Jeudi 25 avril 2024

Editorial

Des réfugiés pris en otage

03/08/2018 Commentaires fermés sur Des réfugiés pris en otage

«Quoi qu’il arrive, je mourrai au Burundi». Phrase mélancolique et profonde que beaucoup de rapatriés prononcent quand ils foulent de nouveau le sol burundais après plusieurs années passées loin de leur terre natale. Une sorte de serment sacré.

La faim, la maladie, l’humiliation quotidienne, les familles éclatées, les conditions de vie sordides… Les réfugiés vivent des épreuves inimaginables dans les camps.

Ceci n’est pas une vue de l’esprit. C’est un ancien réfugié qui parle. Ce qui se passe dans les camps des réfugiés burundais de Nduta, Mutendeli et Nyarugusu en Tanzanie est choquant.
Certains administratifs tanzaniens contraignent les réfugiés burundais à « s’inscrire sur la liste de rapatriement volontaire» sous peine d’être mis sous les verrous.

D’autres leur interdisent toute activité génératrice de revenus. Les réfugiés s’inquiètent et dénoncent une menace de rapatriement forcé par le gouvernement tanzanien.

La situation est préoccupante et devrait être traitée avec empathie et sagesse. Malheureusement, elle semble faire objet de spéculations ou de revendications des politiques.

Pour le Cnared, la plateforme de l’opposition surtout en exil, l’insécurité règne toujours au Burundi, les abus contre les droits de l’homme, les menaces de mort, les disparitions et les assassinats ciblés sont monnaie courante.

«Il est clair que la situation ne plaide pas en faveur d’un retour des réfugiés burundais vivant en Tanzanie». C’est ce qui transparaît dans la lettre adressée au Haut-commissaire adjointe du HCR. Mais, le gouvernement burundais dit n’avoir aucune information sur les menaces de rapatriement ‘‘forcé’’ de ces réfugiés. Toutefois, il rappelle que la paix et la sécurité règnent dans le pays et les invite à rentrer.

La Communauté internationale, le HCR notamment, doit être vigilant. Les politiques burundais, le gouvernement comme l’opposition ne doivent pas prendre en otage les réfugiés. Directement ou indirectement, ils sont à l’origine de leur sort.

Souhaitons que la rencontre de Kayanza ce vendredi 3 août et le prochain dernier round des pourparlers inter-burundais annoncé par la facilitation vont créer des conditions qui incitent les réfugiés à retourner dans leur pays.

Personne ne quitte son pays de gaîté de cœur. Revenir dans sa patrie devrait être une décision individuelle et librement choisie. Il n’y a aucun plaisir d’être apatride.

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