Mardi 15 octobre 2024

Société

Bujumbura : Certains maçons et charpentiers dans le désarroi

22/07/2021 1
Bujumbura : Certains maçons et charpentiers dans le désarroi
Quelques maçons, charpentiers et aide-maçons attroupés à la place communément appelé « Main-d’œuvre »

Ils sont nombreux à se lamenter suite au chômage dans lequel ils sont plongés. La rareté et la cherté des matériaux de construction seraient, pensent-ils, à l’origine de cette situation.

Il est 12h. Nous sommes sur la RN°I, Bujumbura-Bugarama. Des gens de tous âges, des jeunes, des adultes voire des sexagénaires, sont massés le long de cette route du côté du quartier Taba, zone Gihosha, en commune urbaine de Ntahangwa, de la mairie de Bujumbura.

D’autres sont assis sous un manguier à l’abri du soleil. C’est à l’endroit communément appelé « Main-d’œuvre ». On dirait qu’ils attendent un bus. Ils sont là depuis le matin.
Ce sont des maçons, des charpentiers, des aide-maçons (une cinquantaine) venus des communes de Bujumbura qui sont à la recherche du travail.

La désolation et le désespoir se lisent sur leurs visages. Quand ils voient un véhicule qui s’arrête tout près d’eux ou quelqu’un qui va vers eux, ils accourent et s’attroupent tout autour tout en criaillant « Eh, vous cherchez un maçon, un charpentier, un aide-maçon ? Je suis là », tout en levant en même temps les doigts comme les enfants de l’école primaire qui veulent répondre à la question facile du maître.

Source de leur malheur, la cherté des matériaux de construction

« Trouver du travail pendant ces jours-ci est un véritable parcours du combattant », confie Jérôme Minani, alias Buryohe, un sexagénaire originaire de la colline Murambi, commune Isare.

Il exerce le métier de maçon et de charpentier depuis les années 1980. Selon lui, cette situation serait dû à la rareté des matériaux de construction. « Ceux qui ont des chantiers ne nous cherchent plus. Le ciment Buceco est devenu rare. Le fer à béton mêmement coûte cher. La rupture des stocks est récurrente. Les choses changent sous nos yeux », se lamente-t-il.

Interrogé si ce chômage ne serait pas lié au nombre sans cesse croissant des demandeurs d’emploi, M. Minani répond par la négative. « Il est vrai que pendant la saison sèche le nombre d’aide-maçons augmente suite aux élèves qui cherchent le matériel scolaire. Mais cette année est atypique par rapport aux années antérieures. Personne ne pouvait manquer du travail pendant la saison sèche. On était tiraillé, sollicité à gauche à droite ».

Il fait savoir qu’il vient de passer trois jours sans obtenir du travail. Et de préciser qu’il s’endette pour nourrir sa famille. Il ne voit pas comment il va trouver les frais et le matériel scolaire pour ses enfants.
Mêmes lamentations du côté d’Elvis Ntabindi, un aide-maçon depuis 2013. Il évoque lui aussi la rareté du ciment. Il vient de totaliser 5 jours sans travailler.

Firmin Nsabimana est un charpentier originaire de la colline Mageyo, commune de Mubimbi. Il exerce ce métier depuis 1981. Il se pointe à la place communément appelé « Main-d’œuvre », depuis vendredi dernier. Il est désemparé. Personne ne l’embauche.

Il ne voit pas comment il va nouer les deux bouts du mois. Il ne trouve pas d’explication à cette situation. « Cette situation est inhabituelle pendant la saison sèche. Mais je pense que c’est dû à la pauvreté qui s’observe partout dans le pays ». Et de s’interroger ce qu’il adviendra pendant la saison pluvieuse.
Signalons qu’actuellement un maçon touche 12 mille BIF par jour, un charpentier perçoit 15 mille BIF par jour et un aide-maçon reçoit entre 6 mille et 7 mille BIF par jour.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Stan Siyomana

    1. « …Le ciment Buceco est devenu rare. Le fer à béton mêmement coûte cher. La rupture des stocks est récurrente. Les choses changent sous nos yeux », se lamente-t-il.
    2. Mon commentaire
    Aux Etats-Unis, le prix du bois de charpente (random length lumber) a augmenté de 221,5% en l’espace de 6 mois (prix de 500 dollars pour 1.000 board feet = 2,36 mètres cubes le 28 octobre 2020 et 1.607,50 dollars pour 2,36 mètres cubes le 6 mai 2021.
    C’était dû en partie au fait que pendant la pandémie de Covid-19, beaucoup de gens n’allaient plus au travail et ils ont profité de ce temps libre pour faire du bricolage dans leurs maisons.
    https://www.barchart.com/futures/quotes/LSY00/interactive-chart
    https://markets.businessinsider.com/commodities/news/lumber-price-outlook-forecast-back-to-pre-pandemic-levels-homebuilding-2021-7

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Le nouveau découpage administratif. Appréhensions et questionnements

Le 16 décembre 2022, une nouvelle loi de redécoupage administratif, instituant 5 provinces, 42 communes, 447 zones et 3036 collines ou quartiers, a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Parmi les raisons avancées figurent : rapprocher l’administration des citoyens, (…)

Online Users

Total 1 425 users online