Vendredi 19 avril 2024

Société

Ecoles d’excellence : une excellente idée mais…

21/09/2017 10

Les élèves qui fréquentaient les classes d’excellence avaient droit à certains avantages, l’année scolaire précédente. Une « indélicatesse » sur le plan social, estime un psychopédagogue.

Le lycée Ngagara, l’école d’excellence de la capitale.

Les élèves excellents ont vécu dans des conditions aisées à l’internat par rapport aux autres. Seuls les élèves de la 7ème année étaient concernés dans ces écoles d’excellence.

Au lycée Ngagara, 28 élèves qui fréquentaient l’école d’excellence avaient droit au petit déjeuner chaque matin contrairement aux autres. Ils dormaient sur des matelas neufs « Dodoma ».
Même chose au lycée Makamba. Les élèves excellents avaient 3 repas par jours, les autres 2. Ils avaient leur propre dortoir, des matelas neufs.

Au lycée Saint-Marc, tous les élèves recevaient trois repas par jour. Mais les élèves excellents avaient en plus droit aux fruits trois fois par semaine. Concernant leurs conditions de logement, mêmes avantages que ceux du lycée Saint-Marc.

Côté enseignement, « un suivi particulier » leur est réservé. Et leurs enseignants ont été triés sur le volet. Chaque élève a son propre livre contrairement aux autres classes.

Signalons que le lycée Saint-Marc n’est plus une école d’excellence, depuis cette nouvelle année scolaire. Les élèves ont été orientés au lycée Ngagara.

« Il ne faut pas tout miser sur les excellents »

Pour le psychopédagogue Joseph Ndayisaba, traiter différemment les élèves d’un même établissement est une « indélicatesse » dans la gestion des rapports sociaux. La solution serait de leur réserver des établissements spécifiques.

Le Pr Ndayisaba estime, de surcroît, nécessaire d’améliorer les conditions d’apprentissage des autres établissements et ne pas tout miser sur les excellents. « Ce sont des exceptions qui ne peuvent pas à elles seules régler les difficultés auxquelles le pays fait face. »

Ce psychopédagogue considère que traiter correctement les élèves appelés à briller n’a rien d’extraordinaire : « On ne peut pas demander un effort intellectuel de haut niveau à un enfant qui loge mal et qui a faim. » Il dit espérer que les responsables de ces écoles et les enseignants recrutés sont aussi excellents que les enfants qu’ils sont chargés d’encadrer.

Signalons que les élèves des classes de seconde et première (2ème et 3ème post-fondamentale) aux écoles d’excellence ont été orientés ailleurs, depuis cette nouvelle année scolaire, sur décision du ministère de l’Education. L’objectif étant de transformer tout l’établissement en une école d’excellence.

Pour rappel, la fréquentation de l’école d’excellence suppose la réussite à un test de sélection parmi les premiers des classes de 6ème année.

Bilan de la première année des écoles d’excellence de la mairie

A l’école d’excellence du lycée Ngagara, 26 élèves sur 28 ont réussi. Le premier a 88%, le dernier 59%. 7 élèves ont plus de 80% et 12 plus de 70%. La moyenne de réussite de la classe est 71%.
Dans la classe d’excellence sur ce lycée, celui qui a moins de 55% n’a pas le droit d’avancer.

Au lycée Saint-Marc, 27 ont réussi dans une classe de 28 élèves. Le premier a 89%, le dernier 61%. 9 élèves ont plus de 80% et 11 plus de 70%. Celui qui obtient moins de 60% échoue automatiquement. Mais l’élève qui a échoué dans la classe d’excellence peut avancer de classe dans un autre établissement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Muyinga

    C’est vrai qu’il s’agit d’une question délicate surtout pour des classes d’un même établissement public. Cependant, on ne peut pas niveler par le bas ou couper les têtes qui dépassent comme dirait l’autre.
    En occident, il y a des écoles privées qui font passer des examens d’admission et qui n’accueillent que des élèves dont le niveau moyen est largement supérieur à celui des élèves qui fréquentent les écoles publiques. Et comme il faut s’y attendre, les moyens mis à la disposition de ces élèves sont colossaux. Le plus gênant dans le cas du Burundi est qu’il s’agit d’écoles publiques mais dont les classes sont traitées différemment. Quant à la discrimination, il faut faire attention! Encourager l’excellence n’est pas nécessairement discriminer les moins méritants. Le ministère pourrait créer des écoles dédiées à ces élèves…

  2. kibwa

    Je suis plutôt scandalisé par le propos de Mr Ndayisaba joseph qui a peur de condamner cette mascarade appelée cyniquement « école d’excellence ». A t-il des exemples dans le monde où on aurait agi de la sorte càd créer une excellence par decret? Mesure t-il le drame qui se joue dans un établissement où certains enfants mangent et d’autres pas? Et comment cultiver l’excellence quand on didcrimine déjà les enfants d’un me^me pays. Que pensent ces chanceux et quelle éducation morale recoivent-ils dans une ambiance de discriminatuion……..
    Ndayisaba se tait sur toutes ces questions pour caresser dans le sens du poil de Madame Ndirahisha.????…….pour que éventuellement…….peut être……..on ne sait jamais……
    KIBWA

  3. BARABIBONA Jean

    Ecole d excellence perçue comme une aberration
    Discrimination des enfants du pays sans doute, gestion par tatonnement
    Ces eleves ne frequenteront nullement leurs universites et ne seront pas prioritaires pour les emplois
    JLes autorites concernees en la matiere sont conviees a instaurer ou maintenir le concours national, le laureat dispose des potentialites de postuler dans n importe quel etablissement de son CHOIX
    SINON LE TRAJET EST ENCORE LONG

  4. Kayo

    Est-ce qu’il y aura des universités pour cette catégorie des élèves? Sinon c’est utopique

  5. kabingo dora

    Je n’en reviens qu’on puisse offrir 3 repas à certains élèves et aux autres 2 repas dans un même établissement . J’ai honte de mon pays

  6. Karerwa

    Sorry, j’appelle cela discriminations entre les enfants du Burundi. Si l’etat n’a pas assez de moyens pour investir dans l’education des futurs cadres du pays, la solution est de plutot chercher des bailleurs pour cela. J’en appelle donc au reste des ecoles (authorites, corps enseignants et eleves) qui ne sont pas « excellentes » de preparer serieusement leurs eleves de maniere a demontrer que l’investissement donne a ce petit groupe d’eleves n’est pas la vraie solution. Il est question de faire la competition pour les battre dans vos prochains concours et ex-etat.
    Bonne determination.

  7. juju

    C’est une gestion par tatonnement.

  8. Arsène

    «Ce psychopédagogue considère que traiter correctement les élèves appelés à briller n’a rien d’extraordinaire : « On ne peut pas demander un effort intellectuel de haut niveau à un enfant qui loge mal et qui a faim. » »

    A mon avis, dire que l' »on ne peut pas demander un effort intellectuel de haut niveau à un enfant qui loge mal et qui a faim » revient à dire que depuis que l’école existe au Burundi, l’éducation nationale burundaise a eu tort de faire passer le même concours aux élèves des campagnes qui logeaient dans des huttes, dormaient au mieux sur une natte,…sans parler de la qualité de l’alimentation.
    Je dirais plutôt qu’on ne peut pas espérer des miracles des élèves qui partagent un manuel à 10 ou plus, qui ont des enseignants d’un niveau discutable, des élèves que le ministère de tutelle laissent avancer de classe avec une note de 30%, des élèves qui apprennent 4 langues en même temps sachant que leurs enseignants n’en parlent et n’en ont appris qu’au mieux deux et n’en maîtrisent qu’une, la langue nationale.
    Cette école d’excellence est une aberration. J’ose espérer qu’elle disparaîtra en même temps que l’école fondamentale comme ce fut le cas pour la Kirundisation.

    Pour terminer mon commentaire, j’aimerais illustrer mon propos pas le cas d’Albert Einstein. N’a-t-il pas été considéré comme un cancre jusque vers ses 18 ans?
    J’estime qu’il faudrait donner à tous les élèves les mêmes chances, ce qui n’empêcherait pas les meilleurs de briller.
    On pourrait me dire qu’il n’y a pas de moyens mais je pense que c’est plutôt une question de volonté politique.

  9. Gacece

    On est en train de tuerle développement de ces enfants dans l’oeuf. C’est bien de créer des conditions optimales de développement pour les enfants surdoués, mais il ne faut pas pour autant négliger les autres.

    Tout le monde connaît au moins un petit surdoué de l’école primaire qui, une fois au secondaire câle carrément. Non pas parce qu’il a perdu son intelligence, mais plutôt parce qu’il était habitué à réussir sans effort. Rendu au secondaire, parce qu’il faut un effort soutenu dans la discipline, l’étude libre, les devoirs/interrogations, la prise des notes… l’enfant se retrouve désorienté et perd sa confiance.

    Cela s’applique autant aux autres niveaux d’études, que ce soit au moment de la transition entre les niveaux de classes, de cycles, d’établissement, ou quand on passe d’un niveau d’enseignement à un autre.

    Ces formes de récompenses, qu’elles soient méritées ou non, ne seront bénéfiques à long terme que si elles sont accompagnées par un atmosphère et un encadrement qui se focaliseront au développément du sens de l’effort, de la persévérance, de l’autonomisation de l’enfant pendant tout son parcours d’apprenti,… et au-delà!

    La curiosité, l’effort soutenu et la discipline devraient être les principales qualités à développer dans tout enfant. Nous connaissons aussi des personnes qui ont réussi grâce à leur persérence et à leurs efforts, sans pour autant avoir été parmi les premiers de leurs classes.

  10. NGENZIRABONA

    Au moins pour la première fois depuis 12 ans, on a une logique qui a un sens.

    Au bon vieux temps, avoir moins de 55% au Collège du Saint Esprit valait  »une bourse » vers l’athénée ou une autre école de la campagne car 55%, c’était médiocre pour un collégien digne de ce nom!
    Idem pour le petit séminaire de Buta, pour le séminaire moyen de Mugera ou de Burasira

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