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Révélations sur l’assassinat de Kiremba

05/06/2013 Commentaires fermés sur Révélations sur l’assassinat de Kiremba

Après l’assassinat de deux bienfaiteurs (un médecin Italien et une sœur croate) à Kiremba, deux présumés coupables ont été condamnés à perpétuité. Néanmoins, l’un des deux a accusé le député de Kirundo Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe d’avoir commandité l’attaque. Iwacu a vérifié les accusations portées contre ce député élu à Kirundo. <doc2301|left>Lors de l’audience publique du vendredi 2 décembre, Dieudonné Niyongabo, un des deux présumés coupables, a révélé que l’attaque sur Kiremba a été commanditée par Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe. Il a précisé que les préparatifs se sont déroulés dans un terrain de Mukenke(Kirundo) que ce député de la circonscription de Kirundo a acheté à son grand-père (de Dieudonné). Et d’ajouter que des jeunes pratiquaient des entraînements militaires dans la même parcelle. Il a indiqué avoir appris à manier les armes en Tanzanie grâce à Gihahe. En outre, ce présumé assassin a témoigné que l’ambulance de l’hôpital de Mukenke, commune Bwambarangwe, était prévu pour les déplacer dans la nuit de dimanche, après le forfait. Iwacu a vérifié ces informations, histoire de répondre aux interrogations suivantes : {1/Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe a-t-il acheté une parcelle à Bwambarangwe au grand-père de Dieudonné Niyongabo ?} Oui. D’après les enquêtes d’Iwacu, il a acheté ce terrain. C’est une vaste bananeraie, juste à côté de la famille de Dieudonné. Ce champ se trouve dans le secteur Ntita, colline Buhevyi, zone Bugorora, en commune Bwambarangwe. {2/Y a-t-il eu des réunions et entraînements militaires dans cette parcelle ?} Non. D’après nos investigations, Gihahe se rend dans son champ avec des policiers seulement. Les habitants des environs ne parlent pas de réunions ou d’exercices militaires qui se font dans cette parcelle. {3/Dieudonné Niyongabo aurait-il été en Tanzanie ?} Oui. D’après les témoignages des voisins, il est allé en Tanzanie pendant la période des troubles consécutifs au coup d’Etat d’octobre 1993. Il y aurait passé une année. {4/L’ambulance de l’hôpital de Mukenke allait-elle réellement déplacer les assassins après le forfait ?} Non. Mais des zones d’ombre subsistent. Selon nos informations, l’ambulance était garée à l’hôpital toute la journée du dimanche 27 novembre. Des habitants de Mukenke indiquent avoir vu ce véhicule aménagé pour le transport des malades dans la nuit de dimanche à Mukenke. Pourtant, des sources proches de l’hôpital affirment que l’ambulance devait transporter un malade de la localité de Bucana, commune Gitobe, vers Bwambarangwe. Néanmoins, révèlent-elles, ce malade n’a pas été transporté comme prévu, pour des raisons inconnues. Les mêmes sources font savoir que le médecin directeur de Mukenke est un grand ami de Gihahe. Contacté par Iwacu, Dr Apollinaire Ndayisaba, médecin directeur de l’hôpital de Mukenke, s’est dit surpris par les déclarations de Dieudonné Niyongabo. Il parle d’un montage. Quant au malade qui n’a pas été transporté, le médecin indique qu’il n’est pas au courant :« Peut-être qu’il s’est avéré que le cas ne nécessitait plus un transfert », a-t-il laissé entendre. ___________________________________ { Rappels des faits Dimanche 27 novembre vers 20 heures 30 minutes, des coups de feu retentissent dans le couvent des sœurs de Kiremba. Sœur Lukrecija Mamić (50 ans) et Francesco Bazzani (65ans) sont froidement abattus. Deux jeunes garçons, Dieudonné Niyongabo et Joseph Nzobarinda, seront arrêtés dans la commune Marangara et conduits à la prison de Ngozi. Lors de l’audience publique, ils affirmeront avoir servi le pays en tuant les deux bienfaiteurs. Et de révéler que c’est le député Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe, qui a commandité cette attaque. } ____________________________ {5/Les deux présumés assassins étaient-ils seuls ?} Non. Selon des sources à Kiremba, ils n’étaient pas seuls ; car au moment de l’attaque, des coups de feu venaient de partout. « C’était comme une sorte de couverture pour empêcher toute intervention », confie N.T de Kiremba. En outre, quatre autres personnes sont gardées au cachot de Gakere. Il s’agit d’Isaac Nahimana, Fabrice Kabuto, Abel Nzoyisenga et un certain Bukuru. Par ailleurs, Jérôme Ndaje, procureur général près la Cour d’Appel de Ngozi affirme que les enquêtes continuent. « Nous avons d’autres pistes à explorer », a-t-il précisé. Interrogé sur les accusations portées contre lui, le député Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe nous avait promis de s’exprimer dans l’après-midi de ce jeudi. Mais quand nous l’avons rappelé, il n’a pas décroché son téléphone. { 6/Une intention de tuer froidement les deux expatriés seulement ? } Selon un témoin de l’assassinat de Sœur Lukrecija Mamić, une Croate de la Congrégation des Servantes de la Charité de Brescia et de Francesco Bazzani, un volontaire Italien, Dieudonné Niyongabo et Joseph Nzobarinda avaient l’intention de tuer froidement les deux bienfaiteurs seulement. D’après toujours ce témoin, à un certain moment la sœur Lukrecija a proposé aux agresseurs de leur donner de l’argent ; mais cela n’a pas empêché Dieudonné de lui tirer plusieurs balles à bout portant. D’après ce même témoin, Sœur Carla, blessée lors de cette attaque, a demandé à être prise en otage à la place de Francesco Bazzani ; mais les deux malfaiteurs l’ont repoussée. Le corps de Francesco sera retrouvé plus loin du foyer des sœurs, criblé de plusieurs balles. Bien plus, ces malfrats ont intimé l’ordre à un technicien de se mettre à côté et de ne pas bouger et n’ont lui ont fait aucun mal. Des habitants de Kiremba indiquent, quant à eux, que pendant que les deux assaillants tiraient à l’intérieur du couvent, d’autres tirs nourris ont retenti pendant plusieurs minutes à l’extérieur en provenance de quatre coins. Pour eux, il n’y a aucun doute que ces tirs visaient à couvrir Dieudonné Niyongabo et Joseph Nzobarinda : « Ce sont des complices car ces tirs étaient visiblement destinés à bloquer toute intervention policière. » Pour eux, s’il s’agissait d’un simple vol, cette attaque n’aurait pas demandé autant d’efforts.

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