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Environnement

Mutanga-sud : les riverains de la Ntahangwa se disent abandonnés

04/06/2020 Commentaires fermés sur Mutanga-sud : les riverains de la Ntahangwa se disent abandonnés
Mutanga-sud : les riverains de la Ntahangwa se disent abandonnés
Mugoboka, le gouffre s’élargit vers les habitations.

Les berges de la Ntahangwa ne cessent de céder. Des avenues, des maisons sont menacées. Les habitants sont désespérés. Ils implorent pour la protection de leurs maisons et autres infrastructures publiques.

L’avenue Sanzu n’est plus praticable. Une barrière y est érigée pour les voitures. Des arbres qui bordaient la rivière Ntahangwa ont déjà cédé. Des tuyaux de la Regideso coupés, inutilisables. Le précipice poursuit son élargissement vers les habitations sous les yeux impuissants des occupants.

« Les journalistes, vous êtes vraiment bizarres. Pourquoi poser des questions sur une situation que vous réalisez vous-mêmes », lâche Patient, un habitant de Mutanga-sud. Rencontré à proximité de ce gouffre en plein élargissement, il se dit déçu : « Nous avons à maintes reprises demandé que l’on nous vienne en aide. Personne n’est venu. Nous avons tellement peur. »

Et de montrer une pancarte sur laquelle on peut lire « Travaux d’urgence de stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa, Sites Kigobe Sud/Mugoboka ». Sur ledit support, l’on apprend que le maître d’oeuvre est le ministère de l’Environnement. Et ce, sur financement du gouvernement du Burundi à travers le projet : Gestion communautaire des risques des catastrophes au changement climatiques au Burundi (GCRCCBU). Le délai d’exécution était de trois mois (juillet-septembre 2017).
Notre source fulmine contre la présence de cette pancarte depuis près de deux ans : « Vaut mieux arracher cela. C’est une façon de nous provoquer.»

Une habitante de la localité ne mâche pas aussi ses mots : « Que voulez-vous qu’on dise ? Mutanga-sud ne compte pas pour eux. Voilà qu’à Kigobe, les travaux sont déjà en cours. Mais ici aucune activité.» Et de se consoler : « Espérons que, cette fois-ci, les nouveaux dirigeants vont enfin penser à nous. »

Sur place, pas de préparatifs montrant que les travaux sont sur le point de débuter. Beaucoup de propriétaires ou de locataires des maisons bordant l’avenue Sanzu ont déjà déménagé. D’autres attendent impuissamment le jour fatidique. Beaucoup de maisons ont des fissures.

Des travaux en cours

Contacté, Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, tranquillise la population de Mugoboka : « Les travaux de stabilisation des rives de la rivière Ntahangwa sont en cours. Cette partie de Mutanga-Sud est aussi concernée. » Il réaffirme que la protection de la population et de leurs biens est une préoccupation du gouvernement. Par ailleurs, il souligne que les travaux sont à une étape avancée du côté de Kigobe-sud. « Nous leur demandons d’être patients».

Pour rappel, c’est au cours de la saison sèche de 2017 que les travaux de stabilisation (côté Kigobe-sud et Mugoboka) ont débuté. Pour un coût de 4 milliards BIF, dont 1,5 milliards BIF provenant du gouvernement. Les travaux étaient annoncés pour un délai de trois mois. Le but était de limiter les dégâts sur les infrastructures publiques et privées. L’autre partie du financement vient du GEF (Global environment facility) et du PNUD.

Presque trois ans après, à Kigobe-sud, les travaux sont encore en cours. Du côté de Mugoboka, c’est au point mort. Ce qui s’explique, selon un cadre du gouvernement, par les fortes pluies qui ont perturbé les travaux, et la crise sanitaire Covid-19. « Presque tous les efforts sont aujourd’hui consentis dans la lutte contre cette pandémie et à venir en aide aux victimes des inondations ».

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