Mercredi 25 juin 2025

Politique

Campagne électorale 2025 : Morose sauf pour l’Aigle

19/05/2025 , , , et Commentaires fermés sur Campagne électorale 2025 : Morose sauf pour l’Aigle
Campagne électorale 2025 : Morose sauf pour l’Aigle
Les candidats aux législatives de la province élargie de Bujumbura se prosternent en signe de sollicitation du vote des Bagumyabanga.

A partir du 13 mai 2025, les partis politiques, coalitions des partis politiques et les indépendants ont commencé à « sillonner » le pays pour la campagne électorale en vue des élections législatives et communales. Le premier constat est que, sauf le parti de l’Aigle, les autres partis en lice ont du mal à mobiliser, à galvaniser des foules. Problèmes de moyens ou de carburant ? Certains observateurs qualifient le début de la campagne de morose.

Le parti au pouvoir, CNDD-FDD, a officiellement donné le coup d’envoi de sa campagne électorale dans la province de Butanyerera, commune Kiremba en zone Gakere en présence des membres du Conseil des Sages dont le Chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye. Dans son discours, le secrétaire général du parti, Révérien Ndikuriyo, a souligné que le choix de cette province pour le lancement de la campagne visait à rendre hommage à feu Président Pierre Nkurunziza, qualifié de « Visionnaire Permanent » du parti.

Révérien Ndikuriyo a également mis en avant la symbolique de la date du 13 mai, la considérant comme une célébration de la victoire de la démocratie au Burundi. Il a rappelé que le 13 mai 2015, un de coup d’Etat avait été orchestré pour renverser les institutions démocratiquement élues.

Selon lui, cet événement a permis de démontrer au monde entier ’’la maturité du peuple burundais dans sa détermination à préserver la démocratie’’.

Le secrétaire général du parti de l’Aigle a souligné que depuis 2005, les forces de défense et de sécurité sont composées de Burundais issus de toutes les régions et de toutes les ethnies, un exemple qui a incité la Communauté internationale à solliciter leur intervention dans d’autres pays en cas de besoin.

Il a souligné que le CNDD-FDD envisage de demander au gouvernement du Burundi de continuer à renforcer ces institutions en matière d’équipements modernes et de renforcement des capacités.
Simultanément, le parti de l’Aigle a également lancé sa campagne en mairie de Bujumbura au terrain de football communément appelé « Kwa Sebatutsi », niché dans la zone de Kanyosha, commune élargie de Mugere.

Ce lieu s’est transformé en un véritable théâtre de ferveur politique, où chants et danses célébrant la gloire du parti ont embrasé l’atmosphère. L’énergie palpable témoignait d’un engouement profond où chaque mélodie et chaque mouvement en gloire du parti amplifiait le sentiment d’unité et de soutien chez les Bagumyabanga.

Sous un soleil de plomb, le secrétaire provincial du parti CNDD-FDD dans la province élargie de Bujumbura, Alexandre Ngoragoze, a exprimé sa satisfaction face à la forte participation des militants. Il a interprété cette affluence comme un signe indéniable du soutien massif dont bénéficie le CNDD-FDD.

Cependant, la chaleur intense et la fatigue ont commencé à peser sur certains « Bagumyabanga » (militants), dont l’enthousiasme s’est quelque peu émoussé. Face à cela, le secrétaire provincial a dû rappeler à l’assistance l’importance de maintenir leur ferveur. « Vous devez applaudir sans relâche jusqu’à ce que je vous donne l’ordre de vous arrêter », a-t-il déclaré avec vigueur.

Le CNDD-FDD trace sa feuille de route pour le pays

Alexandre Ngoragoze a présenté les six axes majeurs du programme du parti au pouvoir, mettant l’accent sur une réforme profonde du système judiciaire. L’objectif principal, a-t-il souligné, est « d’accélérer les procédures et de résorber l’accumulation des dossiers en attente ».
Et d’ajouter : « Le CNDD-FDD entend réformer en profondeur le système judiciaire burundais. » Il a réitéré l’engagement du parti à assurer l’exécution rapide des jugements. Il a insisté sur la volonté du CNDD-FDD de renforcer l’efficacité et la crédibilité de la justice, affirmant que le parti veillera à ce que les décisions de justice soient appliquées sans délai.

Au-delà de la justice, le CNDD-FDD esquisse les grandes lignes de son action future dans d’autres domaines cruciaux. Sur le plan de la paix et de la sécurité, le parti réaffirme son engagement à maintenir un environnement stable pour les citoyens burundais et à contribuer à la quiétude régionale et internationale.

Sur le front de la bonne gouvernance, M. Ngoragoze a indiqué que la décentralisation du pouvoir figure parmi les priorités, dans le but de favoriser une plus « grande participation du citoyen », couplée d’une stratégie d’augmentation de la production nationale.

Le volet du bien-être social n’est pas en reste, le CNDD-FDD promet d’éradiquer les habitations précaires au profit de logements décents.

Côté Education, le parti CNDD-FDD prévoit de construire davantage les écoles fondamentales pour réduire les longues distances que parcourent les élèves. « Nous ne voulons pas qu’un élève marche plus de 2 ou 5km pour aller étudier ». En matière de santé, une hausse de la couverture vaccinale est envisagée.

Le CNDD-FDD a également promis le soutien aux initiatives locales, notamment à travers le projet « Turere Burundi » et les coopératives comme des leviers de développement rural. Il a souligné l’importance des techniques de conservation des sols dans la lutte contre l’érosion.

Dans son programme, le CNDD-FDD insiste sur la préservation de l’identité culturelle burundaise et sur la nécessité de dynamiser l’économie par le biais de l’agriculture, en particulier les cultures destinées à l’exportation. La sécurisation foncière via l’enregistrement des titres est également annoncée.

Enfin, le parti CNDD-FDD se positionne en faveur de la continuité des bonnes relations diplomatiques avec le reste du monde, tout en réaffirmant l’importance des valeurs spirituelles du pays.

Pour la 2ème et la 3ème journée de la campagne électorale, le Cndd-Fdd était respectivement en province de Buhumuza et en province Gitega.


Uprona : L’unité nationale, un pilier du développement du Burundi

Le parti du Prince Louis Rwagasore a procédé à l’ouverture de la campagne électorale au niveau national ce 13 mai 2025 dans la ville de Bujumbura. Olivier Nkurunziza, le président de ce parti, a indiqué que le Burundi a besoin d’un renforcement de l’unité nationale pour son développement.
L’Uprona veut que le SNR se présente devant l’Assemblée nationale pour présenter ses rapports

Vers 12 h dans la zone de Ngagara de la commune Ntahangwa sur le terrain dit CECINGA où la campagne de l’Uprona bat son plein, rien n’indique que c’est ce parti, à part des drapeaux du parti de l’Aigle. A côté de ces drapeaux, des militants de ce parti au pouvoir en train de siroter de la bière et du vin de banane.

C’est à 13 h qu’un long défilé des différents membres du parti Uprona au niveau national commence. Des tambours, de la musique, tout est en place pour glorifient ce parti mais les ténors de cette formation politique se font entendre.

Dans son mot d’ouverture des cérémonies, Jean-Claude Ndihokubwayo, représentant du parti Uprona dans la province de Bujumbura, est revenu sur les problèmes qu’endure la population de cette localité.

Parmi ces problèmes figure les membres du parti Uprona qui sont malmenés, la pauvreté des citoyens, la flambée des prix, la pénurie du carburant et du sucre, les coupures répétitives de l’électricité et de l’eau potable, le manque d’engrais chimiques, …

A son tour, Olivier Nkurunziza, président du parti Uprona, a indiqué que l’unité nationale est l’un des programmes principaux du parti Uprona. Il a expliqué que dans le programme de l’unité nationale, il y a des articles qui invitent les Burundais à vivre en paix et dans la diversité.
« Il faut développer le pays, en évitant toutes les divergences, qu’elles soient politiques, religieuses, ethniques, mais aussi régionales. Le parti Uprona estime dans ses programmes politiques que, pour concrétiser cela, il faut se baser sur l’Accord d’Arusha. »

Selon lui, cet accord parle de la bonne gouvernance et de la cohésion des corps de défense et de sécurité.

Un autre souci du parti Uprona est le fait que le Service national de renseignements du pays ne se présente pas devant l’Assemblée nationale pour faire son rapport, alors que, dans la Constitution de 2005, ils avaient compté rendre les rapports devant les députés.
« Même si le SNR fait partie des corps de défense et de sécurité, nous voulons qu’il se présente devant l’Assemblée nationale pour présenter les rapports. Il ne faut pas que ce soit seulement la présidence de la République qui s’en occupe, mais que ce soit également géré au niveau de l’Assemblée nationale ».

Pas de monopartisme selon l’Uprona

Le parti Uprona promet qu’une fois élu, il occupera 60 % des places et les 40 % seront occupés par les autres partis politiques. « Il ne faut pas qu’un pays soit dominé par un seul parti politique, cela montre qu’aujourd’hui il n’y a pas une diversité des partis politiques. L’Uprona est contre cela. Nous allons partager les postes avec les autres partis lorsque nous serons élus ».

D’après Olivier Nkurunziza, le programme du parti Uprona envisage de résoudre tous les problèmes qui hantent la population notamment la cherté de la vie et la pénurie de carburant. « L’Uprona a des intellectuels, des économistes chevronnés, des diplomates qui peuvent aider à résoudre ces problèmes. Une fois élus, nous allons essayer d’améliorer les relations avec les pays voisins. Notre pays va être représenté par des personnes compétentes, pas des personnes qui y vont pour percevoir l’argent seulement, mais des personnes qui ont le charisme, qui peuvent effectivement défendre le Burundi ».

Une éducation diluée

Parmi les programmes politiques du parti Uprona figure aussi l’amélioration de la qualité de l’enseignement dans les écoles publiques. Olivier Nkurunziza a indiqué qu’aujourd’hui, il y a une dilution de l’éducation et surtout de l’enseignement public. « Plusieurs personnes envoient leurs enfants dans des écoles privées, des universités privées. C’est la raison pour laquelle on essaiera dans notre programme politique de voir comment améliorer la qualité de l’enseignement dans les écoles publiques. Notre pays a besoin d’hommes de valeur qui ont le courage de valoriser la culture scientifique. Il faut qu’il y ait des recherches. Un pays sans étudiants chercheurs et sans enfants bien éduqués est un pays voué à l’échec ».

Le président du parti Uprona est revenu sur les salaires des enseignants. Il a fait savoir que si l’Uprona parvient à avoir plusieurs places au Parlement, la question des salaires des enseignants va être mise sur la table des questions prioritaires à résoudre. « Une révision des salaires des enseignants est parmi les programmes politiques de notre parti. Les enseignants perçoivent encore les salaires minimes alors qu’il y a eu une dévaluation de la monnaie jusqu’à 10 % depuis le début de cette année. L’enseignant est le pilier de l’éducation, il faut qu’il soit bien rémunéré afin de dispenser une bonne éducation. »

Le retour des Burundais qui sont en exil

Olivier Nkurunziza a également fait savoir que, parmi les programmes politiques du parti Uprona, il y a l’appel des Burundais en exil afin de reconstruire un pays de paix. « Comme nous l’avons fait dans le passé, on le fera même aujourd’hui : laisser les Burundais rentrer, réconcilier les Burundais, faire un programme de réconciliation, travailler ensemble. La cohésion burundaise aura toujours des problèmes quand on aura des réfugiés ailleurs. »

Il ne faut pas aller chercher la paix en Tanzanie ou ailleurs, poursuit-il, parce que tous les documents qui contiennent le nécessaire pour vivre en paix se trouvent ici, au Burundi. « Ce qui est nécessaire, c’est de lire, d’enseigner, d’essayer de comprendre et d’voir l’esprit de paix et de cohabitation pacifique. Cela va aider les Burundais à vivre en paix et à se développer ».

Signalons qu’en clôturant, Olivier Nkurunziza a montré aux membres du parti les différents candidats aux élections législatives de juin 2025.


Francis Rohero : « Nous ne venons pas promettre, mais peser pour un changement »

Au cours d’un entretien exclusif, Francis Rohero, président du parti Fraternité des Patriotes-Ineza (FPI), a détaillé la vision de sa formation politique.
Francis Rohero ( au centre ) : « Notre vision pour le Burundi, un pays qui respire la prospérité, l’ambition et la paix. »

Francis Rohero refuse catégoriquement toute promesse électorale démagogique. Il met plutôt l’accent sur un rôle « d’équilibre et de contrepoids » face à l’Exécutif tout en préparant méthodiquement le terrain pour l’échéance cruciale de 2027.

Dès les premiers échanges, Francis Rohero prend soin de modérer les attentes populaires. « Il est essentiel de comprendre que ce ne sont pas des élections qui vont faire de nous des décideurs immédiats ».
Dans un régime présidentiel aussi marqué que celui du Burundi, où l’exécutif tend à dominer les autres pouvoirs, le législatif dispose, selon son analyse, d’une marge d’action délibérément limitée.

« Notre mission consiste avant tout à peser par notre imagination, nos convictions inébranlables et nos valeurs fondamentales. » Il souligne que le FPI veut avant tout ’’rétablir une confiance perdue’’ sans jamais verser dans des promesses et des mensonges électoraux.

Un programme centré sur 5 piliers

Le projet de société de la Fraternité des Patriotes Ineza (FPI) se dévoile à travers cinq piliers fondamentaux, esquissant une vision pour l’avenir du Burundi. Au cœur de cette initiative réside un rêve d’une Nation prospère, ambitieuse et profondément pacifique.
« Notre vision pour le Burundi, un pays qui respire la prospérité, l’ambition et la paix », déclare-t-il avec conviction, esquissant le premier pilier de leur projet de société.

Le manifeste du parti, deuxième principe fondamental, analyse sans détour les difficultés actuelles. « Les Burundais ne se battent pas contre des ennemis extérieurs », affirme-t-il tout en pointant du doigt un « manque de leadership éclairé » comme l’obstacle majeur à la résolution des problèmes.

Le FPI aspire à développer une production nationale capable de « satisfaire le Burundi ». « Tant qu’on n’investira pas pour résoudre nos problèmes, tant que nos besoins resteront chroniquement insatisfaits, nous vivrons dans des guerres et des querelles politiques stériles ». Il insiste sur la nécessité d’investir dans l’économie pour satisfaire le politique.
Le troisième principe met l’accent sur la formation et l’éducation. Le FPI souligne l’urgence d’investir dans l’éducation, de la primaire à l’université. « On ne peut pas résoudre ces problèmes sans y avoir été formé ».

Une rupture avec les pratiques traditionnelles

Le parti FPI distingue ses adhérents des « adeptes » traditionnels des partis politiques, qui « suivent parce qu’ils vont avoir quelque chose. » Le FPI ambitionne de « former les gens à comprendre ces défis pour les résoudre » tout en insistant sur la nécessité de « suivre des formations ».

L’engagement constitue le quatrième pilier. « Celui qui a appris ne s’engage pas nécessairement », reconnaît-il. Il souligne que c’est cet engagement qui « va élever de nouveau les hommes et les femmes politiques ».

Francis Rohero illustre cet engagement par la présentation de listes électorales transparentes, où chaque Burundais peut identifier les candidats. « Quoique nous n’acceptions pas les listes bloquées, nous faisons l’effort de montrer les personnes qui figurent sur nos listes. » Selon lui, ce sont de « jeunes gens » préparés aux « valeurs d’Ubuntu, d’Ubushingantahe et d’Ubugabo ».

Enfin, le cinquième principe concerne les décisions de campagne. « Nous ne venons pas aujourd’hui pour promettre des réalisations matérielles. » Il rejette cette approche comme n’étant « pas le rôle d’un député » et même « pas possible dans la logique. »

Le parti FPI entend « transformer ces programmes politiques » en un engagement tangible et transparent envers la nation burundaise.
En cas d’obtention de sièges, le parti FPI envisage une « cohabitation constructive » avec le gouvernement actuel jusqu’en 2027. D’ailleurs, Francis Rohero souligne que « le président de la République lui-même a pointé du doigt les dysfonctionnements : justice défaillante, finances mal gérées, agriculture chaotique. » Ainsi, le parti compte être sur plusieurs fronts et pouvoir ’’peser’’.

Premièrement, le FPI vise à réduire drastiquement le train de vie de l’Etat, rappelant que « les budgets de l’État sont passés de 1 800 à 5 200 milliards depuis 2020, alourdissant les impôts et appauvrissant les familles ».

Deuxièmement, la FPI entend obliger l’Exécutif à privilégier les investissements dans les secteurs productifs clés tels que l’énergie, l’agriculture et les mines, plutôt que de se concentrer sur la dépense publique.

Enfin, le parti insiste sur la nécessité d’encadrer la numérisation de l’administration tout en affirmant que « la corruption persiste par manque de volonté politique, et non par manque de moyens ».

Face aux pénuries tels que le carburant et la cherté des produits de base, Il balaie les solutions simplistes. « Notre rôle n’est pas de promettre des devises ou du carburant, mais d’aider à rétablir la confiance. » Pour lui, la priorité est d’inverser la logique : « Que les Burundais investissent plus qu’ils ne dépensent ».


CNL : Un programme ambitieux pour un nouveau Burundi

Le parti Congrès national pour la liberté (CNL), a lancé sa campagne avec un ton revendicatif. Entre ferveur populaire et dénonciation politique, il a dressé un bilan sévère de la gouvernance actuelle et la promesse d’un nouveau Burundi sans corruption, démocratique et prospère.

Commencée plus tard que prévue, la campagne du CNL a débuté dans l’après-midi. Les militants venus de différentes provinces du pays se sont réunis au centre-ville de Gitega pour un défilé haut en couleurs, arborant drapeaux, t-shirts et pancartes aux slogans du parti.

Début d’un défilé au centre-ville de Gitega

Ce cortège a convergé vers le terrain de football du quartier Shatanya où plusieurs cadres du parti ont pris la parole pour galvaniser les troupes. Le secrétaire provincial du parti a salué l’engagement des militants, les appelant à rester mobilisés tout au long de la campagne.

Il a également dénoncé ce qu’il a qualifié de campagne biaisée orchestrée par les autorités administratives, policières et locales. Comme il a indiqué, les militants du CNL subissent toujours des intimidations, emprisonnements et séquestrations dans plusieurs endroits de la province de Gitega. Il a cité nommément les communes de Makebuko, Shombo, Rutegama et Muramvya où les militants sont souvent maltraités et emprisonnés.

Bilan sévère de la gouvernance actuelle

Mais dans ce début de campagne, c’est l’intervention passionnée de Nestor Girukwishaka, président du CNL, qui a marqué les esprits. Dans un discours fleuve, il a dressé un bilan sévère de la gouvernance actuelle. Selon lui, le temps est venu de tourner la page de la pauvreté, de la peur et de la corruption.
« Ce régime a confisqué la démocratie, étouffé les libertés, et trahi les espoirs du peuple. Mais vous, militants du CNL, vous êtes la force du changement. La victoire est entre vos mains ! » Dans son élan mobilisateur, il a exhorté les membres du parti à ne pas céder au découragement ni aux intimidations.

« Ce que le pouvoir redoute, c’est votre courage, votre voix, votre vote. Soyez debout, fiers, engagés ! Nous allons arracher notre victoire dans les urnes, pacifiquement mais fermement ! »
Dans un ton résolument offensif, il a accusé le pouvoir en place dirigé par le CNDD-FDD depuis 2005 d’avoir plongé le pays dans une spirale de pauvreté, d’insécurité et de régression sociale.
Sous les applaudissements nourris du public, il a lancé : « Ce régime a confisqué la démocratie, institutionnalisé la corruption et détruit l’avenir de nos enfants ».

Dans son allocution touchant tous les domaines de la vie du pays, il a aussi vivement dénoncé les dysfonctionnements au sein de la Commission Électorale Nationale Indépendante CENI, CEPI, CECI accusées d’avoir rejeté les listes des candidats et mandataires politiques du CNL dans de nombreux bureaux de vote à travers le pays.
« Je comprends mal comment on parle d’élections libres quand on nous empêche de concourir à armes égales ? La vérité, c’est que la CENI n’est pas indépendante face à la volonté des dirigeants actuels !»

Évoquant son programme de gouvernement, Nestor Girukwishaka a promis de tout changer en cas de victoire qu’il affirme d’ailleurs déjà acquise. Il a annoncé des réformes profondes dans les domaines de la société, de la sécurité, de l’éducation, de la santé et de l’économie.
Il a également promis un pays débarrassé de la corruption et une démocratie restaurée. « Si vous voulez du changement véritable, posez-vous la question de comment on peut sortir du gouffre que les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir n’ont jamais trouver la solution de s’en sorti !»

Cette première journée donne le ton d’une campagne qui s’annonce vive, tendue et déterminante. Le CNL semble vouloir capitaliser sur le mécontentement grandissant d’une partie de la population, tout en mobilisant sa base militante avec force. Mais pour Nestor Girukwishaka, la victoire est déjà acquise.
« Ce que nous vous promettons, c’est un Burundi pour tous, pas pour une poignée de privilégiés. Un pays où chaque enfant peut rêver, apprendre, réussir. C’est cela, notre projet. Et avec votre mobilisation, il deviendra réalité !»

Une promesse : restaurer la démocratie et l’espoir

Faisant écho aux attentes populaires, M. Girukwishaka a insisté sur la nécessité d’instaurer un Etat de droit, où la justice est indépendante, les libertés fondamentales respectées, et la presse libre de jouer son rôle. Il a dénoncé les manipulations électorales passées, les intimidations, et les arrestations arbitraires de militants de l’opposition.
« Ce que nous promettons au peuple burundais, c’est un pays où plus jamais personne ne sera emprisonné pour ses idées, un pays de droits, pas de privilèges », a-t-il affirmé.

Nestor Girukwishaka n’a pas manqué d’égrener les grandes lignes du programme électoral du CNL, qu’il a présenté comme une véritable rupture. Rejetant la continuité, il a plaidé pour une refondation des institutions et un changement de cap radical.

Le projet de société du CNL repose sur six piliers majeurs : la justice, la sécurité, l’éducation, la santé, l’économie et la bonne gouvernance. Sur la question de la corruption, il a promis une tolérance zéro, avec des mécanismes de transparence renforcés et la création d’une autorité indépendante de lutte contre la corruption. En matière de sécurité, il a promis de démilitariser la vie civile et de restaurer un climat de paix et de confiance entre la population et les institutions.

Côté éducation, les mots ont été durs : il a parlé d’un système éducatif en ruine où enseignants et élèves sont abandonnés, faute de moyens et de volonté politique. Il a promis une réforme structurelle du secteur, avec des investissements massifs dans les infrastructures scolaires, la revalorisation du métier d’enseignant.

En santé, son plan inclut la couverture médicale universelle, la réhabilitation des hôpitaux et la lutte contre les déserts médicaux en zones rurales.

Enfin, sur le plan économique, le CNL promet un environnement propice à l’entrepreneuriat, au développement de l’agriculture, et à la création d’emplois pour la jeunesse.

En clôture de son discours, Nestor Girukwishaka a accueilli les nouveaux membres et a invité les Burundais à faire le choix du changement, à tourner la page des souffrances et à ouvrir celle de l’espoir. Pour lui, le CNL représente l’unique chance de bâtir un Burundi nouveau, juste et prospère.


RANAC : L’agriculture et l’élevage au cœur de sa stratégie de relance économique

Le Rassemblement National pour le Changement (RANAC) place l’agriculture et l’élevage au cœur de sa stratégie de relance économique.

Il propose que chaque famille burundaise dispose au minimum d’une vache et de parcelles de terre correctement entretenues, tout en favorisant la mécanisation pour accroître la productivité et réduire la pénibilité du travail paysan.

Le parti s’engage également à résoudre la distribution aléatoire et la mauvaise qualité des engrais chimiques, en garantissant leur disponibilité en temps opportun et leur efficacité.
Sur le plan de l’éducation, le RANAC envisage une réforme totale de l’enseignement fondamental. Selon lui, il convient de repenser le le programme pour mieux l’adapter aux besoins du marché du travail, renforcer les compétences pratiques des élèves et réduire le fossé entre formation scolaire et emploi.

L’industrialisation figure aussi parmi les priorités : le parti souhaite créer dans chaque province des unités de transformation agroalimentaire. Ce maillage territorial doit non seulement stimuler l’emploi des jeunes, mais aussi valoriser les productions locales, limitant ainsi les importations et renforçant la souveraineté alimentaire.

En matière de justice, le RANAC se veut intraitable : il promet d’éradiquer la corruption et de lutter contre les lenteurs judiciaires en éliminant favoritismes et décisions arbitraires. Enfin, le parti ambitionne de moderniser les infrastructures de santé afin de mettre fin aux évacuations sanitaires vers l’étranger, souvent coûteuses et sources d’inégalités d’accès aux soins.


Le Sénat et l’institution de l’Ombudsman dans le viseur du CDP

Pour le Conseil des Patriotes (CDP), la stabilisation sociale, sociopolitique et émotionnelle des Burundais est une priorité absolue. Le parti propose une rationalisation des institutions.

Il souhaite supprimer le Sénat, réduire le nombre de députés à l’Assemblée nationale et dissoudre l’organe de l’Ombudsman. Ces mesures visent à optimiser les ressources publiques, à renforcer l’efficacité législative et à simplifier le dispositif gouvernemental.

Sur le plan éducatif, le CDP ambitionne une réforme en profondeur de tous les niveaux d’enseignement, du primaire à l’université, afin d’offrir aux jeunes, notamment les plus défavorisés, une éducation de qualité fondée sur les valeurs nationales.

Cette politique vise à former une génération compétente et engagée, capable de diminuer le chômage juvénile et de porter le pays vers un avenir prospère.

Le volet social inclut la gratuité des soins pour les personnes âgées non bénéficiaires de pensions, ainsi que la promotion de la culture burundaise et de la langue nationale, le kirundi, comme outils de cohésion et d’identité.

Sur le plan économique, l’agriculture demeure le pilier du programme CDP. Le parti compte étendre les terres arables, encourager les coopératives agricoles et moderniser les méthodes de production pour garantir la sécurité alimentaire et stimuler la croissance.

Parallèlement, il mise sur l’énergie propre : promotion de l’usage du gaz domestique, réduction des taxes à son importation, et investissements dans les énergies alternatives pour assurer un avenir durable.

Enfin, le CDP entend rénover les transports publics et maritimes pour désenclaver les régions isolées et faciliter les échanges commerciaux. Il propose également d’introduire des systèmes de paiement numériques dans les transports, renforçant la transparence et l’efficacité du secteur.


BBB : « Toutes les lois liberticides seront abrogées »

Evincer le CNDD-FDD du pouvoir, redynamiser et réformer les Forces de défense et de sécurité, une démocratie basée sur le multipartisme, mettre en place un appareil judiciaire indépendant, abroger les lois liberticides, remettre les partis « nyakurisés » à leurs leaders, gestion du patrimoine de l’Etat par les citoyens, stopper la fuite des cerveaux dans le secteur de l’éducation et de la santé… Quelques points du programme politique de la Coalition »Burundi Bwa Bose » rendus publics ce jeudi 15 mai à Bujumbura.

La Coalition « Burundi Bwa Bose » (le Burundi pour tous) a préféré ouvrir sa campagne électorale par une conférence publique tenue ce jeudi 15 mai Bujumbura, capitale politique.

Au cours de cette conférence, Patrick Nkurunziza, président de la Coalition, a d’abord annoncé la devise de la Coalition qui est : « Twubake Uburundi, Uburundi bw’Iteka, Uburundi Bushasha » (Bâtissons un Burundi, un Burundi digne, un Burundi nouveau), tous en renchérissant : « Ce n’est pas une coalition des seuls quatre partis politiques, mais une coalition de tous les Burundais qui souffrent des dérives du pouvoir du CNDD-FDD ».

Il a ensuite dévoilé 36 points contenus dans le programme politique de la Coalition dans le cadre des élections du 5 juin. Un programme politique, a-t-il précisé, à mettre en avant si la Coalition remporte les élections.

Patrick Nkurunziza : « Nous allons renforcer la démocratie basée sur le multipartisme et les élections libres et apaisées »

D’emblée, la Coalition entend évincer le parti CNDD-FDD au pouvoir. Elle promet de redynamiser et réformer les forces de défense et de sécurité pour les rendre plus professionnels. Haranguant ses militants et sympathisants, Patrick Nkurunziza fait savoir qu’il va redonner la parole aux Burundais, restaurer leur dignité sans considération aucune et faire respecter leurs droits.

Pour le président de la BBS, le renforcement de la démocratie basée sur le multipartisme et les élections bien préparées dénuées de toute terreur et fraude sera le leitmotiv de la coalition.

Il compte mettre en place un appareil judiciaire indépendant en le dotant de moyens techniques et financiers suffisants en vue de rendre tout burundais libre.

Le président de la coalition prévoit revoir et redynamiser la mission de la CVR pour que les crises qui ont endeuillé le Burundi soient écrites et connues de tous les Burundais. « Vous savez que cette Commission est sous le contrôle du pouvoir du CNDD-FDD », épingle-t-il.

Patrick Nkurunziza et ses coalisés n’oublient pas de redynamiser les relations entre le Burundi et les autres pays notamment ceux de la sous-région, particulièrement avec le Rwanda. « Arrivés au pouvoir, nous allons réchauffer le dialogue entre le Burundi et le Rwanda pour que les deux voisins renouent leurs amitiés d’antan. Nous allons rouvrir les frontières hic et nunc », martèlent-ils.

Abroger à tout prix les lois liberticides

Le président du parti de Melchior Ndadaye laisse entendre qu’il va libérer tous les prisonniers injustement incarcérés sans condition, sans oublier les prisonniers politiques (jeunes, femmes, militaires) notamment ceux accusés d’être impliqués dans le putsch de 2015. Et d’ajouter qu’il va rapatrier tous les réfugiés partout où ils se trouvent et sans condition.

Par ailleurs, fait-il observer, la Constitution a été parfois révisée en violation de l’Accord d’Arusha. Pour lui, toutes les lois liberticides, c’est-à-dire, qui contiennent des restrictions contre la liberté des membres de la société civile, verrouillant l’espace politique et médiatique vont être abrogées.
« Il sera mis en place des lois qui donnent aux citoyens la latitude de démettre tous les élus qui oublient l’électoral tout en mettant en place des bureaux des députés dans toutes les provinces pour que les citoyens puissent exprimer leurs préoccupations », ajoute M. Nkurunziza.

En outre, fait-il constater, les députés et sénateurs ont les mains liées et ne jouissent pas d’indépendance dans l’analyse et adoption des lois. Ils sont sous l’emprise du parti au pouvoir. Il promet d’édicter une loi coupant toutes ces ficelles.

« Il faut restaurer la prérogative autrefois dévolue au Parlement de pouvoir démettre le président de la République et le gouvernement de leurs fonctions en cas de haute trahison ». Aujourd’hui, déplore-t-il, ils ne le peuvent pas tout en faisant remarquer que le chef de l’Etat a la pleine prérogative de dissoudre le Parlement.

Comme le prévoit la Constitution actuelle, tient-il à le rappeler, Patrick Nkurunziza va mettre en place la haute Cour de justice pour poursuivre et juger les hautes autorités telles que le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et celui du Sénat, le Vice-président, le Premier ministre.

La Coalition va aussi réviser les lois qui régissent la CVR, la CNID, l’institution de l’Ombudsman, la CENI pour qu’elles travaillent en toute indépendance.

Le président de la Coalition entend réviser les dispositions sur les listes bloquées, les indépendants sans oublier les coalitions pour que ces dernières continuent à fonctionner même après les élections.

« Nous allons mettre en place un organe indépendant chargé d’agréer et de gérer les partis politiques afin de mettre fin au phénomène de « Nyakurisation » », annonce-t-il, tout en promettant de remettre les partis « Nyakurisés » à leurs leaders.

A son agenda, informe M. Nkurunziz, se trouve aussi la mise à terme de la terreur orchestrée à l’endroit des partis de l’opposition.
« Aucun parti politique ne pourra plus mettre un organe des jeunes sans que les dernies d’atteignent 18 ans. Un parti politique qui va passer outre cette loi sera rayé de la liste. Les enfants seront sous l’encadrement des parents et de l’Etat. Plus jamais entendre dire « Ibiswi vy’Inkona » (les petits de l’aigle) », met-il en garde.

L’économie, l’éducation, la santé, la culture ne sont pas en reste

Au premier plan, fait savoir le président de la coalition, le patrimoine et le trésor de l’Etat doivent être gérés et contrôlés par les citoyens qui sont les principaux contribuables.
« La commune sera le véritable pôle de développement. Elle sera dotée de moyens financiers suffisants et d’une autonomie de gestion financière pour réaliser les projets de développement », tout en précisant : « Il y aura un fonds communal pour soutenir les projets des jeunes et des femmes en leur accordant un prêt de 30% des fonds qui sont utilisés dans la commune ».

Il envisage accorder des facilités aux investisseurs locaux et étrangers tout en garantissant de poursuivre et punir tous ceux qui détournent les deniers publics. Une solution à la flambée des prix est inscrite à son agenda.

Par ailleurs, promet-il, il y aura restructuration du secteur éducatif et de la santé tout en accordant un salaire décent aux enseignants et aux médecins, redorer l’image de l’université, rénover et restaurer les homes universitaires. « Nous devons stopper la fuite des cerveaux dans le secteur de l’éducation et de la santé. » Enfin, il compte promouvoir et protéger les artistes burundais.

Au moment où certains partis font des meetings dans les stades, les hôtels, les salles de conférences, …. D’autres ont adopté le mode « Cengetos » (porte-à-porte) comme Alliance pour la Paix, la Démocratie et la Réconciliation (APDR).

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