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Le prix du riz a augmenté de près de 40%

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le prix du riz a augmenté de près de 40%

Le prix du riz a sensiblement augmenté ces deux mois derniers. Les importateurs du riz tanzanien incriminent les taxes de l’Office burundais des recettes (OBR). Mais le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage a d’autres explications.

<doc2147|left>Marché central de Bujumbura, 10h30. Tout le monde bouge, certains vendeurs sont assis, d’autres debout. Des acheteurs se bousculant les uns les autres, négociant les prix et passant d’un étal à l’autre. Dans le quartier du riz, vendeurs et clients se lamentent. Pour les premiers, les clients viennent au compte goutte ; tandis que les seconds parlent de prix exorbitants. « Il y a deux mois, le riz tanzanien se vendait à 1500Fbu le kg, maintenant il est fixé 2.200Fbu. Nos enfants vont mourir de faim », déplore une femme. Elle explique toute la peine qu’elle éprouve à nourrir ses 5 enfants convenablement : « Parfois, je suis obligée de substituer le riz à la pâte du manioc.» Un kg de farine de manioc coûte 1000Fbu. Les variétés de riz « Ngoma »et « Maregetti », produits localement, coûtent respectivement 1300Fbu et 1400Fbu le kilo. Le premier était, selon les vendeurs, à 900Fbu et le second à 1200Fbu, il y a deux mois.

L’OBR épinglé

Les importateurs du riz tanzanien associent cette augmentation des prix du riz aux taxes de l’OBR. « L’OBR ne respecte pas la loi de février 2009 instituant la taxe sur la valeur ajoutée(TVA). Il continue de taxer les produits agricoles en provenance de l’EAC alors qu’ils sont exonérés », regrette Audace Bizabishaka, président du Syndicat général des commerçants (SYGECO). Selon lui, cette loi est appliquée dans tous les autres pays de l’EAC, à l’exception du Burundi.

Toutefois, aucun responsable de l’OBR n’était joignable pour réagir à ces accusations. Le président de l’Association burundaise des consommateurs (ABUCO), Noël Nkurunziza, s’élève contre cette augmentation du prix du riz et la hausse excessive des prix des autres produits de première nécessité (haricot, sucre…). Il demande au ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme d’appliquer l’article 3 du code du commerce. « Si les choses continuent ainsi, nous ne serons plus capables de nourrir nos enfants qui sont la force productrice de demain. Cela aura un impact négatif sur la production», souligne-t-il.

« Du riz burundais exporté clandestinement »

Selon Dismas Baradandikanya, porte-parole du ministère du Commerce de l’Industrie et du Tourisme, la Tanzanie, principale source d’importation du riz pour le Burundi, est en proie à une sécheresse actuellement : « Sa production du riz a diminué et elle a dû limiter ses exportations pour nourrir sa population. » Il explique que la Tanzanie ne livre plus de certificats attestant que le riz provient de la Communauté Est-africain (CEA). Par conséquent, l’OBR taxe cette denrée comme si elle venait de l’extérieur de la CEA : « L’OBR taxe le riz tanzanien comme celui du Pakistan et le frappe d’une TVA équivalant à 18% de sa valeur. Ajouter 75% des droits de douane et le coût du transport, vous comprenez qu’arrivé à Bujumbura le riz doit être très cher. »

Toutefois, le porte-parole estime que le fait que la Tanzanie a réduit sensiblement ses exportations de riz n’est pas la seule cause de la hausse. Il indique que son ministère est en train de chercher d’autres causes de cette hausse. Car la production locale a été bonne, si bien que l’on soupçonne des exportations clandestines: « Le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a récemment déclaré qu’il y a eu une bonne production cette année.» Toutefois, M. Baradandikanya n’a pas pu donner de chiffres.
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{ Article 3 du Code de commerce
– Les prix des biens, produits et services sont librement déterminés par le jeu de la concurrence.
– Toutefois, dans les secteurs ou les zones où la concurrence par les prix est limitée en raison de situation de monopole, de monopsone ou de difficultés durables d’approvisionnement, des dispositions particulières peuvent réglementer les prix.
– Les dispositions des deux alinéas précédents ne font pas obstacle à ce que le Ministre ayant le commerce dans ses attributions arrête, par ordonnance, contre des hausses de prix, des mesures temporaires motivées par une situation de crise, des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé.
– L’ordonnance ministérielle précise sa durée de validité qui ne peut excéder six mois. Toutefois, celle-ci peut être renouvelée autant de fois que de besoin.}

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