Vendredi 19 avril 2024

Société

Centre-ville : Vendeuses d’arachides et policiers en courses-poursuites régulières

24/06/2021 1
Centre-ville : Vendeuses d’arachides et policiers en courses-poursuites régulières
Des vendeuses d’arachides grillées sur le parking des bus desservant Sororezo

Au centre-ville de Bujumbura, les vendeuses d’arachides grillées sont la cible des policiers. Ils les accusent de mener un commerce interdit. Elles disent qu’elles aimeraient travailler tranquillement en payant les taxes, mais l’administration ne l’attend pas de cette oreille.

Mercredi 23 juin 2021, vers midi sur la rue pavée passant tout près du siège de la BNDE en face de la galerie « Chez Dico ». Des fillettes et des jeunes femmes vendeuses d’arachides grillées se mettent à courir subitement à toute vitesse. L’alerte a été donnée, il y a des policiers dans les parages et il faut sauver à tout prix son gagne-pain.

Certains supplient des vendeurs de vêtement au bord de la route pour les aider à camoufler les arachides qu’elles proposent à tout passant, un œil dans son panier d’arachides, un autre scrutant le moindre mouvement suspect.
D’autres les cachent en dessous de véhicules garés avant de se fondre dans la masse tout en suivant ce qui se passe comme si de rien n’était. « Celles-là sont toujours comme cela », commente un jeune homme.

Les policiers ne sont pas dupes, ils parviennent à débusquer ces paniers de leur cachette temporaire. Après quelques minutes, une jeune femme, toute en sueur vient le supplier : « Chef, je t’en supplie, donne-moi mes arachides, c’est tout ce que j’ai ». Et le policier, sourire aux lèvres, fait durer ces supplications alternant avec quelques remontrances, rappelant que ce commerce est illégal au centre-ville.

« S’il te plaît, pardon! », insistera la jeune femme. Ironique, le policier devient ferme : « Va demander au marché combien s’achète le pardon et tu viendras me payer ».
Après de longues négociations, le policier va se résoudre à remettre le panier d’arachide à la jeune femme désespérée. Il arrive que ces marchandises soient confisquées.

Interrogée, la jeune femme confie que les femmes vendeuses d’arachides grillées au centre-ville vivent le calvaire. Cette dernière avait été récemment sommée de quitter, avec d’autres vendeuses ambulantes commerçantes, le petit marché à la deuxième avenue de Musaga car elles s’étaient installées dans un espace interdit.

Elles se sont alors dites qu’il faut tenter leur chance au centre-ville aux environs des parkings de bus et des vendeuses ambulantes d’arachides et de morceaux de manioc cru deviennent de plus en plus nombreuses.

Elles sont incomprises par l’administration

«Les policiers nous traquent tout le temps», regrette A.K, vendeuse d’arachides grillées depuis 2018. Elle confie que, des fois, ils confisquent leurs biens pour qu’elles aillent les récupérer en donnant de l’argent. « Ou bien nous sommes mises au cachot pour payer une amande de 20 mille BIF », renchérit sa consœur d’infortune.
Or regrette-t-elle, peu de vendeuses d’arachides ont un capital de plus de 15 mille francs. Les vendeuses ambulantes interrogées sur les parkings des bus au centre-ville font savoir qu’elles travaillent à perte à cause des policiers qui les guettent régulièrement.

« Imaginez, la mercredi dernier, ils ont confisqués mes arachides d’une valeur de 8 mille BIF et je n’ai pas pu les récupérer », réagira une jeune femme, la sueur sur le front et les lèvres sèches.

La soif et la tristesse se lisent sur le visage. Elle affirme qu’elle a essayé tout tenté dans le petit commerce sans succès. Ces vendeuses d’arachides demandent à l’administration de les laisser travailler tranquillement. «Quand elle nous permettra de travailler nous allons payer la taxe », promettent-elles.
« Je regrette, le centre-ville n’est pas fait pour le commerce d’arachides grillées », rétorque Rénovât Sindayihebura administrateur de la commune Mukaza.

« L’administration est claire sur ça et elle a donné des ordres à la police pour chasser les vendeurs ambulants au centre-ville. Il demande plutôt à ces vendeuses ambulantes d’approcher l’administration communale pour leur montre là où elles puissent effectuer leur commerce ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Kibinakanwa

    Le commerce se fait là où se trouvent les clients.
    C’est une conséquence de la paupérisation de la population.
    75% vivent en dessous du seuil de la pauvreté.
    Terrible calvaire

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