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Forcing pour la création d’un cadre de concertation, contesté par une partie des organisations de la société civile

20/04/2012 Commentaires fermés sur Forcing pour la création d’un cadre de concertation, contesté par une partie des organisations de la société civile

Ce 18 avril, la deuxième journée de l’atelier de restitution des Etats Généraux de la société civile, tenus en août 2011 à Gitega, a été caractérisée par une formation difficile du comité technique chargé de la mise en place du Cadre de concertation de la société civile. Seul le secteur des droits de l’homme n’a pas pu présenter de délégués. Les autres en ont présenté deux pour chacun.

Tout le monde a les nerfs tendus dans cette salle du CECORES (route Gatumba), archicomble. La tension monte au fur est à mesure que l’on discute des modalités de mise en place de ce comité : « Il est hors de question qu’on procède aux élections alors qu’on n’a pas encore consulté les membres de nos différentes associations », clame une partie des participants. « N’accordez même plus la parole à ceux qui ne veulent pas la mise en place de ce comité aujourd’hui », s’énerve une autre. Dans leur rôle de modérateurs, le « mushingantahe » Balthazar Habonimana et Espérence Nijembazi de l’Association burundaise des femmes journalistes (AFJO) ont du mal à contenir ce monde. Toute la salle lève la main pour demander la parole en même temps. Certains s’arrachent le micro pendant que d’autre préfèrent crier à tue tête pour faire entendre leur point de vue. Un tohubohu auquel prend également part le ministre Edouard Nduwimana présent, du début à la fin des travaux. A la base de tout ce ce désordre,[ la mise en place du Cadre de concertation des associations de la société civile. La veille déjà, les différents groupes qui s’étaient mis ensembles pour étudier la question, étaient rentrés sans résultat.

Les raisons 

Dans la salle, deux parties se distinguaient. Une, dite des anciennes associations de la société civile, dont la plupart sont du FORSC (Forum pour le Renforcement de la Société Civile), les syndicats de travailleurs (COSYBU, CONAPES,…). L’autre partie regroupe quelques représentants de 350 associations récemment agréés par le ministère de l’intérieur, qualifiée de « Nyakuri ». La première était contre la mise en place de ce cadre de peur qu’il vienne noyer sa voix, vu qu’il dépendra du gouvernement, initiateur de ce projet : « Comment, la société civile continuera à être un redresseur de torts publics si elle est affiliée au gouvernement ? » se demande un membre d’une des  »anciennes » associations. « Si ce cadre est mise en place ça sera en faveur du gouvernement », constate un autre. Dans l’autre camp, ainsi que du côté du gouvernement, le Cadre de concertation est plus que nécessaire, obligatoire. Officiellement, c’est pour avoir, explique-t-il, un cadre de dialogue où les associations se rencontrent et échangent: «Un organe qui définira les relations entre l’administration et la société civile, cette dernière et les partenaires.» Cependant, plus d’un craignent que le cadre ne soit là pour contrôler les « anciennes » associations de la société civile « qui constituent actuellement une épine dans le pied du gouvernement. » Mais une autre tendance favorable au cadre envisagé, avance la raison selon laquelle certaines petites associations accusent le FORSC de détourner les fonds de financement de la société civile en se proclamant représentant de toutes les associations. Pour elle, le cadre doit donc exister comme porte officielle et transparente des fonds de financement destinés à la société civile et qui vont être bénéfiques à toutes les associations.

Les résultats 

A 16h30, après toute une journée de vives discussions, les différents représentants des associations et des syndicats se sont finalement mis d’accord pour la mise en place du controversé Cadre de concertation des associations de la société civile. Les différents acteurs se sont retirés, chacun de son côté, pour choisir leur représentants dans le comité technique. Au retour, les noms ont été proclamés.

Secteur Confessions religieuse: Hamza Burikukiye (Islam) et Rév pasteur Léopold Banzubaze (Églises Pentecôtistes) ; Secteur transport : David Dusabe (Sotavebu) et Aboubacar Minani (AMOTABU) ; Secteur Violence contre le genre : Rubuka Soline (CAFOB) et Sindakira Bernardine (SPPDF) ; Gouvernance politique : Kazoviyo Gertrude (OAG) et Niyongabo Emmanuel ; Paix et sécurité : Kazihise Pierre Claver et Kanyange Perpétue; Producteurs divers : Nduwimana Edouard et Nintuze Emmanuel; Lutte contre la corruption : Ngerageze Deus (ABUCO) et Karorero adolphe; Enfance : Rwamo Athanase et Nshimirimana Jacques; Jeuneuse : Béni Karera et Hakizimana Nina; Secteur santé-environnement : Njangwa Jean Gilbert Bécot et Ndahagaze Juvent; Secteur Abashingantahe : Simbare Cassien et Habonimana Balthazar

Des 14 associations du secteur Droits de l’Homme, aucun représentant n’a pu être choisi par consensus. Néanmoins deux personnes de 4 associations qui s’étaient séparées du reste du groupe se sont présentées comme représentants de ce secteur, mais ont vite été décriées par la partie dite d’anciennes associations. Interrogé, Pierre claver Mbonimpa de l’APRODH explique les causes de leur refus de voter par le fait que l’atelier était dirigé indirectement par le directeur général de l’administration du territoire à la place des modérateurs jugés indépendants. Par ailleurs, la nature de leurs organisations, explique-t-il, ne leur permettait pas de représenter qui que ce soit sans avoir consulté les membres. Néanmoins, M. Mbonimpa signifie qu’il n’était pas exclu que leurs organisations envoient plus tard des représentants, après avoir vu le comité mis en place à l’œuvre. Le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, considère que[ le seul secteur des droits de l’homme ne peut bloquer toutes les activités du comité. Il assure que le cadre sera toujours ouvert pour celui qui veut l’intégrer : « Ils peuvent continuer à travailler selon les termes qui ont justifiés leur agrément. » Notons que le comité technique est dirigé par le révérend Pasteur Banzubaze avec comme vice-présidents, Gertrude Kazoviyo de l’OAG, et l’ambassadeur Balthazar Habonimana.

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