Vendredi 04 octobre 2024

Politique

Bubanza/Mpanda : une Permanence du Frodebu détruite à coups de pioches

13/09/2024 0
Bubanza/Mpanda : une Permanence du Frodebu détruite à coups de pioches
Tout ce qui reste de la Permanence du Frodebu à Butembe

Alors que l’administration locale avait interdit l’ouverture de la Permanence du parti Sahwanya- Frodebu de la colline Butembe en commune Mpanda dans la nouvelle province de Bujumbura, ce local a été détruit deux jours après. Le Frodebu dénonce une énième intolérance politique. La Ceni appelle au respect mutuel en vue d’une compétition électorale loyale.

Colline Butembe, zone Butanuka, commune Mpanda, province de Bujumbura. C’était la désolation dans la matinée de ce mardi 10 septembre 2024 : une Permanence du parti Sahwanya- Frodebu sur cette colline a été complètement dévastée dans la nuit du 9 septembre 2024.

Deux murs à moitié démolis, mais débout, peints aux couleurs du parti Frodebu à l’intérieur, un amas de briques adobes et une charpente avec quelques tôles ondulées., C’est tout ce qui reste de cette Permanence. Des ruines.
Selon Barthélémy Ngendabanyikwa, représentant communal du Frodebu, ce forfait a été commis par des « inconnus » avec des pioches.

« C’est désolant ce qui s’est passé. Les ennemies de la démocratie ont pris pour cible la Permanence du parti Frodebu de la colline Butembe. Ils l’ont presque totalement détruite à coups de pioches », s’indigne-t-il.
D’après lui, des habitants de cette colline ont tenté d’intervenir pour arrêter la destruction mais ils ont été bloqués à l’intérieur de leurs ménages.

Depuis que ce local a été peint, signale toujours Barthélémy Ngendabanyikwa, des choses maladroitement incroyables ont commencé à se manifester. « Dès le 31 août 2024, la porte et la fenêtre de cette Permanence ont été enlevées. Mais, nous n’avons pas cédé et nous avons décidé finalement de l’inaugurer le 7 septembre 2024. »

Malheureusement, déplore ce représentant communal, l’administration de la commune Mpanda a interdit l’ouverture de cette permanence évoquant « une possible perturbation du recensement en cours selon l’ordre du ministre. »

« Le 6 septembre 2024, on a reçu une injonction, de la part de l’administration, de ne pas l’ouvrir puisqu’on nous a dit qu’aucune réunion n’est autorisée avant la fin du recensement en cours. Nous l’avons ainsi accepté. »

Barthélémy Ngendabanyikwa appelle au respect des droits des partis politiques, en l’occurrence le Sahwanya Frodebu. Il réclame une enquête sincère et neutre pour identifier ces « casseurs ».

Une délégation nationale du parti s’est rendue à Butembe

La population de la colline Butembe devant le local détruit

Après la démolition de la Permanence du parti Sahwanya-Frodebu à Butembe, une délégation nationale du parti s’est rendue, dans la matinée de ce jeudi 12 septembre 2024, sur les lieux pour s’enquérir de la situation et constater les dégâts.

La peur aux visages, la population environnante est venue voir ce qui s’est réellement passé. Alexis Niyonkuru, chef de cette délégation et secrétaire national à la mobilisation et au recrutement de nouveaux membres, a appelé la population massée devant le local démoli d’être vigilante et de rester solidaire lors de tels cas.

« Aujourd’hui, ils viennent de détruire la Permanence du parti Sahwanya-Frodebu. Demain ça sera les écoles, les structures sanitaires et les ménages des gens », a lancé Alexis Niyonkuru.

Devant cette Permanence détruite, Alexis Niyonkuru et Jean-Claude Ndayisaba, cadre d’appui au secrétariat général du parti Frodebu et d’autres représentants locaux du parti, ont hissé un nouveau drapeau. « Cette Permanence sera bientôt réhabilitée et inaugurée », ont-ils laissé entendre.

Le chef de colline Butembe indique que ces « casseurs » ne sont pas encore identifiés, mais il assure que les enquêtes sont en cours. « J’habite à quelques 120 m de cette Permanence écroulée. J’ai été réveillé par quelqu’un vers minuit après une alerte d’un voisin qui a signalé avoir entendu une moto passer et vu des hommes vêtus de longs manteaux. Nous nous sommes très vite dépêchés sur les lieux pour les en empêcher mais ils étaient déjà partis ».

Cet administratif à la base indique que nonobstant ces faits, la cohabitation est bonne entre les membres des partis politiques.

Pour rappel, en zone Mitakata de l’ancienne province de Bubanza, une Permanence zonale de ce même parti Frodebu a été déjà vandalisée à deux reprises. Le dernier cas en date est survenu dans la nuit du 5 à 6 août 2024.

« C’est une atteinte à la démocratie et à la paix »

Le président du parti Sahwanya Frodebu dit être profondément préoccupé par la recrudescence du vandalisme ciblant les permanences de son parti à Bubanza. Selon lui, ces actes de violence ne sont pas seulement une attaque contre son parti mais aussi une atteinte à la démocratie et à la paix au Burundi.

« La situation actuelle est alarmante. Des membres de notre parti ont été contraints de fuir en raison des menaces et des intimidations. Cela démontre un climat de peur qui ne devrait pas exister dans une société démocratique », déplore Patrick Nkurunziza.

Le président du parti Frodebu appelle à la solidarité de tous les Burundais, indépendamment de leurs affiliations politiques pour condamner ces actes de violence. « La démocratie ne peut prospérer que dans un environnement où chacun se sent en sécurité et respecté ».
Patrick Nkurunziza indique que son parti reste déterminé à poursuivre son objectif et à « défendre les droits et les intérêts de tous les Burundais ».
« Nous ne laisserons pas ces actes de vandalisme nous détourner de notre objectif de construire un Burundi meilleur pour tous ».

Un comportement incivique à déplorer

François Bizimana : « Que la justice fasse son travail »

D’après François Bizimana, commissaire à l’Education électorale et chargé de la communication à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), ce qui s’est passé à Butembe démontre un comportement incivique à déplorer. « C’est le trouble à l’ordre public. S’attaquer à et détruire une maison de quelqu’un sont une violation de la loi et une atteinte aux droits humains. Par conséquent, la justice devrait faire son travail ».

Ce commissaire rappelle que dans un processus électoral, la Ceni n’a pas la prérogative de juger. Elle n’a pas de prison. Elle n’exige pas non plus de couvrir les dommages causés. « À travers son commissariat à l’Education électorale, la Ceni est chargée seulement de vulgariser les valeurs démocratiques (tolérance, coopération, respect des biens d’autrui, respect des symboles des partis, etc.) ».

Par rapport à ce qui s’est passé, précise toujours François Bizimana, seuls les partenaires de la Ceni, en l’occurrence le Ministère public et l’administration territoriale ont la prérogative de s’en saisir. « Ils seront dans ce cas en train de bien contribuer au bon fonctionnement de la république ».

Par ailleurs, insiste le chargé de la communication à la Ceni, l’administration territoriale devait aider à vulgariser, tout comme va continuer à le faire la Ceni, les contenus du Code électoral, de la loi sur les partis politiques et celle réglementant les réunions et manifestations publiques ainsi que les dangers de la communication violente et de la manipulation de la jeunesse.

François Bizimana rappelle enfin aux partis politiques qu’ils ont le devoir d’apprendre à leurs militants et sympathisants les valeurs démocratiques. Car une vraie démocratie commence à l’intérieur des organisations politiques. « Ils doivent respecter l’idée de l’autre en vue de se préparer à une compétition électorale loyale ».

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