Vendredi 26 avril 2024

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Athlétisme – En attendant Tokyo

06/02/2020 Commentaires fermés sur Athlétisme – En attendant Tokyo
Athlétisme – En attendant Tokyo
Salvator Nizigama, entraîneur du club Les Ambassadeurs Burundais d’Athlétisme (ABA)

Discipline souvent pourvoyeuse de médailles, les athlètes burundais peinent à se distinguer. A quelques mois des Jeux Olympiques de Tokyo, Salvator Nizigama, entraîneur du club Les Ambassadeurs Burundais d’Athlétisme (ABA), donne quelques pistes pour revenir sur le devant de la scène internationale.

Quasi absents des podiums internationaux, les athlètes burundais peinent à se faire une place dans le gratin mondial. Quelles en sont les causes ?

Outre une préparation quelque peu tronquée, leur gestion et leur suivi laissent à désirer. Une lacune qui se répercute directement sur leurs résultats.

Concrètement?

Il suffit de voir parmi ceux qui partent s’entraîner à l’étranger, peu reviennent en pleine possession de leurs moyens. Les exemples sont légion. A trop vouloir gagner plus d’argent, ils commencent à évoluer sur les routes. D’ailleurs, ce qui est une bonne chose. Parce que cela les permet de subvenir aux besoins de leurs familles.

Mais, le revers de la médaille, c’est que s’ils font trop de courses sur route, à la longue, cela peut impacter sur leurs performances. La preuve : lorsque les compétitions officielles débutent, beaucoup sont éreintés.

Pour dire que les athlètes des courses de fond (5000m, 10.000m) ne doivent pas faire les courses sur les routes ?

Au contraire, ça leur permet d’être endurants. Je dis simplement qu’il faut qu’ils ménagent leurs corps. De la sorte, débuter les compétitions officielles en étant frais.

Au regard de l’actuelle forme des uns et des autres, combien estimez-vous à mesure de décrocher les minimas pour Tokyo?

Le problème avec nos dirigeants, c’est qu’ils veulent s’impliquer alors qu’ils restent peu de temps de préparation. Normalement, quand une olympiade se termine, débute la préparation de la suivante dans d’autres pays .Un calendrier spécifique pour une préparation bien assidue de toutes les compétitions qualificatives est mise en place,etc.

Toutefois, les espoirs restent. Avec 10 athlètes boursiers olympiques et les compétitions à venir, j’ose bien espérer que l’objectif d’en qualifier 5, en plus du marathonien Olivier Irabaruta déjà qualifié, sera atteint.

Beaucoup de jeunes talentueux qui peinent à éclore au haut niveau. Pourquoi?

La raison est simple: ils ne sont pas suivis. Thierry Ndikumwenayo en est l’exemple le plus illustratif. Deuxième sur 3.000 m lors des JO de la Jeunesse de Nanjing en 2014, le natif de Bururi est arrivé à une seconde près pour les minima de ces mêmes jeux en 2016 dans la catégorie senior. Une preuve qui montre à suffisance que s’il aurait été suivi, son corps bien ménagé, il figurerait parmi les 5 lièvres mondiaux sur cette distance.

Suite à l’ hyper androgénie, Francine a été contrainte doit migrer vers le 1500m et 3000m. La voyez-vous à mesure de s’adapter ?

Sans aucun doute. Mais, pour rester aussi performante que sur le 800 m, je pense que cela prendra du temps. Pour y arriver, elle ne doit pas forcer les choses. Techniquement, elle est explosive, résistante. Seule lui manque l’endurance. Et, d’après certaines sources, son adaptation sur ces distances se passe bien. Tout récemment, elle s’est classée 6ème sur 8 km au Kenya. Une bonne progression.

Propos recueillis par Hervé Mugisha


Zoom sur les possibles chances de minima

Sur 10.000 m : Rodrigue Kwizera, Thierry Ndikumwenayo et Onésphore Nzikwinkunda

Distance de prédilection des Kenyans des Ethiopiens, les athlètes burundais ont cœur de bousculer cette hiérarchie. Pour jouer dans la cour des « grands », il faut d’abord accrocher les 28 ‘05’’, le chrono qualificatif sur 10.000m
Incapables de terminer les 25 tours de piste lors des Mondiaux de Doha en octobre dernier, ils attendent de pied ferme le début des compétions (il intervient en mars, ndlr). Idem pour Rodrigue. Seizième à Doha, il conserve de chances de se qualifier directement. Pour cela, faut-il que le comité d’organisation considère les 25 premiers.

Sur marathon : Olivier Irabaruta, Elvanie Nimbona, Cavaline Nahimana

Le billet pour Tokyo déjà en poche, c’est un Olivier Irabaruta ultra motivé qui tentera de rectifier le tir. Allusion faite à sa dernière olympiade de Rio de Janeiro ratée. Il avait péché par manque d’expérience laissant filer sa chance suite à un rythme soutenu de ses adversaires.

A l’instar de Cavaline, lors des mondiaux de Doha, Elvanie est passée à côté de leur tournoi. « Un affront à tout à prix qu’elle doit se laver », jure-t-elle. De Trieste (Italie), où elles s’entraînent, leur manager confie qu’elles sont en pleine forme. De quoi rassurer à un mois de retour des compétitions officielles.

Sur 800m : Antoine Gakeme, Eric Nzikwinkunda

Avec 1’46’’20’’’ lors de sa dernière course en Espagne, Gakeme retrouve peu à peu ses esprits. Une nouvelle rassurante, après une année 2019 dans le vide. Quant à Eric, avec ses JO, il espère éclore au grand jour et peut-être marcher dans le sillage des Francine. Toutefois, une question : pourrait-il descendre sous les 1’45’’40 ‘’’ ? Un sacré challenge, avant le début de la campagne qualificative pour ces olympiades.
Signalons qu’à cette liste, d’autres athlètes sur d’autres distances peuvent s’ajouter. Les Jeux Olympiques de Tokyo se tiendront du 24 juillet au 9 août.

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