Jeudi 18 avril 2024

Économie

Loi Bazombanza : l’Association des cabaretiers du Burundi en colère

Thomas Bukuru président de l’Association des Cabaretiers du Burundi (ACABU) admet que les cabaretiers se trouvent gênés particulièrement par la disposition qui les astreint à ouvrir les bistrots à 18 heures. Il déplore en outre que la décision n’a pas de base légale puisqu’elle contredit le code de commerce.

Thomas Bukuru président de l’Association des Cabaretiers du Burundi (ACABU) ©Iwacu
Thomas Bukuru président de l’Association des Cabaretiers du Burundi (ACABU) ©Iwacu

Et d’avertir : « Nous nous préparons à lutter jusqu’à l’abrogation de l’arrêté du premier vice-président. » En plus, déplore-t-il, une décision qui fait le lit à la corruption des agents soi-disant chargés de l’appliquer.

Ils sont également embarrassés par l’interdiction de servir des boissons aux mineurs. En effet, il constate que si les cabaretiers s’en tiennent au seul critère de gabarit, certains auront tendance à surestimer l’âge de certains mineurs en milieux urbains et à sous estimer l’âge de certains majeurs en milieu rural. « Dans ce cas, quel pouvoir a le cabaretier de demander l’âge à un « client suspect »? Est-ce que le cabaretier a le droit de demander une carte d’identité à quelqu’un ? Cela revient à la police », martèle-t-il. Et de lâcher : « L’Etat et l’administration fuient leurs responsabilités. C’est nous mettre en difficulté ».

« Ce n’est pas pour la première fois qu’une mesure va à l’encontre des intérêts des cabaretiers »
L’ancien député déplore le fait que les charges professionnelles (entre autre les salaires, la facture de l’eau et de l’électricité, les frais d’entretien, les taxes municipales) n’ont pas changé alors que la nouvelle mesure s’accompagnera inévitablement de la chutes des recettes. Il observe aussi que le texte n’a pas été suffisamment vulgarisé.

M. Bukuru prône avant tout le dialogue. « Nous allons demander aux groupes de cabaretiers de chaque commune de mener des consultations avec les pouvoirs publics. En cas d’échec, nous saisirons les instances judiciaires ». Au cas où aucune stratégie n’aboutirait, les cabaretiers mettront les clés sous les portes.

Mais il se veut optimiste : « Ce n’est pas pour la première fois que le gouvernement burundais prend une mesure qui va à l’encontre des intérêts des cabaretiers ». Il indique qu’en 2006, l’état avait instauré une taxe de la licence d’exploitation des débits de boissons s’élevant à 75 mille par an, laquelle sera abrogée après quatre ans de lutte.

« Une mesure qui entrave l’économie n’a pas sa raison d’être »

« C’est une mesure qui supprime le droit des cabaretiers de travailler. Mais, elle ouvre la porte à la corruption » fait remarquer Audace Bizabishaka, président du Syndicat Général des Commerçants (Sygeco). Pire, selon lui, le 1er vice-président de la République n’a pas les prérogatives de promulguer une loi qui déroge aux lois existantes.

Il affirme que l’arrêté n’a même pas de raison d’être puisqu’il donne la latitude aux autorités de rang inférieur de l’ajuster selon les réalités de chaque administration territoriale. Et de lâcher que par ce fait-même, la population n’est pas tenue à respecter la décision de Prosper Bazombanza.

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Ntihebuza Gilbert

    Ici aux Etats-Unis tout cabaretier,tout vendeur de biere ne doit pas vendre de la biere a toute personne sans que celle-ci lui montre sa carte d’identite.Et ceci pour le tabac aussi,alors pourquoi ne pas appliquer cela au Burundi ou un peu partout dans le monde.Toute personne en dessous de 18 ans n’a aucun droit d’acheter une biere ou une cigarette a tabac.

  2. mandela

    Ce type est tres malin. Bon, pour le moment, il rentre a la maison et trouve son frigo rempli par les services de l »intendance. Et il en est tres content et pense que il en sera toujours ainsi. Mais, selon les dires d’un de ses amis, il lui aurait confie qu’avant d’etre vice-ce president, il avait pris beaucoup de dettes dans un des bistrots tout pret du marcher central, qu’il voudrait faire fermer ce dernier avant que les choses ne changent.

    • Nzobandora

      hahahaha.
      Pourquoi fermer le bistrot alors qu’il a maintenant les moyens de rembourser

  3. Jean-Pierre Ayuhu

    Chers lecteurs,
    Encore une fois, il y a toujours la nécessité de reglementer le fonctionnement des bistrots sinon, c’est l’anarchie dans un pays, encore que!
    S’agissant de cette fameuse loi qui n’a raison d’être, du moins pour l’instant, le législateur n’a pas poussé l’étude de la situation au-délà du bout de son nez.
    Au Burundi, les parents donnent de l’alcool à leurs enfants depuis tout petit. La consommation dela boisson est une culture ( umwerera pouvait bien être de la bière ou du lait selon). Aujourd’hui, quelle mouche a piqué nos autorités pour légiférer avant de sensibiliser d’abord aux méfaits et conséquences de l’alcool.
    A vous Thomas, c’est une bonne d’ouvrir des bistrots sauf qu’on croirait que l’industrie au Burundi est faite de bistrot, de maisons de passage etc…Pensez à créer autres choses nom d’une pipe! C’est ridicule de voir qu’il y a autant de bistrots que de consommateurs dans ce pauvre pays.

  4. Gondwanais Lamda

    Abo badandaza nibabareke bicire umukate w’umwana. Je pense qu’il y a une autre facon de contester la décision. Si les taxes abandandaza bahora bariha pour 12heures d’activités représentent disons pour exemple seulement 50000 francs bu, pour 06heures d’activités, il faut payer la moitié. Ceci est aussi valable pour les gens qui vivent des petits métiers comme soudeurs, menuisiers, vendeurs de poissons congelés, tous ceux qui ont besoins d’électricités pour survivre, les taxes payer avec 7 jours d’électricité donc de travail ne sont plus valables avec 3 ou 2 jours d’électricité seulement…..

  5. GUCCHI

    Mutama Thomas yarahevye politique yigira guca akanoti katagira induru none bamusanzeyo vraiment?!! Baramurondera

  6. Tonton

    Ego basi ku ba mineurs nibagerageze bagabanye kuzibaha mugabo ntimwobagire ko mu migenzo y’ikirundi ko kunywa akayoga ari ikintu gikomeye, jewe nakuze mbona abana babaha dukeyi bagasoma ariko ntibaboregwe. Ikibazo ahubwo kiri muri mwebwe abakuze muha amafaranga aba mineurs kugira mubasambanye hama bakazigurira! Reke bazinywe biva kuri mwebwe, twebwe dukuze! Mbega ko muvuga inzoga mukibagira le sexe usanga ibitama vyinyuza mu ba mineurs. Naragihe mu kabare ndababara nsanze udukobwa dufise nka 12 ans tunywa Primus dusomeza itabi naciye nsohoka mpejeje irya mbere, ndabaza uwuhagarariye ako kabare nti ibi bintu ubona bisanzwe, ati none ga muntu twebwe twogira gute ko baduha amahera!!! Mugabo namubwioye nti jewe ubwo nzosanga hari utwana nk’utwo sinzigera ndahicara!

  7. Karahinda Joseph

    Les allemands, les belges, les hollandais, les anglais boivent à toutes les heures et pourtant leurs économies prospèrent. Je crois qu’il faut plutot privilégier l’oeuvre d’éducation de la population, pour qu’elle sache opérer des choix pour son bien. Bagaza avait déraciné les bananiers, interdit les fetes de tout genre, imposé un horaire drastique des cabarets; résultat: une grande frustration de la population. Buyoya n’a pas osé refaire la meme erreur. Je crois qu’en période pré-électorale, cette mesure du Vice Président pouvait rester encore un peu dans le tiroir.

  8. Karadomba

    Les autorités signataires de décisions qui affectent directement la vie de la population devraient prendre suffisamment du recul. En effet, il faut avoir à l’esprit que ce ne sont pas toujours les décisions « pertinentes » qui obtiennent nécessairement l’adhésion. Pour le cas précis, il aurait fallu prendre des précautions, notamment en faisant préalablement une analyse de l’impact la décision actuellement jugée d’impopulaire.

  9. Nzobandora

     » Une décision qui fait le lit à la corruption des agents soi-disant chargés de l’appliquer  »
    C’était tout à fait prévisible sauf pour les très compétents conseillers de Bazombanza. Maintenant cette loi n’est presque plus appliquée à l’intérieur du pays et à Bujumbura seuls quelques policiers et responsables communaux avides d’argent et de la corruption en général font semblant de la faire appliquer car une fois corrompu le responsable en question autorise la violation de la risible loi.
    Je pense que même si cette loi venait à être abrogée ntibazova kuri iryo bere facilement car ils y auront pris gout.

  10. Ntahombaye

    Gugurisha inzoga canke kuzinywera mu ba mineurs mubihugu biteye imbere nka USA birahanwa n’amategeko.utegerezwa kuba ufise 21 ans kugira unywe inzoga.kandi ugiye kuzigura uwudandaza arakwaka karangamuntu.ndibaza ko no muburundi naho nyene bobanza kwaka karangamuntu imbere yo gu serva canke kugurisha inzoga.ikindi amasaha yo kugurura yoba sahicenda.kandi abakoresha bofatira ingingo zikomeye abskozi baja kukazi banyoye .

    • Kigoma

      @ Ntahombaye
      J’ai quelques nuances à apporter à vos propos: l’âge légal pour consommer de l’alcool est de 21 ans aux États-Unis mais il est de 18 ans au Canada…donc, ça prend des consultations des spécialistes de divers domaines avant de décréter un âge quelconque. Pour ce qui est de demander une carte d’identité, oui vous avez raison mais ça l’est aussi pour la cigarette. Cependant, il revient à chaque commerçant « de juger » si le jeune a l’air d’être mineur ou pas. Il y en a qui passent dans les mailles du filet. Le risque de cette façon de faire avec nos policiers, c’est la corruption car si un ripou se rend compte qu’il y a un jeune mineur, il demandera le billet de 5000 F comme vous le savez bien alors qu’ailleurs, lorsqu’il ne s’agit pas d’une pratique généralisée, le policier expulse le jeune et ça s’arrête là.
      Quant à l’heure d’ouverture, je vous demande en qualité de qui quelqu’un peut m’empêcher de siroter une bonne bière à 12h alors que je suis en vacances sur un site touristique quelconque ?
      Pour les fameux accidents de la route, la balle est dans le camp de la police de « roulage ». Toute personne qui connaît le Burundi sait très bien que cette police fait honte au pays. La circulation est une véritable jungle au Burundi. Les routes n’ont aucune signalisation, les gens conduisent comme ils veulent ou plutôt comme ils peuvent car je crois que beaucoup ne connaissent pas le code de la route. Résultats: le chaos sur les routes du pays et évidemment, les accidents.

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