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Société

Les réfugiés congolais des camps de Musasa et Kinama tirent la sonnette d’alarme

03/02/2022 Commentaires fermés sur Les réfugiés congolais des camps de Musasa et Kinama tirent la sonnette d’alarme
Les réfugiés congolais des camps de Musasa et Kinama tirent la sonnette d’alarme
Le camp de Kinama compte plus de 7000 réfugiés d’origine congolaise

Des vivres et non-vivres insuffisants, des soins de santé précaires, manque d’enseignants, tels sont entre autres problèmes auxquels font face les réfugiés congolais des camps de Musasa et de Kinama dans les provinces de Ngozi et Muyinga. Le HCR prône l’autosuffisance alimentaire pour ces réfugiés.

Basé dans la commune de Kiremba en province de Ngozi, le camp de réfugiés de Musasa abrite pour le moment 8.521 réfugiés congolais répartis dans 1.455 familles y compris 88 demandeurs d’asile. Interrogés, certains d’entre eux disent vivre le calvaire. Ils dénoncent l’insuffisance de vivres et d’autres matériels de première nécessité.

« On nous donne 10 kg de riz, 3 kg de haricots et 22.000 BIF par mois. Cela n’est pas suffisant pour joindre les deux bouts du mois. Cet argent ne peut pas nous aider pour subvenir à tous nos besoins », regrette un refugié congolais vivant dans ce camp de Musasa depuis 14 ans.

Il indique qu’il a été sélectionné pour la réinstallation dans un pays tiers depuis 2018, mais que son dossier n’avance pas. Et de demander au HCR de réactiver le processus de réinstallation.
Pour un autre réfugié, la vie devient de plus en plus difficile dans le camp : « On a diminué les vivres que nous percevions chaque mois. On est obligé de contracter des dettes chez nos voisins pour boucler le mois, ce qui n’est pas facile ».

Il remercie Burundais vivant dans le voisinage pour leur soutien : « Ils nous donnent souvent de la patate douce et les feuilles de manioc, etc. » Et d’implorer le HCR à doubler la quantité de nourriture et de rendre régulièrement disponible les matériels de première nécessité.

Selon le directeur de l’école primaire dans le camp de Musasa, cette insuffisance alimentaire affecte la vie scolaire. Selon lui, les enfants n’étudient pas bien s’ils ne sont pas bien nourris.
« Nous avons aussi un problème d’éclairage. Nous en avons besoin pour que les enfants puissent réviser les cours, la nuit », indique le directeur de l’école.

En ce qui est de la finalité des élèves qui étudient dans ce camp de réfugiés, il indique que le nombre des bourses d’étude est minime, ce qui fait que les finalistes de cette école ne parviennent pas à poursuivre leurs études universitaires.

Et de demander l’intégration des réfugiés dans les universités publiques et privées burundais.

Le camp de Kinama n’est pas épargné

Installé sur la colline Kinama en commune de Gasorwe de la province Muyinga depuis 2002, le camp de réfugiés de Kinama est établi sur 26 hectares et compte 7.606 réfugiés. Comme au camp de Musasa à Ngozi, des réfugiés dans ce camp tirent la sonnette d’alarme suite à l’insuffisance alimentaire.
En plus de la quantité insuffisante de la nourriture, les réfugiés du camp de Kinama manquent de nattes, de couvertures ainsi que des matériels de chauffage.

Pour un jeune de 19 ans né dans le même camp, la quantité des vivres fournie par le HCR ne peut pas aller au-delà de 20 jours : « On est obligé de se débrouiller pour survivre. Qu’ils nous donnent de la nourriture suffisante ».
Les réfugiés dénoncent aussi un manque criant d’enseignants. « Le personnel enseignant n’est pas suffisant. Certains sont partis, d’autres ne se présentent pas à l’école régulièrement », commente un élève de l’école secondaire dans ce même camp.
D’autres disent avoir de petites maisons qui ne peuvent pas abriter de grandes familles. « Nous sommes au nombre de neuf dans ma famille et nous partageons une petite maison. Certains enfants dorment ensemble, d’autres dorment avec moi et mon mari », confie une mère de 7 enfants.

En outre, ces réfugiés déplorent la précarité des soins de santé sur un seul centre de santé qui s’y trouve, ce qui fait que les malades ne soient pas bien traités surtout ceux qui souffrent des maladies chroniques et graves.
« Mon mari souffre de diabète et du pancréas. Sa situation sanitaire est critique. Ils traînent de lui transférer aux autres hôpitaux pour les soins intensifs », regrette une femme vivant dans ce camp depuis 2007.

Quid de l’autosuffisance ?

Dans ces deux camps, les réfugiés font des activités génératrices de revenus pour subvenir à leurs besoins. Ils font des activités artistiques, de la vannerie, du tissage, la fabrication du savon, etc. D’autres se lancent dans le commerce.
« On essaie de créer et entreprendre, mais la vie est toujours difficile », souligne un coiffeur dans le camp de Musasa. Pour lui, ce serait mieux de rentrer en RDC que de mourir de faim dans le camp.

Pour les autres réfugiés, avoir des terres cultivables serait une solution durable pour faire face à l’insuffisance alimentaire : « S’ils ne sont pas en mesure de nous prendre en charge, qu’ils nous donnent des terres ou encore nous cherchent un pays tiers qui peut nous accueillir ».

Hussein Abdallah : « Il est temps de déployer tous nos efforts pour rendre les réfugiés indépendants »

Le représentant du HCR dans la région nord, Hussein Abdallah reconnaît l’insuffisance des vivres. Il explique que le HCR a un budget limité raison pour laquelle il est difficile d’approvisionner les réfugiés en quantité suffisante.
« Les vivres sont calculés en fonction de l’énergie et calories. Normalement, c’est 2.500 calories par personne par jour. S’il y a autre chose qui manque, on leur donne de l’argent pour l’acheter », précise-t-il.

Pour lui, les vivres ne peuvent pas être suffisants : « La quantité ne sera jamais suffisante. On fait des efforts avec les partenaires pour essayer d’avoir cet équilibre calorique par jour ».

Il explique que le HCR est dans le processus de promouvoir l’autosuffisance alimentaire dans les camps de réfugiés : « Il y a beaucoup de crises dans le monde et notre budget descend. Au fur du temps, ces budgets vont disparaître. Alors, il est temps pour nous de déployer tous nos efforts pour rendre les réfugiés indépendants. C’est le seul moyen pour respecter la dignité des réfugiés ».

Concernant la réinstallation vers un pays tiers, il fait savoir qu’en 2021, il y a eu 3.000 propositions des pays riches qui cherchaient des réfugiés en quête de réinstallation vers un autre pays : « On espère que le nombre va augmenter cette année ».

En ce qui est de l’électricité dans les camps, il indique que le HCR envisage l’installation de l’énergie renouvelable pour les réfugiés. Ainsi, elle compte créer des centres multimédias pour les étudiants réfugiés où ils pourront postuler pour les universités en ligne.

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