Vendredi 19 avril 2024

Environnement

RN9 & 10 : Les usagers remontés

10/11/2018 Commentaires fermés sur RN9 & 10 : Les usagers remontés
RN9 & 10 : Les usagers remontés
Tout près de la rivière Nyandago, la RN9 s’est transformé en petit chemin

Des éboulements de montagnes, des cassures, des nids de poule… menacent certains endroits des routes nationales (RN9) reliant Bubanza à Ndora et (RN10) de Rugombo à Kayanza. Exaspérés, les usagers réclament leur réhabilitation.

Les deux artères sont en piteux état. Dans certains endroits, ils se sont transformés quasiment en petits sentiers. « C’est vraiment difficile de rouler sur cette route. Des montagnes s’écroulent souvent », se lamente un chauffeur de camion de type Fuso, croisé à Ndora. Aujourd’hui, il affirme qu’il lui est difficile d’arriver à Rugombo. « J’enregistre au moins une heure de retard parce que je dois ralentir, manœuvrer pour que je ne me retrouve pas au fond de la vallée.»

Un témoignage qui concorde avec la réalité sur terrain. Le cas de Nyaburende, colline Kirerema, zone Rusenda, commune Bukinanyana, province Cibitoke en est l’illustration. C’est aux environs de 56 km de Rugombo vers Ndora.
La RN10 est presque coupée. Une partie d’une montagne s’est écroulée. Elle a emporté des gabions de protection, des sédiments, des grosses pierres, etc. Dans cette zone montagneuse, l’érosion y est très forte.

Idem à Shimye-Kanogo à 61 km de Rugombo. Les gabions qui protégeaient la route ont cédé. Suite à la forte pression érosive, le petit pont est à moitié coupé. Des sédiments, des pierres, des troncs d’arbres, … s’entassent et bloquent la route.

« Nous avons essayé de les dégager pour créer un petit passage », confie Joseph Ndika, un habitant de la localité.
Des actions à court terme, car, explique-t-il le phénomène se reproduit à chaque saison pluvieuse. « Seules des machines, avec des gros moyens techniques et financiers peuvent sauver cette route.»

Pire encore, cette route traverse en grande partie une zone montagneuse et escarpée. Seuls des chauffeurs téméraires empruntent actuellement ce tronçon. Dans ces conditions, la prudence est de rigueur. « D’un côté, surveiller les montagnes très glissantes qui ne cessent de s’écrouler surtout en saison pluvieuse, de l’autre côté, ne pas s’approcher des vallées très profondes », raconte un chauffeur de camion, rencontré à Ndora. « Sinon, moindre erreur, on se retrouve dans la vallée.» Il est rare de faire dix kilomètres sans un grand nid de poule en pleine route. Les caniveaux ne sont plus entretenus.

Tout le monde demande une réhabilitation urgente. « Sinon, la RN9 sera bientôt impraticable. » Mais à quelque chose, malheur est bon. Dans cette partie en piteux état, les barrières policières sont rares. Des conducteurs de voitures de transport communément appelés ‘’Kagongo’’ font de bonnes affaires.

« Ils peuvent facilement transporter dix personnes dans un seul véhicule. Et là, nous n’avons pas de choix. Les transporteurs ne sont plus nombreux comme avant », confie un passager en attente d’un véhicule à Bukinanyana. Désespéré, il affirme que les motards en profitent aussi.

Des activités lucratives affectées

Vieille de moins de cinq ans, la RN9 entre Musigati, province Bubanza et Ndora, n’est plus beaucoup fréquentée. Le trafic a sensiblement diminué. Pour cause : l’éboulement d’une montagne, tout près de la rivière Nyandago séparant Musigati à Bukinanyana.

Sur une distance de plus ou moins 500 m, à proximité d’une profonde vallée, la route a été envahie par des grosses pierres, des terres, des troncs d’arbres, etc. Elle s’est rétrécie, les camions poids-lourds ne peuvent pas passer.
Le commerce est affecté. « Tout s’est presque arrêté. J’achetais des bananes à Bukinanyana, pour la fabrication de la bière locale ‘’Urwarwa’’. Et le transport se faisait à l’aide des camions de type Fuso », raconte I.K., un commerçant de Bubanza. Actuellement, il se rabat sur les vélos.

Bukuru, un commerçant de manioc de la même localité, abonde dans le même sens : « Avec cette route, mon activité commerciale avait prospéré. je pouvais transporter des tonnes de manioc à partir de Bukinanyana, Mabayi, etc. »
Actuellement, il confie qu’il est obligé de passer par Gihanga-Rugombo-Mabayi. Ce qui influe sur le coût et le temps de transport. Il regrette d’ailleurs qu’il lui soit difficile d’atteindre Bukinanyana ou Kayanza via Ndora suite à l’état défectueux de la RN10. Les deux commerçants plaident pour la réhabilitation de ces routes.

Les caisses communales en font les frais

– La RN10 très menacée à Shimye-Kanogo, commune Bukinanyana.

« Avant cette situation, beaucoup de commerçants de vaches, des chèvres, des bananes, de l’huile de palmier … empruntaient cette route. Et le transport se faisait à l’aide des camions de type Fuso. Grâce aux taxes, on faisait entrer beaucoup d’argent dans la caisse communale », se rappelle Jean-Bosco Nduwimana, administrateur de la commune Musigati. Il ajoute qu’il y avait également des transporteurs de bananes en provenance de Bukinanyana. Cette route constituait, en outre, pour les gens de Musigati, un raccourci pour se rendre à Kayanza. « Mais, aujourd’hui, ils sont obligés de passer par Bujumbura. Ce qui rend le trajet long.» Et avec cet éboulement, cette route est devenue dangereuse. « Je me rappelle qu’une voiture s’est renversée à cet endroit. Heureusement, il n’y a pas eu de morts.» Pour lui, il est urgent qu’on réhabilite cette route.

Malgré cette situation, M. Nduwimana est confiant : « Il y a eu une visite du 2ème vice-président de la République à cet endroit, et j’espère que la solution ne va pas tarder.»

Face à toutes ces lamentations, Jean-Bosco Hategekimana, administrateur de la commune Bukinanyana, indique que des études des travaux de réhabilitation ont été déjà faites. « Que les usagers soient tranquilles, nous espérons que les activités vont incessamment commencer.»

Nous avons cherché l’avis de l’Office national des routes, en vain.

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