Didier Nyambariza, Commandant de la marine au sein de la police burundaise, vient de prendre le large. L’officier a indiqué que sa sécurité n’était plus garantie au Burundi. Mais le porte-parole de la police parle de désertion pure et simple. Portrait de cet officier de la 25ème promotion de l’ISCAM. <doc2625|left>D’après des sources proches de sa famille, Didier Nyambariza , alias Neto, naît à Paris, vers la fin des années 60, de Daniel Nyambariza et de Mathilde Ndikumana. A l’époque, son père prépare sa thèse de doctorat en histoire dans une université française. Selon certaines sources, au retour de la famille au Burundi, Didier Nyamabariza fréquente l’école primaire au Stella Matutina, à Bujumbura. Il fait ses études secondaires à l’Athénée de Gitega où il fait partie du même club des tambourinaires que Pierre Nkurunziza, l’actuel Président de la République. D’autres sources racontent qu’il a fait sa dernière année des humanités au lycée Rohero (ancien Athénée de Bujumbura) avant d’entrer à l’ISCAM (Institut Supérieur des cadres militaires) au cours de l’année académique 1989-1990. A la fin de la première année, il est envoyé en Grèce, à l’académie des marines où il passe 6 ans. De retour au pays, Didier Nyambariza est affecté à plusieurs postes d’attache. Ses amis parlent de lui comme d’un homme travailleur et très utile. Ils évoquent, par exemple, un grand rôle qu’il a joué pendant la période de l’embargo décrété contre le Burundi par les pays de la sous-région, dès août 1996, en réaction au coup d’Etat du major Pierre Buyoya, tombeur du Président Sylvestre Ntibantunganya. « Didier Nyambariza conduisait des bateaux, aussi bien civils que militaires, sur le lac Tanganyika. Il a beaucoup aidé les bateaux qui allaient en Zambie pour faire entrer des marchandises», affirme un ancien compagnon d’armes. L’indiscipline et le début des ennuis Lors de la deuxième guerre en République Démocratique du Congo qui éclate en 1998, Didier Nyambariza est incontournable. Car le Burundi a besoin de surveille le lac Tanganyika de peur qu’il ne soit utilisé par les rebelles des Forces pour la défense de la démocratie(FDD), l’ancien bras armé du parti Cndd-Fdd à l’époque du maquis. Ces rebelles utilisent alors, comme entre autres bases arrière, l’Est du Congo. C’est dans ce cadre que l’armée burundaise se bat aux côtés des Rwandais et des Ougandais. D’après des sources proches de la Forces de la défense nationale (FDN), Didier Nyambariza conduisait un grand navire quand les militaires burundais se rendaient en RDC. D’autres ajoutent qu’il faisait également le trafic des boissons de la Brarudi surtout la Primus vers le Congo et ramenait beaucoup de choses de l’autre côté du lac. Or, la présence burundaise au Congo se veut discrète : il ainsi est interdit aux militaires de ramener du Congo des choses pouvant attestant de son engagement dans cette guerre. Didier Nyambariza, lui, passe outre et cela est considéré comme de l’indiscipline par sa hiérarchie. Il est alors muté à l’infanterie : il se retrouve en train de combattre les rebelles du CNDD-FDD à Ndora, dans la province Cibitoke, à l’ouest du Burundi. Mais ce n’est pas pour longtemps : il est réintégré dans la marine, sa spécialité. La plupart de gens qui connaissent Didier Nyambariza se souviennent de lui quant il travaillait dans la marine militaire à Rumonge où il lui arrivait de tirer quelques cartouches dans le lac Tanganyika quand il avait pris un verre de trop. Un militaire devenu pasteur A son retour de la marine, Didier Nyambariza commet des fautes et échappe de peu à une arrestation. Cette fois-ci, il déserte les FAB (les Forces armées Burundaises) et rejoint les rebelles des Forces nationales de libération (FNL) d’Agathon Rwasa où il devient pasteur, prêchant la réconciliation et l’amour du prochain. Il rentrera avec les FNL après la signature de l’accord de cessez-le-feu et intégrera la police nationale. Au moment de sa fuite, il avait le grade d’OPC2 (équivalant du colonel) et venait d’être nommé commandant de la marine, après avoir été second. Selon des sources bien informées, Didier Nyambariza entretenait de bonnes relations avec la Première Dame. Didier Nyambariza était invité à l’hôtel Club du lac Tanganyika quand Mme Denise Bucumi Nkurunziza a été ordonnée pasteur. Il était également très proche de Libère Nzeyimana, alias Mahopa, un autre déserteur des FAB qui avait rejoint les FNL ; mais qui s’est récemment enfui de son lit d’hôpital où il était soigné après avoir été torturé. Des sources bien informées affirment que Didier Nyambariza était en congé la semaine dernière. Il aurait été convoqué par de hauts gradés pour interrogatoire. Il aurait décidé de prendre le large après une détention de quelques heures. « C’est un déserteur » Pierre Channel Ntarabaganyi, porte-parole de la police, s’étonne de l’évasion de cet officier qui était correct : « C’est un déserteur parce qu’il n’a pas respecté la procédure. » Pour lui, Didier Nyambariza était en repos médical de trois jours, datant du 21 au 23 décembre. Le 26 du même mois, poursuit le porte-parole, Didier Nyambariza a laissé son talkie-walkie à un de ses agents de transmission en disant qu’il allait : « Il n’est pas revenu. » Pierre Channel Ntarabaganyi se demande où seraient les armes qu’il avait étant donné qu’il n’a rien remis. Iwacu n’a pas pu joindre cet officier de police aujourd’hui en cavale. Mais, sur les ondes de la Radio Publique Africaine, ce mardi, il a indiqué avoir fui parce sa sécurité était menacée. Au cours de l’interview, il a appelé spécialement le couple présidentiel à s’investir pour ramener l’ordre et la discipline au sein des corps de sécurité.