Vendredi 29 mars 2024

Économie

Levée de la mesure de la BRB : Entre jubilation et craintes pour les opérateurs du secteur

10/10/2022 1
Levée de la mesure de la BRB : Entre jubilation et craintes pour les opérateurs du secteur
Les bureaux de change autorisés à exercer de nouveau

C’est un sentiment de joie mêlé de craintes après la levée de la mesure de la banque centrale portant retrait d’agrément des bureaux de change ce vendredi 7 octobre.

« Une bouffée d’air frais ! Enfin Dieu a entendu nos prières », clament en chœur les cambistes approchés. A l’avenue de l’Amitié où la quasi-totalité de ces cambistes exercent leur métier, ils ne tarissent pas d’éloges à l’égard du président Ndayishimiye. « Il a compris que l’heure est grave et qu’il fallait faire quelque chose pour la population ».

Avec la levée de ladite mesure, sur leurs visages, c’est la sérénité totale. Aucune envie de se cacher, de rester en retrait derrière les voitures, en essayant de ne pas se faire coincé par la police au moment de leurs transactions.

Initialement programmé, lundi 10 octobre, l’enregistrement des anciens opérateurs propriétaires des bureaux de change auprès de la BRB. Certains cambistes émettent encore des réserves quant à la mise en application effective de ladite mesure. « Sûrement que les chasses à l’homme des policiers vont s’estomper et que dorénavant, en plus de la fluidité des transactions, des particuliers voudront rapatrier leur argent. Mais, pour une libéralisation effective du secteur, la BRB doit faire davantage afin que nous ne soyons pas coupés dans notre élan », glisse John*, propriétaire d’un bureau de change.

Sa principale crainte se rapporte aux documents exigés pour le réenregistrement. Pour lui, ils devraient être rendus publics afin que quiconque désireux et surtout à mesure puisse se lancer dans l’activité. « Si l’objectif est de libéraliser davantage le secteur, autant que la transparence soit de mise », laisse-t-il entendre.
Si cela n’est pas le cas, il redoute qu’il n’y ait des partis-pris dans l’octroi des autorisations. Ce, poursuit-il, d’autant que selon certaines indiscrétions, il y a des demandes qui n’ont jamais été étudiées dormant dans les tiroirs de la BRB avant l’entrée en vigueur de cette mesure portant retrait d’agrément des bureaux de change ne soit prise. Ce cambiste demande que soit respecté l’ordre de dépôt des dossiers. Conscient des implications que la levée de cette mesure implique, en l’occurrence, une imposition démesurée, il implore : « Si cela advienne. Que ça soit fait en bonne et due forme, selon une règlementation bien claire ».

Pour rappel, la BRB a également autorisé que les fonds reçus des transferts instantanés internationaux ne soient plus soumis au règlement de change en monnaie locale. Désormais, leurs bénéficiaires ont la latitude de les percevoir en devises ou les transférer sur leurs comptes en devises.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Rwajekera

    Ce rétropédalage est une bonne chose! Il n’est jamais trop tard pour se reprendre dans son erreur. Merci Mr. le gouverneur de la BRB pour cette sage décision importante pour notre économie. Elle va redonner, je l’espère, un coup de pouce à la croissance économique en berne depuis de nombreux mois. Ceci dit, Je demanderais aussi aux responsables politiques d’aller encore plus loin, en levant la mesure qui interdit les motos, bajajs et autres… taxis-vélos, de faire leur business. Rendez-vous compte de nombreux dégâts que cette mesure a causé à de nombreuses familles dans le pays? Des couples qui se sont disloqués, des familles qui ne savent tout simplement plus vivre à cause de l’arrêt de l’outil qui leur apportait à manger, à payer leurs loyers et autres factures…. Messieurs les décideurs de Leta mvyeyi, Leta Nkozi, ne vous sentez-vous pas interpellés quand vous regardez à travers les fenêtres fumées de vos 4×4, et voyez ces nombreuses personnes – fonctionnaires, étudiants, élèves et autres – qui marchent, tutubant à cause de la faim et dans un silence résigné, le long des routes de Bujumbura sous un soleil de plomb, faute de pouvoir payer un ticket de bus? Pourtant, les moyens de transport que vous avez interdit de rouler résoudraient bien leurs problèmes. Umunwa wose uronke ico urya! n’umufuko wose uronke ikiwujamwo! Ce slogan devient vain lorsque vous ne permettez pas de travailler à ces nombreux ménages qui l’avaient entendu et soutenu en misant tous leurs maigres moyens dans ce secteur. Une décision qui affecte un pan entier de l’économie du pays ne peut être prise sans s’imaginer les ravages qu’elle pourrait occasionner sur les habitants du pays. Elle doit être bien étudiée et suivie par des mesures d’accompagnement, en donnant du temps aux opérateurs de pouvoir se retourner. Surtout quand ladite décision est prise sous des motifs fallacieux de prévenir des accidents de roulage! Si ce n’était vraiment que pour cette raison, il aurait fallu règlementer autrement le roulage ou alors demander aux autres pays d’Afrique comment ils s’y prennent pour faire cohabiter sur les routes ces engins des pauvres avec les limousines de nos seigneurs qui ne savent pas ou plus comment nos familles triment pour pouvoir manger. Ikebuke muhindure! Se tromper est humain mais persévérer dans l’erreur est irresponsable….

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