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Cibitoke : quand justice populaire rime avec sorcellerie

05/05/2013 Commentaires fermés sur Cibitoke : quand justice populaire rime avec sorcellerie

Plusieurs cas de gens qui accusent leurs voisins de sorcellerie sont enregistrés. Les autorités provinciales suivent de près cette question et promettent un dénouement dans les plus brefs délais.

<doc4409|left>C’est tout un acharnement contre des prétendus sorciers. Quatre personnes ont été grièvement blessées par balles dans le secteur Rushiha de la commune Mabayi le 22 juin. Les policiers tentaient d’empêcher la population de se faire justice sur un certain Jacques Nzobarantumye accusé de sorcellerie. Non loin du chef-lieu de la commune Rugombo dans le secteur de Mparambo II, Sikuti Cimpaye, 40 ans, elle aussi accusée de sorcellerie, a failli être lynchée par la population le 24 juin, n’eût-été l’intervention des forces de sécurité.

Originaire du secteur Gabiro-Ruvyagira, à 2 km du bureau communal de Rugombo, Euphrasie Barute est détenue au cachot de la zone Cibitoke depuis le 2 février 2011. Elle serait accusée d’avoir tué une fille de 22 ans du secteur Mparambo II de la même commune qui se préparait à un mariage. Cette fille aurait été retrouvée le lendemain chez Euphrasie Barute alors que la population la croyait morte après l’avoir enterrée. C’est à partir de ce moment que cette vieille femme a été sauvée par la police alors que la population voulait se faire justice.

Condamner son voisin pour s’accaparer de ses terres

Rencontrée dans sa cellule où elle est hébergée, Euphrasie Barute rejette en bloc toutes les accusations. « C’était la troisième fois que j’échappais bel et bien à la mort », raconte-t-elle avec un air inquiet. Elle affirme qu’il s’agit des gens mal intentionnés qui veulent récupérer ses propriétés foncières qui, selon elle, sont très fertiles.
Pour le moment cette maman de 68 ans vit dans une peur panique et ses mouvements sont contrôlés. Un agent de la police rencontré sur place affirme qu’il s’agit d’une stratégie d’assurer sa sécurité. « Toutes les personnes qui viennent ici ont la curiosité de voir cette soit disante femme sorcière. Ce qui est choquant, elle est stigmatisée à la fois par ses codétenues mais aussi par tous les passants », renchérit-il.

Sa fille aînée, Elisabeth Nahiboneye, 48 ans, parle d’une situation inquiétante. Elle affirme que ses voisins la regardent d’un mauvais œil quand elle visite à sa mère. «  A présent, je suis taxée de sorcière. Je suis accusée d’avoir pris la place de ma mère », témoigne-t-elle. Selon ses dires, sa maman a eu seulement deux filles. Avec d’énormes étendues de terres de cette famille, leurs voisins voudraient s’accaparer d’une partie de ses terres.

Les autorités provinciales sont préoccupées par ces cas de sorcellerie. Elles comptent organiser des séances de sensibilisations sur toutes les collines. En cas de besoin, l’administration, une assistance matérielle et médicale sera accordée à toute victime de ces cas de sorcellerie. Aussi la prise en charge médicale d’Euphrasie Barute est-elle assurée par l’administration, comme l’a indiqué Anselme Nsabimana, gouverneur de cette province. Le gouverneur fait savoir qu’une parcelle sera octroyée à Euphrasie Barute dans le village de paix qui sera érigé très incessamment non loin du chef-lieu de la province : « Au cas où elle retournerait à Rugombo, sa sécurité risque d’être menacée. Avec cette parcelle, elle aura la possibilité de se construire sa propre maison ».

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