Vendredi 06 décembre 2024
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La pauvreté, facteur d’exclusion bancaire

Économie

La pauvreté, facteur d’exclusion bancaire

Taux de chômage élevé, faiblesse des revenus : les services bancaires restent difficilement accessibles pour de nombreux Burundais. Un dossier du pôle « data » du Groupe de Presse Iwacu.


12/02/2021
Par Keyna Iteriteka et Guy Arsène Izere - Data management et visualisations: Elvis Mugisha - Consultante: Laurence Dierickx - Coordination: Antoine Kaburahe Images : @Iwacuinfo

Editorial – Faire parler les chiffres

Par Antoine Kaburahe

On reproche au journalisme burundais d’être essentiellement un journalisme d’opinion, très politique pour ne pas dire « politisée ». Ce n’est pas totalement faux. Les articles économiques sont peu prisés par de nombreux lecteurs qui leur préfèrent les analyses et autres interviews politiques.

Et pourtant, il existe un autre type de journalisme, qui jouit d’une notoriété grandissante en Occident : le journalisme de données ou data journalisme. Grâce aux chiffres et autres statistiques, il donne une autre dimension aux faits. Il fait parler les chiffres d’habitude réservés à quelques économistes et « intellos », et il donne la parole aux acteurs et experts pour les contextualiser et les mettre en perspective.

Ainsi, en lisant ce premier dossier sur « l’inclusion financière au Burundi », réalisé par le pôle « data » que nous venons de lancer au sein du groupe Iwacu, moi qui suis d’habitude peu friand des chiffres, j’ai été frappé par cet article : j’ai vu et compris par exemple pourquoi les Burundais ont du mal à ouvrir un compte bancaire ou pour épargner. Une « image vaut mille mots », dit un hebdo connu. Le tableau des coûts bancaires se passe de commentaires.

J’ai vu, sidéré, la répartition des banques sur le territoire burundais. Et je me suis souvenu d’une cousine institutrice dans une petite école primaire perdue dans mon Kirimiro natal, loin de Gitega, du côté de Mugera. Toutes les fins de mois, elle devait venir « en ville », pour toucher sa pauvre paie. Elle marchait 25 kilomètres à pied, à l’aller comme au retour chaque mois pour avoir la chance de toucher sa paie. Cette « carte des banques au Burundi » réalisée par les journalistes m’a rappelé ma cousine et parle plus que tous les discours !

En effet, grâce à des outils tels des infographies, le journaliste peut raconter, expliquer, prouver et le lecteur « visualiser » les données obscures. Notre travail n’en devient que plus crédible. Les pratiques du datajournalisme se fondent sur le principe selon lequel raconter une bonne histoire peut s’appuyer sur des données, en tant que matériau de base à l’information. Qu’il s’agisse de récolter, analyser ou traiter des jeux de données, la démarche fondamentale reste celle de n’importe quelle autre forme de journalisme. Mais les pratiques du datajournalisme requièrent aussi la maîtrise d’outils et de techniques spécifiques dans le processus de reportage de faits d’actualités. Elles s’inscrivent également dans la perspective d’une mise en récit innovante. Avec l’appui d’une spécialiste de l’Université Libre de Bruxelles, qui nous accompagne depuis plusieurs années dans nos développements numériques, Iwacu se lance aujourd’hui dans ce journalisme de données.

Mais que nos lecteurs ne s’y méprennent : il ne s’agit de publier des tableaux ou des statistiques. Nous restons avant tout des journalistes et, à ce titre, il nous faut toujours trouver l’humain, la vie derrière les chiffres. Surtout, la confiance que l’on peut accorder aux chiffres ne doit pas être aveugle : les données peuvent être toutes aussi subjectives que les mots. Notre credo reste donc de mise : douter, douter, toujours douter. C’est aussi pourquoi l’ensemble des jeux de données mobilisés par notre pôle data sera également accessible sur notre portail Iwacu Open Data, que nous avons lancé il y a quelques années, en vue de documenter la diversité de la vie burundaise, notamment sur les plans sociaux et économiques. Toutefois, notre travail journalistique est celui de les expliquer, de leur donner de la hauteur, de montrer la diversité des réalités humaines et sociales qui se trouvent derrière tous ces tableaux et chiffres.

Iwacu est convaincu que ce journalisme de données est un moyen de proposer à nos lecteurs une information plus enrichie, différente, sur la manière dont elle a été traitée. C’est une nouvelle expérience en matière d’information au Burundi ! Un autre défi pour Iwacu, que nous sommes fiers de relever !

Les consommateurs des services bancaires se plaignent souvent des longues files d’attente sur les guichets.

Sur 3,3 millions de personnes actives au Burundi, 12,5% détenaient un compte dans une institution financière agréée par la banque centrale en 2012. Ce pourcentage a grimpé à 21, 47 % en 2016, d’après les données de la BRB qu’Iwacu a récoltées.

Selon le rapport sur l’état des lieux de l’emploi des jeunes au Burundi, effectué par les ONG Réseaux des Organisations des Jeunes en Action(REJA) et Appui au Développement Intégral et à la Solidarité sur les Collines(ADISCO) en 2016, 14% de la population active faisaient recours au secteur financier informel (c’est-à-dire, épargnaient sans faire recours à un système financier reconnu par la banque centrale) .

Maman Don, vendeuse de tomates au Marché de Kinindo, utilise un système appelé « Ikirimba » pour épargner son argent. Le système consiste à former un groupe d’épargne et payer une cotisation hebdomadaire qu’ils partagent à la fin d’une période donnée. Le système permet d’octroyer des crédits à des taux très bas. « Avec Ikirimba, je ne suis jamais à court de l’argent, je peux emprunter de l’argent dans la caisse et financer mes petits projets, c’est mieux qu’aller à la banque même. »

Un taux d’inclusion financière qui augmente lentement

Le taux d’inclusion financière, c’est à dire le taux d’accès aux produits des banques et autres institutions financières, a augmenté au cours de ces dernières années, de 12,5% en 2012, il est passé à 23,81% en 2014, puis 25,74% en 2015 et a atteint à 21,47% en 2016.

 

 

« L’épargne à la banque est pour les gens qui ont un salaire ou, du moins, un revenu quelque part. Je ne vois pas pourquoi j’irais créer un compte en banque si je ne suis pas sûr d’avoir de l’argent pour l’alimenter», c’est le triste constat de C.N, au chômage depuis la fin de ses études universitaires, il y a deux ans maintenant.

Emile, grossiste en charbon en mairie de Bujumbura, qui doit envoyer de l’argent au moins une fois la semaine pour s’approvisionner, fait recours au service de transferts électroniques, plus cher qu’un service bancaire.

« Certaines régions n’ont pas de point de service d’une banque, je dois alors faire un transfert électronique. Je ne supporte pas aussi les longues files d’attente dans les banques : ça me fait perdre du temps ! »

Le taux de chômage est de plus de 65% chez les jeunes de 15 à 35 ans, lesquels représentent plus de 60% de la population burundaise, alors que le PIB par habitant et par an est parmi les plus faibles au monde (261, 247 USD en 2019). Ces deux facteurs peuvent expliquer pourquoi peu de Burundais ont recours aux services bancaires.

Le faible nombre d’agences bancaires, principalement à l’intérieur du pays, et les frais élevés de gestion des comptes sont aussi deux autres raisons permettant d’expliquer la situation.

Quand tenir un compte devient un luxe…

Ouvrir un compte bancaire, ce n’est pas gratuit. Aux frais d’ouverture du compte s’ajoutent des frais de gestion mensuelle et le coût peut paraître exorbitant pour une population à très faible revenu.

Certaines banques essaient de faciliter l’accès en allégeant les exigences pour certaines catégories de la population à revenu minime, ou parfois sans revenu fixe comme les étudiants, tandis que certaines semblent être réservées à une minorité plus nantie. Iwacu a mené une enquête, sur les frais d’ouverture d’un compte bancaire. Le service est rarement gratuit et, selon l’institution bancaire, les prix peuvent grimper jusqu’à 30.000, voire 100.000 francs burundais.

 

 

En 2018, 84% des répondants à un sondage de la banque centrale ont affirmé qu’ils n’avaient pas de comptes en banques, suite à l’insuffisance des revenus et l’incapacité de réunir le montant minimum exigé.

Quant aux frais de gestion, ils varient de 1.500 à 6.500 par mois, selon l’institution bancaire, Interbank étant la plus gourmande de toutes, indique notre enquête.

« Avec les comptes étudiants proposés par certaines banques, la situation est plus ou moins bonne, sinon 3.000 francs chaque mois, quand on n’a pas de revenus fixes, c’est beaucoup », confie Gloria, étudiante à l’Université Lumière de Bujumbura.

 

Une répartition inégale des banques sur le territoire
Certains fonctionnaires parcourent plusieurs kilomètres, parfois avec des frais de transports, pour se rendre au point de service bancaire le plus proche.

Jeanine est institutrice dans la zone Ijenda. Son salaire à la fin du mois est versé sur son compte à la BCB, il doit se rendre à Bujumbura, 39km plus loin. Elle doit payer 8.000 francs de frais de transport pour retirer son argent.

Romaine, une autre institutrice, vient de Gisozi, à 50km de Bujumbura pour se rendre à la Banque Commerciale du Burundi (BANCOBU). « Des fois, il y a des pannes de connexion, de longues files d’attente et je suis obligé de passer la nuit à Bujumbura et les frais s’alourdissent davantage. »

Selon le rapport de la banque centrale sur l’inclusion financière, de 2012 à 2017, 10.000 adultes partageaient un seul point de service d’une institution financière dans toutes les provinces du Burundi, sauf en Mairie de Bujumbura où 10.000 partageaient sept points de services.

Certaines provinces comme Mwaro, Rutana, Cankuzo disposent de moins de trois agences bancaires dans toute la province, alors que la mairie de Bujumbura compte onze banques avec parfois plusieurs agences dans les quartiers périphériques.

En 2017, plus de 40% de la population burundaise parcouraient plus d’une heure pour se rendre à un point de service d’une institution financière, seul 10% parcouraient moins de 15 minutes, selon les données fournies par la banque centrale.

Il s’agit du dernier rapport fourni par la BRB, la plus récente étude étant encore en cours de rédaction, comme nous l’a fait savoir Bellarmin Bacinoni, chargé de la Communication au sein de la banque de la République du Burundi.

 

 

La banque, un relai entre employés et employeur.

L’incapacité d’épargner liée à des faibles revenus est une des causes principales du faible taux d’inclusion financière. 43% des répondants à l’enquête de la BRB affirment avoir créé leur compte pour pouvoir recevoir leur salaire.

Jeanne Hakizimana est salariée dans une entreprise privée, elle ne se rend à la banque que pour retirer son salaire. « Je tiens difficilement jusqu’à la fin du mois, le salaire arrive souvent pour couvrir les besoins et payer les dettes, l’épargne est pour moi impossible », témoigne-t-elle.

Jean Paul, conducteur de taxi -vélo en Mairie de Bujumbura, témoigne de sa difficulté de tenir un compte en banque. « Je gagne entre 1.500 et 2.000 francs par jour, 2.500 francs quand la journée a été bonne. Cette somme me permet de me procurer un repas, de payer ma petite maisonnette à Bwiza et d’envoyer une petite somme à la fin du mois à ma femme restée à Kayanza. Si j’arrive à mettre de côté un peu d’argent, je fais alors recours aux services offerts par les agences de téléphonie mobile. »

Face à l’incapacité de réunir la somme exigée pour ouvrir un compte bancaire, l’épargne électronique, plus facilement accessible, est venue à la rescousse d’un plus grand nombre.

Les compagnies de téléphonie mobiles ont instauré des systèmes d’épargne et de transferts instantanés de fonds par voie électronique. Le système permet d’économiser de la plus petite somme à la plus grande avec seulement un téléphone mobile.

Il a conquis tout le territoire national : aussi, un employé de la compagnie de téléphonie mobile Lumitel nous a fait savoir que chaque colline du pays a au moins un agent permettant de faire les retraits et les versements.

ECLAIRAGE - « Améliorer les conditions de vie pour une plus grande inclusion financière »
Dr Salomon Nsabimana: « Ne pas avoir un compte bancaire est une barrière pour le financement des activités quotidiennes. »

Une des raisons principales du faible taux d’inclusion bancaire est le niveau de pauvreté de la population qui limite la capacité d’épargne et l’accès au crédit. Explications de Dr Salomon Nsabimana, enseignant à l’université du Burundi dans la Faculté des sciences économiques

D’après le spécialiste, les facteurs qui peuvent expliquer le niveau de l’inclusion financière au Burundi sont nombreux. Mais seulement trois facteurs retiennent son attention.

D’une part, la capacité de la population, donc la richesse de la population pour pouvoir épargner afin d’avoir l’accès au crédit et bien d’autres services et produits financiers offerts par les institutions bancaires. D’autre part, l’existence des points d’offres de services financiers, car les populations des coins reculés ou les agences ne sont pas proche d’eux vont garder la monnaie chez eux. A cela s’ajoute l’éducation de la population à ouvrir un compte, alors qu’une large partie garde encore l’argent à la maison.

Pour Dr Salomon Nsabimana , ne pas avoir un compte bancaire est une barrière pour le financement des activités quotidiennes à cause du non-accès au crédit et au microcrédit. Il y a donc une faible mobilisation de l’épargne. Enfin, aucune banque ne peut octroyer un crédit sans évaluer le niveau de crédibilité du demandeur. Toutes ces raisons expliquent le faible taux d’inclusion financière au Burundi.

Sur la thésaurisation chère à de nombreux Burundais, le professeur estime que la pratique de garder son argent à la maison est due au manque d’information et d’éducation financières. Il faut, dit-il, que toutes les parties prenantes s’y mettent pour « une éducation financière et un meilleur accès à l’information. »

Interrogé sur le rôle des institutions financières bancaires et du gouvernement , M. Nsabimana estime que « Les institutions financières bancaires ont un rôle important dans l’augmentation du niveau de l’inclusion financière sous plusieurs angles : augmenter les points d’offres des services financiers pour atteindre même la population des coins reculés, contribuer dans l’éducation de la population sur l’importance d’avoir un compte. » D’après lui, cela contribuera à la mobilisation de l’épargne et permettra d’entretenir une interconnexion entre les institutions financières, dans le but de renforcer la chaîne de la mobilisation de l’épargne.

Enfin, il fait un appel aux décideurs au haut niveau : « Ils devraient penser au management des politiques publiques qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie, qui vont entraîner à leur tour l’augmentation des richesses et des revenus, et qui auront des effets positifs sur l’inclusion financière ».

Les banques s’expliquent
Alain José Ciza

Inégale répartition des banques sur le territoire, frais de tenue des comptes exorbitants et services défaillants… Alain José Ciza, chef du département marketing et ressources à la banque commerciale du Burundi, Bancobu, répond aux critiques .

Des citoyens estiment que certaines régions du Burundi sont « oubliées » par les banques. Reconnaissez-vous cette critique ?

Implanter des agences exige des investissements, alors que le monde entier se tourne vers le digital. On essaie aussi d’évoluer avec le monde et trouver des solutions compatibles aux technologies nouvelles, comme le « mobile banking. » Notre plateforme digitale permet à chaque agent privé de devenir une Agence Bancaire et à l’heure qu’il est nous en comptons déjà à 1500.

Des clients se plaignent des longues files d’attente aux agences, des frais d’ouverture et de tenue de compte exorbitants. Votre réaction ?

La solution aux files d’attente passera par la technologie, en tout cas, c’est le choix que la Bancobu a pris. Cela permet au client d’avoir les services bancaires sur leur téléphone sans nécessairement devoir venir à la Banque. L’ouverture des comptes est gratuite et il n’y a pas de frais pour la tenue de nos comptes pour les comptes digitaux.

Que comptez-vous faire pour inciter les gens à recourir beaucoup plus aux services et produits bancaires ?

Pour nous, c’est la Banque qui va vers le client et non l’inverse, cela fait que l’ouverture des comptes mobiles se fait sans venir à la Banque et face à ce défi d’inclusion financière, nous avons un objectif d’ouverture des comptes de l’ordre de 500.000 par an. Si tous les acteurs du secteur s’y mettent, le taux de bancarisation au Burundi peut facilement grimper au-delà de 50% en un temps raisonnable. Toujours dans ce même objectif, nous rémunérons les dépôts pour encourager les gens à ne pas garder leurs économies sur eux et nous suscitons la confiance envers la Banque par la publication régulière de nos états financiers sur nos canaux de communication, comme le règlement nous l’exige.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Lwanga

    Merci pour d’hier Iwaku pour cet article riche.

    Je suis entrain de rédigé un article sur les moyens de transfert au Burundi, l’idée est de présenter tous les moyens de transfert disponible au pays (mobile money, banque et autres ) pour faire des transactions au pays et hors Burundi . Afin de présenter Bitcoin et de montrer à quel point il serait une solution pour les défis que vous avez énumérés.

  2. Fidele Ndikumana

    Un très bon article, mais je pense que ce serait mieux pour la prochaine fois, d’ajouter d’autres variables comme la perception du système bancaire, le niveau de scolarité etc…. et faire une regression pour voir quelle est vraiment la variable qui influence plus significativement l’éxclusion bancaire. Donc, juste avec la stat. descriptive, on ne peut pas conclure que c’est la pauvreté qui est le facteur déterminant de l’exclusion bancaire . Je pense par exemple aux gens qui ont beaucoup d’argent, mais qui ne veulent pas ouvrir un compte bancaire ( pourquoi ?) et d’autres qui ont des comptes parce qu’ils sont obligés (pas leur volonté).

    Un bon article utile pour l’institut stat. de notre pays, pour la BRB et également pour les banques commerciales qui connaissent la valleur de la stat. dans la prise de décision. un bon début!

  3. roger crettol

    Excellent article, et puis, les commentaires sont ouverts ? C’est de nouveau Noël après seulement quelques semaines !!!

  4. Claudio

    Merci pour ce numéro très riche

  5. J-C NDORERE

    Merci à Iwacu(tjrs égal à lui même) pour cet éclairage. Iwacu est vraiment une lumière de l’info. Je ne peux qu’être complètement encore une fois admiratif pour cet autre projet datajournalisme.
    Merci encore pour tout!
    Même pour des sujets plus politiques, on pourra, à partir de cette innovation, construire des opinions fondées sur encore sur le réel chiffré. Merci

  6. Godefroid

    Bonjour Tony!
    Cher Iwacu,

    Ce grand format est tout simplement excellent tant sur le data journalisme que le Directeur présentessi bien dans l’éditorial que sur le sujet traité. La faible inclusion financière et bancaire des burundais est une autre image de leur pauvreté. Et le secteur bancaire (à commencer par la BRB qui semble être là non pas pour le bien de la collectivité, mais comme guichet des banques commerciales) paradoxalement semble ne pas le voir. Et la classe aisée qui, finalement, est la seule à profiter des services bancaires, vit dans une sorte de bulle.

    J’ai connu instituteur dans l’actuelle province de Mwaro (la seule banque présente actuellement n’existait pas encore) devait voyager à 40km vers Muramvya où l’unique guichet dans la région était la Cadebu qui avait une petite agence. Et souvent il prenait avec lui des procurations de 5 ou 6 de ses collègues pour toucher leur solde et la leur apporter (avec les risques de voyager avec autant d’argent dans une région où la misère était ambiante…).

    Quand j’ai vu que vous avez des gens qui s’occupent de l’open data dans votre équipe, jen ‘ai conclu que vous avez fleuré un bon filon. Les données statistiques sont une mine d’information pour qui sait s’en servir.

    J’ai aimé votre clairvoyance de dire que vous n’allez pas nous servir des tableaux indigestes, mais que vous allez les utiliser pour mieux interpréter le vécu des gens. D’ailleurs Mark Twain ne disait-il pas qu’on peut mentir avec les statistiques (3 sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques!).

    En vous lisant j’ai pensé à Yves Calvi sur RTL (radio) qui dit avoir des journalistes pour nous informer, des chroniqueurs pour commenter l’actu en posant des questions à des invités. Et il conclut « Et moi je traduis »! J’ai le sentiment qu’avec le data journalisme, vous aurez tout cela, vous ne produisez pas les chiffres, « vous les traduisez »!

    Bravo!

  7. James Zaire

    Que la BRB uniformise les banques.

  8. BDI

    Merci pour cet article si riche.
    En cas d’un virement étranger, les commissions bancaires sont exorbitantes et elles varient d’une banque à une autre. Pour un virement de 10 000 USD par exemple, les frais bancaires pour certaines banques dépassent 150 USD. Supposez un virement pour un projet de développement de 1 million USD, …Il me semble que les frais bancaires pour un virement étranger découragent certains investissements directs de la diaspora dans leur pays natal (Burundi). J’aurai aimé savoir le commentaire des banquiers sur cet aspect.

  9. SAKUBU

    Concernant les frais exorbitants concernant l’ouverture et la tenue de compte, le responsable répondant a précisé qu’ils sont gratuits pour les comptes digitaux mais n’a pas commenté sur les autres types de compte alors qu’on avait besoin justement ses points de vue ou ce qui justifie ces frais élevés et pourquoi ils sont variables d’une banque à l’autre? Quels sont les facteurs à l’origine de cette variabilité? Est-ce que la banque centrale ne peut pas réguler sinon uniformiser ces frais pour toutes les banques pour ne pas laisser les clients à la merci de ces dernières?

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