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Politique

Jardins pénitentiaires : à la rescousse des détenus malnutris

13/12/2017 2

Le CICR a officiellement remis, le 24 novembre dernier, le projet de jardins pénitentiaires à la DGAP. Initié en 2016, il a pour but de répondre à la malnutrition des détenus. Les bénéficiaires se disent satisfaits.

Gervais Hajayandi : « Désormais tout nouveau détenu doit subir un test de IMC ».

Selon la Direction générale des affaires pénitentiaires (DGAP), 87% des détenus souffrant de la malnutrition ont retrouvé leur poids sain entre février et août 2017 après avoir consommé des légumes. « La consommation des légumes a amélioré ma santé. Mon poids est passé de 53 kg à 63 kg en six mois », témoigne Alexis Habonimana, un détenu dans la prison de Gitega. Ces jardins pénitentiaires (champs de légumes) permettent aux détenus d’équilibrer leur régime alimentaire.

Emmanuel Mugisha ne tarit pas d’éloges : « Je suis entré en prison avec 52 kg, mais maintenant j’ai 59kg.» Selon lui, le projet présente un double avantage. Les détenus sont associés dès le semis jusqu’à la récolte et la consommation de ces légumes. « Le projet m’aidera dans l’avenir car une fois relaxé, je vais continuer à cultiver ces légumes et apprendre aux autres le métier. »

«Après avoir été soumis au régime des légumes, ma santé s’est améliorée. Mon poids a augmenté de 5kg », affirme Méthode Ndoricimpa, un détenu rencontré dans la prison de Muramvya.

Pour Edouard Misago, délégué général des détenus à Muramvya, le projet aide énormément dans le traitement de la malnutrition. La plupart des détenus, explique-t-il, perdent leur poids au moment où ils sont dans les cachots de la police. Ils entrent souvent dans les maisons de détention avec un sous poids. La consommation des légumes, ajoute-t-il, les aide à recouvrer leur poids. Et de conclure : « Le projet est venu suppléer au déficit alimentaire pour ceux qui n’ont pas d’argent ou de familles qui leur apportent de la nourriture.»

Un projet largement réussi

Vanessa Sharp : « Le Burundi est vraiment un cas d’école. »

Pour Vanessa Sharp, chargée de la communication au Comité international de la croix rouge (CICR), le projet a porté des fruits. «Le Burundi est vraiment un cas d’école. » Les leçons tirées seront exportées et appliquées ailleurs : « Le projet avait été essayé auparavant, mais nous avions éprouvé d’énormes difficultés. »

Elle précise que son organisation a voulu mettre en application la convention qui existe entre le ministère de la Santé et les gestions des prisons, comme quoi les détenus doivent compléter leur ration alimentaire avec 100g de produits frais. Pour elle, ça fait partie de la chaîne pénale. Et d’ajouter : «Le but du projet est de donner un supplément alimentaire aux détenus souffrant de la malnutrition. »

Par ailleurs, Mme Sharp fait savoir que le CICR apporte un soutien financier et technique dans l’encadrement des détenus. « Il y a un agronome payé par le CICR qui s’occupe des champs et qui encadre les détenus dès le semis.» Il leur apprend la préparation des fumures, les compostières, les techniques de conservation de ces légumes. Les produits frais essentiellement cultivés sont les choux, les poireaux, les ognons, les courgettes, les amarantes, les carottes, les choux fleurs, etc. Et de conclure : « Les détenus formés sur ces techniques reçoivent des certificats. »

Vers une bonne réinsertion sociale

Un détenu en train de sarcler dans un jardin pénitentiaire.

Gervais Hajayandi, DGAP, affirme que ces jardins permettent aux détenus, qui entrent souvent en détention avec un indice de masse corporelle (IMC) trop bas, de bénéficier quotidiennement de légumes frais.

L’indice de masse corporelle (ICM) est calculé en prenant le poids de la personne divisé par sa taille au carré. La personne saine a un ICM qui est entre 18,5 et 24,9.

Selon M. Hajayandi, les tests d’ICM faits sur 5000 détenus ont montré que 14,5% ont de la malnutrition globale. Et de préciser que 13,2% ont de la malnutrition aigüe modérée, tandis que 1,3% ont de la malnutrition aigue sévère.

Ce responsable pénitentiaire indique que les cas de malnutrition prennent origine à l’extérieur des prisons. La plupart des détenus passent un long temps dans les cachots, suite aux enquêtes et procédures prolongées. « C’est dans ces milieux qu’ils sont attaqués par la malnutrition. Désormais tout nouveau détenu doit subir un test de IMC.»

Par ailleurs, M. Hajayandi se réjouit que le projet a apporté une valeur ajoutée dans l’amélioration des conditions de détention, l’encadrement des détenus. « Le projet offre aux détenus une préparation à une bonne réinsertion sociale. » Il permet l’entraide mutuelle entre eux, un développement intellectuel et un partage d’expérience.

Le projet a été initié dans quatre prisons pilotes du nord et du centre (Gitega, Muramvya, Ngozi et Muyinga) où la malnutrition est très prononcée. Après plus d’une année de travail conjoint, la gestion de ces jardins est revenue à la DGAP qui pérennisera le projet et étendra son programme de lutte contre la malnutrition dans quatre autres prisons du Burundi en 2018 avec le soutien du CICR.

Indice de masse corporelle (IMC)

Selon l’OMS, l’indice de masse corporelle (IMC) est un outil nous permettant d’évaluer notre degré général d’obésité. Il indique, selon notre taille, la plage de poids associée aux risques encourus pour la santé.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. NDABAZA

    Mais on ne peut pas se passer de ces bazungu ! Certains discours m’y avaient fait croire !

    • Mbaza_nkubaze

      @NDABAZA
      Tu pianotes à partir de quelle région du monde, pour dire pareilles choses?

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