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Le  » Front du Peuple Murundi (FMP- Abatabazi)  » à Mahande : ce qui s’est passé

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le  » Front du Peuple Murundi (FMP- Abatabazi)  » à Mahande : ce qui s’est passé

Des combats ont opposé, les 22 et 23 octobre dernier, un groupe de rebelles aux forces de l’ordre dans les communes Buganda et Murwi en province Cibitoke. Le gouverneur parle de 9 rebelles tués et plusieurs armes récupérées. Le porte-parole de ce groupe rejette ce bilan et parle de quatre policiers et deux militaires tués.

<doc5747|left>Colline Mahande, zone Ngoma en commune Murwi. Le ciel est nuageux ce mercredi. La population, en petit groupe de trois à cinq personnes, discute. L’inquiétude et la peur se lisent sur leurs visages malgré une présence des militaires.
Et pour cause, une partie de la population avait pris la fuite ce lundi suite aux combats acharnés qui se sont déroulés à Murwi. Des rebelles venus de la RDC (République Démocratique du Congo) se sont battus avec des policiers et militaires burundais jusque dans la soirée du mardi.

Des rebelles visiblement bien armés

D’après P.M., un habitant de la sous-colline Gatunguru, qui souhaite garder l’anonymat, ces combats étaient très violents : « J’étais dans mon champs quand j’ai entendu les premiers coups de feu. Il était 11 heures. » Selon ce père de cinq enfants, lorsque le groupe de rebelles a attaqué leur localité, la police est vite intervenue et des tirs nourris ont retenti jusqu’à 18 heures. « Il n’y avait pas de répit. Les échanges de coups de feu se faisaient à chaque minute. J’ai eu très peur. »

Pour G.H., un autre habitant de la même localité, ces rebelles ont débarqué dans la nuit de dimanche 21 octobre : « Ils ont passé la nuit dans la commune Buganda. » Le lendemain, vers 8 heures du matin, poursuit notre source, ils se sont dirigés vers la localité de Rwesera où ils auraient volé des cartes de recharge téléphonique et se seraient servis dans un restaurant de la place.

La population, explique un autre habitant, a alerté des policiers et un échange des coups de feu a eu lieu mais les rebelles ont continué leur chemin, passant par les localités de Mugimbu, Rwesera, Bambo jusque dans la vallée de Mahande (commune de Murwi).

D’après F.D. de Rwesera, certains des rebelles étaient en tenues militaires, d’autres en civil. Ce qui m’a étonné, confie notre source, c’est leur armement : « Chacun avait deux fusils et une sacoche en plastique sur le dos. » Ce qui explique, d’après lui, la durée de ces affrontements. Les combats de lundi avec la police ont duré 8 heures et ceux de mardi 10 heures. « N’eût-été l’intervention des militaires venus de Bukinanyana, mardi à 14 heures, la police avait eu du mal à déloger ces rebelles de cette vallée », conclut notre source.

<doc5749|left>« La situation est calme »

Les habitants de Murwi demandent que la sécurité soit assurée à partir de la frontière entre la commune Buganda et la RDC le long de la rivière Rusizi : « Chaque fois, des groupes de rebelles attaquent à partir de cet endroit. Il faut qu’on y renforce les dispositifs de sécurité. »
Anselme Nsabimana, gouverneur de la province Cibitoke, venu tranquilliser la population ce mercredi, est satisfait : « La situation est maîtrisée. Nos militaires et policiers n’ont fait qu’une bouchée de la vingtaine des rebelles qui nous ont attaqués ce dimanche. »

Selon lui, 9 rebelles sont morts au cours de ces combats et un autre a été capturé vivant. Il serait interrogé et détenu dans l’un des cachots de Cibitoke. Le gouverneur affirme aussi que 8 fusils Kalachnikov, 8 grenades, une lance roquette, 4 roquettes, 1 mitrailleuse et ses cartouches ainsi qu’un sac contenant 500 cartouches des différents types de fusils ont été saisis.

Nouveau-né dans la rébellion burundaise

« L’heure de la révolution a sonné, rien ni personne ne pourra arrêter le peuple armé en marche vers la victoire ». C’est en ces termes que le Major Fidel Nzambiyakira, porte-parole de l’Etat major du Front du Peuple Murundi (FMP- Abatabazi), a revendiqué par communiqué l’attaque de dimanche.
Il explique que son mouvement a agi suite aux provocations de l’armée, la police et la milice Imbonerakure du président de la République et leurs alliés qui avaient tenté de s’en prendre à ses positions.

Fidel Nzambiyakira précise que son mouvement est décidé à mettre en déroute les « sanguinaires » du système CNDD-FDD et à la tyrannie de Bujumbura. « Ils croient que la sortie de la crise politique passera par les rivières en rouge du sang des soldats innocents envoyés pour affronter vos enfants, pères et oncles résolus à combattre ce système mais ils se trompent ».
Au lendemain de l’attaque, Fidel Nzambiyakira tirait un bilan de quatre policiers et deux militaires tombés sur le champ de bataille.

<doc5750|right>« Même si le pouvoir est tombé plus bas, rien ne peut expliquer la guerre »

Du côté de l’opposition politique, le porte-parole de l’ADC-Ikibiri, Chauvineau Mugwengezo, déplore ces combats. « On doit privilégier la lutte politique quelle que soit la durée de la crise que traverse le pays. »
Cependant, M. Mugwengezo compare cette déclaration à une manifestation d’un mécontentement d’un groupe de gens à l’égard du pouvoir qui ne fait que persister dans l’erreur. Pour lui, l’Etat major général du FMP-Abatabazi formule les mêmes revendications que celles de l’ADC-Ikibiri : la bonne gouvernance, la libération de l’espace politique, etc. La seule différence, souligne-t-il, c’est cette option armée prise par le FMP-Abatabazi au moment où l’ADC maintient l’option politique.

Encore tôt pour s’exprimer

Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement, s’est réservé de tout commentaire. Quant à Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée et des anciens combattants, les forces de l’ordre maîtrisent la situation sur le terrain. Il se garde de donner le bilan des combats. Il avoue toutefois que ce groupe armé n’est pas un groupe de bandits puisqu’aucun acte de banditisme n’a jusque-là était enregistré.

Qui est Major Fidel Nzambiyakira ?

Il est né en 1979 sur la colline Musongati, commune Rutovu de la province Bururi. Fils de Charles Kazungu et de Léonie Niragira, il entre à l’armée avec le numéro matricule 50806. Il est de la 35ème promotion de l’Iscam. Selon ses anciens camarades de classe, il a suivi les cours jusqu’en 2ème candidature de l’Iscam avant qu’il ne soit affecté dans une unité. Réputé pour son goût de l’alcool, Fidel Nzambiyakira a le grade de Lieutenant lorsqu’il déserte l’armée. Il sera révoqué par décret no 100/ 21 du 11 octobre 2011.

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