveau à l’étiquetage. Si le comptoir a des quantités énormes, on procède à l’enfûtage c’est-à-dire mettre les sacs dans un fût et par après les différents fûts sont mis dans un container. Pour le suivi à ce niveau, il y a des institutions partenaires notamment l’Office Burundais des Recettes, le service chargé des migrations et la Banque centrale qui autorisent la licence d’exportation. Si on a vérifié la teneur et les quantités ici à l’OBM, on va passer à la certification de ces minerais en délivrant un certificat CIRGL qui accompagne ces camions de minerais vers les fonderies.

Quid des prix pratiqués pour le coltan ?

Les prix sont variables. Le prix des minerais dépend du marché des métaux de Londres. S’il y a fluctuations des prix, ça se répercute directement sur les prix que les comptoirs vont octroyer aux exploitants dans les sites miniers. Au niveau des comptoirs, on doit acheter dépendamment du prix qu’on a fixé à la Bourse des métaux. Au Burundi, pour le coltan, ce prix peut varier entre 1 et 1,4 USD par kilo. Je tiens à signaler qu’au Burundi, on exporte un concentré Si on achète un concentré de coltan, on n’achète pas le tantale ou le Niobium. Donc, il y a des réductions à faire.

Combien de taxes payées par ces coopératives et sociétés minières ?

Les taxes payées sont de trois catégories. Il y a des taxes payées à l’octroi de l’autorisation d’exploitation ou d’achat. Il s’agit notamment des redevances aux droits fixes, redevances relatives à la superficie qui sont payées annuellement, des redevances relatives à la carte de délimitation et une autre redevance liée au frais du dossier. Après, il y une taxe Ad valorem qui est payée à chaque exportation dépendamment de la quantité exportée. Pour les chiffres relatifs aux recettes enregistrées, on ne sépare pas les recettes émanant des carrières et celles provenant des minerais. Mais dans l’ensemble, il y a une augmentation chaque année.

Mais ces chiffres ont un rôle indicatif. On parvient à avoir ces chiffres grâce aux preuves de paiement que les opérateurs dans les mines et carrières présentent à l’OBM. Mais, le compte où on verse toutes ces recettes est logé à la Bancobu et est contrôlé par l’OBR. Parfois, si on fait une confrontation des recettes et les recettes communiquées par l’OBM sont inférieures à celles communiquées par l’OBR car on ne gère pas ce compte et on n’a pas accès à ce compte pour voir les informations qui s’y passent.

Est-ce que le produit de leurs exportations est rapatrié dans le pays ?

Oui. L’exportation exige une licence ou une autorisation. Sur l’autorisation, on sait la quantité et la valeur et dans l’ordonnance portant achat et exportation on est obligé de rapatrier les devises. En donnant l’autorisation d’exportation, on suit le rapatriement des devises. Par exemple pour l’année 2018, les devises rapatriées étaient de 33.101.755,6 USD. En 2019, c’était 40.831. 307, 68 USD.
Ces chiffres sont à titre indicatif. Ce rapatriement est suivi du jour au jour et on essaie de collaborer avec la Banque centrale qui loge ces devises et les gère.

Est-ce qu’il n’y pas de fuites ?

Je ne peux pas dire qu’il n’y en pas. Les détenteurs des comptoirs sont composés parfois des nationaux et des étrangers. On a constaté que si un étranger ne veut plus continuer à opérer au Burundi, il peut exporter mais nous ne sommes pas sûrs qu’il reviendra. En exportant, il ne les rapatrie pas. Un autre manque est dans l’élaboration des textes. On est en train de voir comment contrecarrer ce manque à gagner.

A Ntega et à Kabarore, on parle des exploitants miniers illégaux de coltan. Êtes-vous au courant ?

Lorsque l’OBM entend des exploitants illégaux, on sensibilise la population, l’administration et les forces de l’ordre et de sécurité pour nous aider à lutter contre cette exploitation illégale. Je suis au courant quand on les attrape. Quand ils sont appréhendés, ils sont punis sérieusement. Mais si vous dites qu’ils le font la nuit, l’OBM n’est pas la police, on y va pendant la journée. En collaboration avec l’administration et la police, on parvient à traquer des exploitants illégaux qui le font la nuit. On participe alors dans les sanctions en utilisant le Code minier. Par exemple, l’article 155 du Code minier en vigueur sanctionne les exploitants illégaux.

Que dire de ces fraudeurs qui vendent les minerais au Rwanda ?

Les fraudeurs qui vendent des minerais au Rwanda sont combattus en collaboration avec l’administration et les forces de l’ordre et de la sécurité. Nous avons frontière avec le Rwanda mais il y a des axes qui sont sécurisés et ceux qui ne le sont pas. Pour les accès sécurisés, on peut fouiller les véhicules qui y passent. Mais pour les accès non sécurisés, c’est grâce à la population qu’on essaie de traquer les fraudeurs. Alors on continue de sensibiliser les parties prenantes pour juguler ces fraudes.

Avec ce travail en synergie, un fraudeur attrapé est puni conformément à l’article 155 du Code minier et les objets frauduleux sont saisis et confisqués. En 2017, on a saisi des minerais mixtes d’environ une tonne. Pour des minerais traités non identifiés, c’était aux environs de 343 Kg et les amendes infligées avoisinaient 27.883.000 BIF. Pour l’année 2019, 110, 5kg de Wolframite ont été saisis et les amendes infligées ont atteint une somme de 171. 769.000 BIF. Pour cette année où nous sommes, on a déjà saisi pas mal de minerais. Pour wolframite 2 tonnes, plus de 50 Kg de cassitérite, 138 grammes d’or. Les amendes déjà infligées sont plus de 50 millions de BIF. Vous constatez qu’on est au travail.

Qu’en est-il de la révision du code minier ?

Pour la révision du Code minier, au niveau de notre ministère, on a fini notre travail. Il a été adopté par le Conseil des ministres. Pour le moment, il a été transmis au niveau du parlement. On attend alors ce que le parlement va en faire afin de poursuivre les étapes vers sa promulgation.

RENCONTRE | Dr Prudence Bararunyeretse : « Le secteur minier contribue très faiblement au PIB »
Dr Prudence Bararunyeretse

Faiblesse technique, matérielle et managériale, fraude … Dr Prudence Bararunyeretse, enseignant-chercheur à l’Université du Burundi, passe en revue les défis du secteur minier du Burundi. Il propose aussi des solutions pour le rendre plus rentable.

Comment trouvez-vous le secteur minier du Burundi ?

Le secteur minier est un domaine d’abord prioritaire pour le gouvernement, c’est un secteur lucratif qui implique plusieurs acteurs, dont les exploitants miniers eux-mêmes, l’administration, le gouvernement, et même les acteurs étrangers. Beaucoup d’organisations internationales s’investissent notamment dans la gouvernance minière, dans la transparence. Il y a aussi les acheteurs étrangers. Des institutions onusiennes comme la Banque Mondiale, le FMI, s’impliquent dans la gouvernance. C’est en effet une activité génératrice d’importants revenus et qui doit être gérée pour le développement des pays. De ce fait, des agences de coopération bilatérale sont aussi impliquées de près ou de loin dans certains aspects du secteur, notamment dans le renforcement des capacités des exploitants miniers, des gouvernements, mais aussi dans le suivi. Surtout qu’il y en a qui financent les gouvernements et qui ont un œil sur les différentes sources de revenus.

Les mines, c’est aussi une aubaine aussi pour la population

Effectivement, c’est une activité qui fait vivre de centaines des milliers de personnes, car elle exige une main-d’œuvre assez importante. Elle contribue à la réduction du chômage, à la diversification des activités au niveau local, communautaire et national. Néanmoins, dans le cas du Burundi, c’est un secteur qui fait face à un défi de performance, pour plus de rentabilité et de durabilité.

Quels sont les principaux défis du secteur ?

Le secteur fait face à un réel besoin d’adaptation en lien avec le dynamisme socio-économique, les exigences régionales, nationales, en matière de responsabilité sociale et environnementale. C’est une activité qui doit faire l’objet d’amélioration des performances financières, techniques et managériales. La maîtrise de la chaîne de production, de commercialisation et gestion des revenus est un réel besoin au niveau national.

Qu’est-ce que le Burundi gagne dans le secteur minier ?

Jusqu’aujourd’hui, cette activité contribue très faiblement au PIB alors que le pays compte sur ce secteur pour booster l’économie nationale. Je ne sais pas si cette contribution atteint 5% au revenu national. Mais, c’est vraiment faible par rapport à ce que beaucoup de gens attendaient de ce secteur.

En plus de sa faible productivité, sa rentabilité, elle génère des effets néfastes sur le plan social, environnemental. Il y a aussi la question de la durabilité.

C’est-à-dire ?

Il ne suffit pas que ça génère des revenus, mais il faut aussi que cela soit durable. Quand on parle de durabilité, c’est-à-dire qu’il faut limiter les impacts et penser aux générations futures. L’activité minière est exposée à plusieurs facteurs à la fois endogènes et exogènes dont les risques associés influencent la rentabilité et l’épanouissement du secteur.

Concrètement, quels sont ces risques ?

On peut citer les risques liés à l’exploration, le type d’exploitation et de traitement, les capacités techniques, matérielles et humaines, les infrastructures, les conditions de stockage, de transport, la capacité de gestion et de gestion d’impact. Pour les risques exogènes, parlons de la fluctuation monétaire qui expose les exploitants miniers. Si c’est une fluctuation qui va dans le sens qui les avantage, ce serait mieux, mais souvent, cela les désavantage. Par conséquent, ils connaissent des pertes énormes de capitaux. Leur investissement est exposé à des risques de non-génération des bénéfices.

Autres défis ?

Il y a également les dispositions réglementaires nationales, régionales et internationales. Ici, il faut revisiter le passé très récent. Au Burundi, on a connu la suspension de l’activité minière à deux reprises.

Pourquoi ?

Une fois pour des raisons exogènes (non purement nationales). C’étaient des exigences internationales. Et, dernièrement, c’était pour des raisons liées à la bonne gestion au niveau national.

Mais lorsqu’on suspend l’exploitation même pour l’intérêt national, les exploitants sont affectés. La capacité à faire face à tous ces risques-là détermine le niveau d’exposition.

Quid de la protection physique des mineurs ?

Si on parle de l’exposition des exploitants miniers, il faut revenir sur l’impact sanitaire. Aujourd’hui, nous assistons à des pertes, à des morts de manière inquiétante dans les provinces comme Muyinga, Cibitoke, etc. Cela peut être dû à l’ignorance des impacts par les exploitants miniers. Ils visent le profit mais ils oublient que leur santé est en danger.

Sans s’appesantir sur des accidents physiques suite aux éboulements, les substances chimiques utilisées dans les exploitations minières font des ravages. Elles sont de nature extrêmement toxique. Lorsqu’on ignore cela, c’est une catastrophe. Des vies humaines sont fauchées. Il faut aussi souligner qu’il y a d’autres substances qui sont générées par l’activité minière. Parlons aussi de l’impact environnemental qui conduit à la destruction de la biodiversité aquatique, terrestre, etc.

Que faire pour rendre ce secteur plus rentable ?

Il faut que les exploitants miniers aient des moyens suffisants pour faire cette activité. Mais, dans beaucoup de cas, vous trouvez que ce sont des petits exploitants miniers qui procèdent par essais et erreur.

Au point de vue rentabilité, c’est moins rentable parce que plus vous investissez moins, plus vos revenus seront maigres.

Le problème de performance technique ne touche pas seulement les exploitants miniers qu’on trouve sur terrain, mais c’est au niveau général.
Au niveau national, nous avons un problème de technicité en matière d’exploration minière. Nous avons besoin que la formation dans le secteur soit renforcée, besoin d’ingénieurs, de techniciens bien formés et capables de diriger toutes les activités minières depuis la phase exploratoire jusqu’à l’exploitation.

Comment conclure de bons contrats avantageux pour le pays ?

Il faut des gens formés capables de bien négocier. Parce que l’activité minière implique des entreprises étrangères. Et là, il faut avoir des gens forts pour négocier équitablement. Et cela permettrait d’éviter les déséquilibres qu’on trouve dans les négociations des contrats miniers.
Côté managérial, la gestion même de ce secteur doit être améliorée. C’est un domaine qui connait beaucoup de changement au niveau de la loi, des pratiques, du cadre réglementaire, institutionnel, etc.

Dernièrement, il y avait la politique minière qui était en train d’être améliorée, ça doit être terminé maintenant, demain, on peut dire qu’il faut adapter le code minier à la politique minière.

Il y a aussi la gestion des profits, des intérêts, des revenus. Il faut toujours améliorer. Les exploitants miniers ont besoin d’être sensibilisés, renforcés en matière de gestion des revenus.

Pourquoi ?

Parce que les substances minérales sont des ressources épuisables. C’est sûr qu’à un moment donné, les ressources vont s’épuiser. Et il y a des gens qui ont fondé toute leur vie sur l’activité minière qui n’ont pas pensé à réinvestir dans d’autres secteurs.

S’il y a suspension des activités ou diminution du rendement, ça devient catastrophique pour ces miniers. Déjà, on a assisté à de tels cas à Butihinda, Mabayi, etc.

Certains proposent que ce soit le gouvernement qui exploite les minerais. Qu’en dites-vous ?

Je ne dirai pas que c’est le gouvernement qui devrait exploiter les minerais, le secteur privé est là pour le faire. Et des fois, le secteur privé peut faire mieux que l’Etat. Le gouvernement peut faire partie de l’exploitation minière. Ce qui ne signifie pas qu’avoir une entreprise exclusive publique serait plus rentable. Ce qui est plus important c’est que le gouvernement s’implique dans le suivi de la gestion de cette exploitation minière, de toute la chaîne depuis l’exploration jusqu’à la gestion des revenus.

Mais, si le gouvernement peut faire des entreprises minières, tant mieux, mais de par notre expérience, en RDC, il y a eu des entreprises minières étatiques, mais ce n’est pas là où on a trouvé plus de profit. Il y a eu aussi des problèmes. Il y a des entreprises qui étaient gérées par l’Etat, mais par après, elles ont été données aux privés. Parce qu’il y a eu des défaillances. Je proposerai que le gouvernement forme les gens dans ce secteur.

Existent-elles déjà des initiatives dans ce sens ?

Oui. Ici même à l’Université du Burundi, il y a un département des Sciences de la Terre. Nous voulons qu’il y ait un programme de Master qui est focalisé sur cet aspect-là. Il y a aussi le projet de création d’une école qui va former les techniciens des mines. En accordant des bourses d’études, nous demandons au gouvernement de tenir compter de ce besoin qui est déjà là.

Sur terrain, nous avons trouvé qu’il n’y a pas des agents permanents de l’OBM sur des sites d’exploitation minière. Votre commentaire ?

Pour question de traçabilité minière, on est appelé à surveiller la production minière depuis le site jusqu’aux comptoirs d’exportation. Donc, le gouvernement a initié, avec l’appui des partenaires, cet instrument de traçabilité. Mais, pour la mise en œuvre, cela exige des moyens. Le gouvernement devrait placer des agents sur les sites et les colis miniers devraient porter des tags mis par les acteurs étatiques. Si vous avez trouvé que cela ne se fait pas, c’est un problème.

La traçabilité devait se baser sur de bonnes statistiques. Je sais qu’il y a des statistiques quand même. Si vous allez à l’OBM, il y a des statistiques. A la BRB aussi.

Sont-elles fiables ?

Oui et non. Je ne sais pas le prouver aujourd’hui, mais quand même il y a des statistiques. Mais aussi, il ne faut pas oublier que la fraude n’est pas totalement éradiquée ici ou ailleurs.


 

Les peines infligées aux fauteurs dans le secteur minier :

❖ Est puni d’une servitude pénale de cinq à dix ans et d’une amende de dix millions à vingt millions de francs burundais, ou l’une de ces peines seulement, quiconque :
a) falsifie ou modifie des mentions sur les documents octroyant une autorisation de prospection minière, un permis d’exploitation des carrières, des titres miniers de recherche et d’exploitation minière ;
b) falsifie les registres d’extraction minière ou de carrière, de vente ou d’expédition ;
c) fournit sciemment des renseignements inexacts en vue d’obtenir un titre minier ou une autorisation prévus par le présent Code ;
d) détruit, déplace ou modifie d’une façon illicite des signaux, des points de repère, des bornes de délimitation d’un périmètre minier.
❖ Est puni d’une peine de servitude pénale de deux à cinq ans et d’une amende de cinq millions à dix millions de francs burundais, ou l’une de ces peines seulement, tout titulaire d’un titre minier ou tout bénéficiaire d’une autorisation qui :
a) se livre à des activités régies par le Code minier sans se conformer aux règles relatives à la santé publique, à la sécurité au travail et à la préservation de l’environnement ;
b) ne fournit pas au Ministre dans les délais prévus les informations et les documents exigés en vertu de la réglementation minière ;
c) se livre à des activités minières ou de carrière dans une zone interdite ou de protection.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« Pour question de traçabilité minière, on est appelé à surveiller la production minière depuis le site jusqu’aux comptoirs d’exportation…
    La traçabilité devait se baser sur de bonnes statistiques. Je sais qu’il y a des statistiques quand même. Si vous allez à l’OBM, il y a des statistiques. A la BRB aussi… »
    2. Mon commentaire
    a). Il faut quand meme un minimum d’integrite et de professionalisme et veiller a la fiabilite des statistiques que l’on publie POUR QUE LE PAYS PUISSE AVANCER pour devenir « Pays emergent en 2040 et Pays developpe en 2060″.
    b). Dernierement le president de la republique Evariste Ndayishimiye ete tres fache contre l’Institut de statistiques et d’etudes economiques du Burundi (ISTEEBU) parce qu’il est impossible de savoir/avoir une idee sur la production de riz ou de mais pour la saison culturale en cours.
    c). « La fiabilité des données est la base de tout pour le reporting. C’est la condition sine qua none pour construire les indicateurs pertinents qui permettent de prendre des décisions d’avenir…
    Formez vos équipes sur les enjeux de la fiabilité des données
    Prendre la casquette de « responsable de la fiabilité des données » peut être passionnant. Tous les CDO (Chief Digital/Data Officer) vous le diront. En revanche, plus vous allez avancer, plus l’organisation va grandir, plus le volume de données à consolider va augmenter… Plus vous allez péter un câble 🤯… »
    https://www.fromtheinsight.com/donnees/fiabilite-des-donnees/

  2. Nyandwi Gaspard

    I kabarore ho nagahomeramunwa kabisa.gusa ntaco ndazi abagabo baraho batarenze ba 3 bayabika mumagunira munzu iwabo kugira leta ntibonumutungo wabo naraje abe ibipapuro.

  3. Kanda

    SEMPR doit cesser de parler seulement et agir.
    Il condamne, montre ses distances, mais il n’agit pas. Ne pas agir est synonyme de donner un feu vert.
    Sinon il y a risque de penser qu’il en bénéficie aussi…
    Qu’est-ce qui empêche que l’Etat surveille bien les lieux? Qu’est-ce qui empêche que l’Etat fasse ce business par une Entreprise d’Etat, de Police ou de l’Armée ou même du parti au pouvoir s’il est composé de vrais patriotes au lieu de laisser libre cours à ces Mayondori et Amstel qui se comportent en vautours? Il y avait un certain Ndimwo, peut-être que tous ont pris cet aspect d’héritage.

    • Stan Siyomana

      @Kanda
      En 2017 feu president Dr. John Pombe Magufuli de Tanzanie a pris des mesures extremes de construire un mur de 24 kilometres autour de la mine (de pierre precieuse de tanzanite) de Merelani au nordest du pays.
      « In 2017, President Magufuli ordered the military to build a 24km (14-mile) perimeter wall around the Merelani mining site in Manyara, believed to be the world’s only source of Tanzanite.
      A year later, the government reported an increase in revenue in the mining sector and attributed the rise to the construction of the wall, the BBC’s Sammy Awami in Dar es Salaam reports… »
      https://www.bbc.com/news/world-africa-53148612
      « La tanzanite est une variété bleue à violette de zoïsite découverte en 1967 en Tanzanie. Elle se rencontre souvent sous forme de gemme transparente. Elle a la même formule chimique que la zoïsite Ca2(Al.OH)Al2(SiO4)3 mais avec des traces de vanadium plus franches… »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tanzanite

  4. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« Au temps de la guerre, indique Onesphore de la colline Kivuvu, les mineurs pouvaient avoir 120 mille BIF par kilo à Kayanza. « Au Rwanda, tu pouvais avoir plus de 300 millions de BIF, car la population pouvait vendre au Rwanda sans problèmes. Lorsque l’Etat est venu prendre en main le secteur minier, le prix a chuté. »
    A Kabarore, beaucoup de personnes déplorent que depuis que le coltan est extrait, leur vie ne se soit pas améliorée. « Regardez cette route. Ils ont failli à leur mission. Ce sont des prédateurs. Il faut l’intervention du président de la République », déplore une maman, la quarantaine, habitante du chef-lieu de la commune de Kabarore… »
    2. Mon commentaire
    Je ne crois pas que le president Evariste Ndayishimiye exagere quand li dit que « Ces montants pourraient construire une route reliant Bujumbura à Kabarore. »
    Tout burundais minier qui prefere la structure des prix du Rwanda ferait mieux de laisser tranquilles les ressources naturelles du Burundi, pour aller faire ses activites sur le sol rwandais. C’est le Burundi qui devrait profiter de ses ressources avant toute autre nation du monde.
    D’autre part, je n’arrive pas a comprendre pourquoi on a tout ce chaos/akajagari dans le secteur minier du Burundi alors que l’on a des institutions depuis la base collinaire.
    A moins que l’on accepte que le Burundi est un etat defaillant/failed state.

  5. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« De grosses machines sont à l’œuvre. Elles sont en train de terrasser, elles retournent la terre à la recherche de ce minerai rare. C’est la technique dite « d’exploitation à ciel ouvert » qui est utilisée à ce site. Plusieurs grands cratères sont visibles. Une menace pour les habitations environnantes. Certaines sont sur le point de s’écrouler….
    En parlant des mineurs artisanaux, il confirme qu’ils s’engouffrent dans les trous comme des taupes. « Lorsque j’étais mineur, nous pouvions faire un kilomètre à l’intérieur de la terre. Tu does suivre le filon. »… »
    2. Mon commentaire
    Normalement on recourt a l’exploitation a ciel ouvert quand la mineralisation est concentree dans une couche de roches pas trop profonde et qui couvre une certaine superficie.
    Dans ce cas-ci ou la mineralisation du coltan est dans des filons, l’erosion va creer une certaine concentration du minerai a la surface jusq’a une petite profondeur. Normalement on construit la mine sousterraine sur cette zone, pour se concentrer sur les filons qui s’enfoncent a des centaines de metres sous le sol.

  6. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« D’après Sebitama, avec le coltan de Kabarore, l’Etat pourrait les nourrir à la maison comme des lapins. « Si l’Etat pouvait lui-même extraire les minerais sans donner des permissions à des sociétés, il peut nous donner gratuitement des vaches et des chèvres et nous donner à manger sans rien payer pendant toute notre vie. Nous avons tout. Le Burundi n’est pas pauvre. »…
    2. Mon commentaire
    Bien apres le peche originel d’Adan et Eve, les gens de Kabarore continuent de pecher avec leur solidarite negative avec ceux qui sapent l’economie nationale.
    « 17Il dit enfin à l’homme: «Tu as écouté la suggestion de ta femme et tu as mangé le fruit que je t’avais défendu.
    Eh bien, par ta faute, le sol est maintenant maudit. Tu auras beaucoup de peine à en tirer ta nourriture pendant toute ta vie;
    18il produira pour toi épines et chardons. Tu devras manger ce qui pousse dans les champs;
    19tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu as été tire… »
    https://www.bible.com/fr/bible/63/GEN.3.BFC

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