Vendredi 19 avril 2024

Société

Trois journalistes maltraités par des policiers

31/08/2018 Commentaires fermés sur Trois journalistes maltraités par des policiers
Trois journalistes maltraités par des policiers
Les trois journalistes malmenés travaillent pour la Radio culture.

Alain-Majesté Barenga, Bella Gloria Kimana et Alain Niyomucamanza sont les trois journalistes de Radio Culture malmenés par les policiers. C’était ce lundi 27 août dans la zone Ngagara de la commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura.

«Nous nous étions rendus sur place pour un reportage sur un litige autour de l’attribution d’une parcelle entre les résidents et l’administration du quartier 10 de la zone Ngagara», a rapporté Alain Majesté, dès son retour de l’hôpital où il s’était dépêché pour bénéficier de soins.
D’après lui, à leur arrivée au terrain, les éléments de la police les ont entourés. «Malgré que l’on se soit présenté, les agents de la police n’ont pas voulu nous laisser travailler. Ils ont saisi notre matériel».

M. Barenga parle des coups leur infligés. «J’ai reçu trois coups de crosse de fusil dans le dos». La situation allait empirer. «Il fallait donc sauver notre peau».
Alain Niyomucamanza assure que les menaces n’ont pas cessé : «Ils nous ont même poursuivis tout en nous lançant des invectives.» Pour lui, n’eût été la présence de la population locale, ils n’auraient pas pu s’échapper.

Les journalistes demandent à la police et à l’administration de leur faciliter le travail. «Nous ne sommes pas leurs ennemis. Ils devraient nous protéger, nous et nos équipements, plutôt que de nous maltraiter».

Polémique autour de l’incident

Alors que les journalistes de la Radio Culture indiquent avoir été malmenés par les policiers, le ministère de la Sécurité réfute en bloc ces accusations.
« Les journalistes ont débarqué sur le lieu et voulu travailler par force sans décliner leurs identités et manifestaient l’intention d’encourager l’une des parties en conflit à se révolter », explique Pierre Nkurikiye, avant d’enchaîner : « Ils n’ont pas été malmenés, la police leur a simplement conseillé de rebrousser chemin.»

M. Nkurikiye indique que la partie lésée était venue empêcher l’autre partie de construire dans la parcelle qui fait l’objet de litige. Les trois journalistes n’avaient pas informé l’administration ou la police locale de leur venue.

Pierre Nkurikiye assure que les journalistes n’ont pas de problème de sécurité dans l’exercice de leur métier : « Les journalistes comme d’autres citoyens sont protégés par la police et la loi. Ils ont accès à l’information et travaillent en toute tranquillité». Seulement, souligne-t-il, les problèmes surgissent lorsque les journalistes dépassent les limites. Et de conclure : «En exerçant leur métier correctement, ils bénéficient de tout ce que la loi leur autorise.»

De son côté, Nestor Bankumukunzi, président du Conseil national de la communication (CNC), déplore la séquestration des trois journalistes. Il affirme que «l’incident s’est bel et bien produit». Il soutient que la police a violé l’article 11 de la loi sur la presse : «Le journaliste a droit, sur le territoire burundais, à la sécurité de sa personne et de son matériel.» Et de prodiguer un conseil : «S’il advient qu’une incompréhension surgisse entre lui et un quelconque service, le mieux est qu’on passe par le CNC qui a la régulation des médias dans ses attributions» Ainsi, il promet de faire tout son possible pour régler cette situation et faciliter les journalistes dans l’exercice de leur métier.

Signalons que selon l’indice mondial de la liberté de la presse de 2018, Reporters sans frontières classe le Burundi à la 159ème place sur 180 pays. RSF a indiqué que les journalistes ont du mal à travailler librement et sont souvent harcelés par les forces de sécurité.

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