Jacques Bigirimana désigné contre « sa propre volonté »

Le président du Fnl raconte que c’est avec « grande surprise » qu’il a accueilli son « élection » pour représenter son parti aux élections de 2015. Ce dernier n’était pas candidat.

Au congrès extraordinaire de ce samedi 2 mai, tenu à la permanence du Fnl, sise Rohero 2, avenue Moso, quatre candidats sont en lice pour la présidentielle de juin prochain. Il s’agit de Radegonde Rwankineza, Pascal Ninkunda, Emmanuel Masumbuko et Désiré Nkeshimana.

Pourtant, des congressistes sont surpris de constater l’absence de Jacques Bigirimana, actuel président du parti, sur la liste des candidats. Des voix fusent de partout pour demander au comité exécutif de revoir ces candidatures. Ils menacent de boycotter le congrès au cas contraire : « Nous portons un message des militants à la base. Ils ne veulent que M. Bigirimana parce qu’il a sauvé le parti quand il allait disparaître. Il a fait libérer des milliers de Banamarimwe emprisonnés depuis le retrait du Fnl aux élections de 2010. »

Une équipe composée de trois congressistes s’est retirée quelques dix minutes pour revenir avec un discours qui a satisfait les participants. Sévérin Ndabarushimana est désigné pour annoncer la nouvelle : « Pour les intérêts du parti et de la nation, le nom de Jacques Bigirimana a été choisi pour conduire le pays en 2015. »
A cette annonce, deux émotions contradictoires : la joie des militants et la « colère » de M. Bigirimana. Il est approuvé à 100% par les congressistes. Il dira accepte d’assumer cette « lourde » responsabilité malgré lui.

Une élection surprise pour Jacques Bigirimana

Pas de discours de circonstance, déclare Jacques Bigirimana, parce qu’il ne s’y attendait pas. D’après lui, ce fut sa plus grande surprise. « Le parti avait souhaité que d’autres candidats se présentent et que je reste à la direction du parti. »

Pour le candidat du Fnl, il n’a pas de choix devant la volonté des militants.

Dressant un bilan largement négatif de l’exercice au pouvoir du parti Cndd-Fdd, Jacques Bigirimana garantit de sortir le pays en danger du gouffre : « Il faut un homme fort pour redynamiser le pays. Tout est à refaire. »
Pour ce, il promet entre autre autres le redressement de l’économie nationale par l’augmentation de la production agricole, la détaxation de quelques médicaments.

Une fois élu, M. Bigirimana s’engage également à améliorer les relations diplomatiques, à promouvoir la politique de l’excellence, l’indépendance de la magistrature, à rétablir le climat de confiance entre les pouvoirs publics et les médias. « Le ministre de la Communication et le président du Conseil National de la Communication seront choisis par les professionnels des médias eux-mêmes. »

Le Fnl contre la troisième candidature de M. Nkurunziza

Le président du Fnl indique qu’il ne peut en aucun soutenir une candidature illégale et illégitime. Il fait savoir qu’il n’a pas appelé ses militants à manifester pour leur éviter des emprisonnements arbitraires et des assassinats ciblés : « Nous avons l’expérience du passé. Ce sont toujours les Banamarimwe qui sont la cible du pouvoir Cndd-Fdd. En 2010, le parti Fnl s’est retiré aux élections avec beaucoup d’autres formations, mais ce sont ses militants qui se sont retrouvés en prison ou à l’exil. » Il garde sa confiance en la Cour constitutionnelle saisie pour se prononcer sur cette candidature contestée : « C’est elle qui a le dernier mot, il faut qu’elle soit sage et ne tombe pas dans des spéculations politiciennes. »