Dimanche 28 avril 2024

Politique

René Claude Ngendahayo, de l’association des architectes du Burundi : « Nous sommes désarmés »

17/06/2013 Commentaires fermés sur René Claude Ngendahayo, de l’association des architectes du Burundi : « Nous sommes désarmés »

Le gouvernement est accusé de traîner les pieds dans la mise en place de l’ordre des architectes. Car, jusqu’à date, n’importe qui peut se prévaloir d’exercer la profession, selon M. Ngendahayo.

René Claude Ngendahayo est président de l’association des architectes du Burundi ©Iwacu
René Claude Ngendahayo est président de l’association des architectes du Burundi ©Iwacu

Quelle est votre revendication aujourd’hui ?

Nous demandons au gouvernement d’agréer l’ordre des architectes au même titre que celui des avocats, des médecins, etc. Notre combat date de 1980. C’est feu Idi Karim Buhanga, concepteur de l’emblème et du drapeau du CNDD-FDD, qui constate que le monde des architectes n’est pas organisé. Tout est orienté vers des bureaux étrangers. Des architectes qui rentrent à la fin de leurs études sont affectés dans différents ministères. La conception de leurs œuvres n’est pas considérée à sa juste valeur. L’Association Burundaise des Architectes (Abarchi) est créée pour préparer la mise en place de l’Ordre des architectes. Mais jusqu’à aujourd’hui, il se fait attendre. Or, seul un tel Ordre pourrait permettre d’avoir des lois qui nous protègent au niveau des juridictions.

Qui est architecte et qui ne l’est pas ?

L’opinion a souvent tendance à nous assimiler aux ingénieurs qui construisent des bâtiments. L’architecte participe à l’organisation urbaine, à l’armature des villes, à la politique de villagisation, etc.
Quand il s’agit de produire une œuvre, il est le chef d’orchestre. Les ingénieurs électriciens, civils… veulent qu’on les remorque dans notre combat alors que chacun a sa part de responsabilité dans le travail. En principe, dans les textes qui régissent l’exercice du métier d’architecte, les plans soumis pour une demande d’autorisation de bâtir doivent provenir des architectes habilités. Mais cette réglementation n’a jamais été formalisée. C’est-à-dire que si on conçoit, pour un privé, un bâtiment avec un étage, on doit avoir une note de calcul signé par un ingénieur attitré. Le même exercice devrait être fait pour la conception des bâtiments publics et des maisons qui ont une certaine taille. Or, au Burundi, on ne sait pas qui fait quoi, quand et comment.

A qui profiterait un Ordre des architectes ?

A tout le monde. L’Ordre des architectes a un caractère social. Il y a des gens à faibles moyens qui peuvent nous approcher. Prenons au hasard le cas des enseignants. Ils ont reçu des parcelles, mais rencontrent de grandes difficultés pour concrétiser leurs projets. L’ordre des architectes peut apporter un appui social en proposant des ouvrages à la hauteur de leurs moyens.
Avec la signature du décret portant fonctionnement de l’Ordre des architectes, l’assiette fiscale va augmenter d’au moins 15%. En tant que patriotes, nous voulons participer au développement de notre économie, à la gestion de l’environnement, etc. Ailleurs, le métier d’architecte est noble au même titre que celui de médecin et d’avocat. De vrais architectes vivotent au profit des charlatans d’ailleurs qui n’ont pas pu se fixer chez eux. Ils profitent du désordre total qui règne dans notre pays.

Pourquoi vos démarches n’aboutissent pas ?

Le domaine des architectes brasse beaucoup d’intérêts. Des gens veulent gérer eux-mêmes des capitaux destinés aux travaux de construction et d’aménagement pour en tirer des bénéfices. D’où la tendance à minimiser notre travail. Quand c’est privé, cela passe encore, mais lorsque c’est public, personne ne se sent responsable et c’est souvent une occasion de mettre la main sur des sommes d’argent. C’est pour cette raison que certains ignorent sciemment le rôle de l’architecte et l’écartent. En outre, il y a un problème de compréhension, au niveau du gouvernement, de la structure et de l’organisation de notre profession.

Quelles peuvent être les conséquences de l’absence de ce cadre légal ?

C’est tout l’organigramme de la construction qui est violé. Et à la fin du projet, il n’y aura jamais de suivi comptabilisable. Souvenez-vous des constructions en étage mal érigées à l’avenue du large où plusieurs centaines de millions sont partis en fumée. Nous sommes régis par un code de déontologie, et quand il y a des anomalies qui se présentent, nous nous sentons interpellés. Cependant, comme il n’y a pas de cadre juridique pour nous exprimer et inciter les instances juridiques à prendre des mesures qui s’imposent, nous sommes désarmés.
Tout au long de la rivière Ntahangwa, des maisons y érigées sont menacées d’écroulement. Il y a aussi ce découpage des parcelles à Bujumbura qui est horrible, honteux et désolant. Il y va donc de l’intérêt du gouvernement de se prononcer pour éviter le pire.

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