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Pas de dialogue/négociation avec l’opposition… à moins d’endosser la responsabilité des actes de perturbation de la sécurité

05/06/2013 Commentaires fermés sur Pas de dialogue/négociation avec l’opposition… à moins d’endosser la responsabilité des actes de perturbation de la sécurité

« Et là aussi, il ne sera pas question de dialoguer avec le gouvernement mais il va falloir d’abord s’expliquer avec la justice », souligne Léonidas Hatungimana, porte-parole du président de la République au cours de la synergie des médias organisée ce mercredi 28 décembre. Est-ce une croix sur les différents appels au dialogue lancés par les évêques catholiques, la société civile et la Communauté internationale dont les Nations Unies ? <doc2516|right>Selon le porte-parole du président de la République, il ne peut pas et il n’y aura pas de dialogue avec tel ou tel autre groupe pour motif qu’il fait du tapage médiatique car les politiques de l’ADC-Ikibiri (dont les deux chefs de partis « reconnus » et résidant à l’étranger, Léonard Nyangoma et Alexis Sinduhije) ne sont pas à même de résoudre seuls les problèmes qui hantent le Burundi : « Prenons par exemple les partis de l’ADC-Ikibiri. Quand le Gouvernement les appelle à une réunion, ou une rencontre pour {ibiganiro} (=dialogue/négociation), tous les autres partis viennent, sauf ceux-là ! Mais, curieusement, quand vous les journalistes, vous les invitez à des débats, ils ne sont jamais absents ! Léonce [Ngendakumana] a-t-il jamais été absent ? Il est toujours là pour débattre avec d’autres politiques. Mais quand le ministre de l’Intérieur l’appelle, quand le Premier vice-président l’appelle, il ne vient jamais ! De votre entendement, que veut-il ? Veut-il vraiment {ibiganiro} ? » Plus loin, Léonidas Hatungimana s’interroge : « Si nous entrouvrions cette porte d’ibiganiro pour ceux-là qui se disent être ‘la seule opposition’, c’est à dire l’ADC-Ikibiri, si l’État engageait des {ibiganiro} seulement avec eux, et puis qu’après quelques temps, trois autres partis qui sont en dehors de l’ADC-Ikibiri viennent et disent ‘Nous ne reviendrons pas discuter avec vous s’il n’y a pas d'{ibiganiro} avec nous seulement’, puis d’autres partis, et ainsi de suite… Comment gouvernerions-nous le Burundi ? » Et de conclure : « De tels {ibiganiro} n’auront jamais lieu ! Il n’y aura pas des {ibiganiro} avec un tel petit groupe, avec comme raison le fait que ce groupe sait parler sur les radios ! Nous savons qu’il y a des gens habitués à tirer profit de cela, ce que les uns appellent {ibiganiro}, les autres négociations. Vous l’avez vu, Kigobe, Kajaga, Convention de gouvernement : le Frodebu avait été élu à 65% en 1993. Dès qu’on a commencé ce genre de {ibiganiro} cachés, des politiciens ont remplacé les élus issus des élections, et vous avez le résultat : le Frodebu s’est retrouvé avec 45 % seulement !», rappelle Léonidas Hatungimana. Une erreur à ne pas rééditer, d’après lui : « Le président de la République le dit souvent : qu’il pleuve ou pas, la volonté du peuple sera respectée et nous la défendrons totalement. Nous ne pouvons pas revenir sur cette étape : respecter ce que dit le peuple », signale M. Hatungimana. Et de préciser : « S’il y a un chef de parti qui souhaite rencontrer le Président, qu’il demande une audience et elle lui sera accordée […] Le Président est même prêt pour rencontre tous les partis politiques dans ces {ibiganiro} organisé auparavant par le Premier vice-président. Je rirai quand je les verrai refuser cette invitation ! » Et de préciser : « [Les politiques de l’ADC-Ikibiri] veulent montrer qu’ils sont plus forts que les autres dans ce pays : c’est comme si Léonce Ngendakumana, quand il s’agit des questions d’électricité, est le seul à savoir joindre deux fils électriques. Faux ! Quand il s’agit des questions de santé, ce n’est pas Sinduhije qui les résoudra ! Il y a des Burundais qui savent trouver des réponses aux différentes questions qui sont dans le pays. C’est pourquoi nous tenons des réunions. » Conclusion : « Ce que le Président ne peut pas se permettre [au grand jamais], c’est de revenir à ce passé qui accordait la parole à des groupuscules de politiciens qui ignoraient par la suite le peuple ! Même si vous faites quoi, cela ne marchera pas! Cette faute, nous vous tranquillisons, elle ne sera pas commise ! » <doc2517|left>" Fermer la voie du dialogue, c’est endosser la responsabilité des autres voies " La réaction du président du parti Sahwanya-Frodebu en même temps président de l’ADC-Ikibiri, Léonce Ngendakumana ne s’est pas fait attendre : « Si aujourd’hui le gouvernement prend l’option de fermer la voie du dialogue et de la résolution pacifique du conflit, il sera tenu responsable des autres voies que les Burundais pourront emprunter par désespoir pour présenter ou défendre leurs droits et leur position ». Mais tout espoir n’est pas perdu, selon lui : « A l’ADC-Ikibiri, nous continuons à croire et restons persuadés que le dialogue entre le gouvernement et l’opposition extraparlementaire aura bel et bien lieu. L’ADC-Ikibiri n’est pas un groupuscule, comme le porte-parole du Président de la République semble le dire, c’est un ensemble de partis politiques d’opposition », signale Léonce Ngendakumana. Avant d’ajouter : « Nous avons adressé une lettre au président de la République pour lui demander d’enclencher un dialogue entre le gouvernement et l’opposition et ce que nous constatons aujourd’hui, c’est un recul par rapport à la promesse faite le 1er juillet lors de la fête de l’Indépendance d’entamer un dialoguer avec tous les partis politiques y compris l’opposition extraparlementaire ainsi que les leaders aujourd’hui en exil ». Selon le président du parti Sahwanya-Frodebu en même temps président de l’ADC-Ikibiri, si le président décide un jour de convier cette opposition extraparlementaire à un dialogue, ensemble avec les autres partis qui ont aujourd’hui la même vision que le parti au pouvoir, l’invitation sera honorée mais « il sera question de présenter les doléances déjà exprimées dans une lettre envoyée au chef de l’exécutif burundais », fait savoir Léonce Ngendakumana. Signalons que le porte-parole du chef de l’Etat a annoncé ce mercredi la tenue prochaine par le président de la République d’une réunion avec tous les partis politiques y compris l’opposition extraparlementaire tout en souhaitant que cette dernière ne va pas rééditer sa politique de la chaise vide. <doc2518|left>" Tous les hommes de bonne volonté qui ont appelé au dialogue ne sont pas fous " Selon le délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile burundaise (FORSC), ce refus du dialogue annoncé par le porte-parole du Président est une sorte de volte-face et n’arrange pas les choses : « Il n’y aura pas de solution à la situation politico-sécuritaire actuelle sans dialogue, sans que les protagonistes se mettent autour d’une table pour harmoniser leurs points de vue sur les grandes questions et les défis à relever ». Et de voir « dans ce refus catégorique du dialogue, un risque de radicalisation de la confrontation qui conduirait à la violence. Il faut que différents partenaires s’entendent pour ne pas en arriver là », fait remarquer ce militant des droits de l’homme. « Tous les hommes de bonne volonté qui ont appelé au dialogue, que ce soit du côté la Conférence des évêques catholiques, de la société civile ou de la Communauté internationale comme les Nations unies, ne sont pas des fous et encore moins des ennemis du peuple burundais », souligne Pacifique Nininahazwe. Qui se dit opposé aussi à la politique de la chaise vide. M. Nininahazwe invite l’opposition à saisir toutes les occasions de dialogue qui se présentent pour faire entendre leur voix. « Il faut qu’il y ait un bon cadre et de bonnes conditions pour ce dialogue », souhaite-t-il.

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