Jeudi 25 avril 2024

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Le calvaire des journalistes d’Iwacu

JOUR 12

02/11/2019 Commentaires fermés sur Le calvaire des journalistes d’Iwacu : JOUR 12
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Par Abbas Mbazumutima

 

Samedi 2 novembre, « jour des Morts ». Dans la tradition catholique, c’est le jour où les vivants se souviennent des défunts. Au 12ème jour d’incarcération des 4 reporters du Groupe de presse Iwacu et de leur chauffeur, ils sont toujours vivants. Atteints, mais debout. Pour rappel, ils sont poursuivis pour «complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Ils ont été arrêtés en plein exercice de leur métier mardi le 22 octobre 2019 à Musigati en province Bubanza.

La plupart des organisations internationales de défense des droits de l’Homme en général et des journalistes en particulier ont joint leur voix aux appels du Journal Iwacu et à de l’ABR (Association burundaise des radiodiffuseurs) pour clamer haut et fort leur innocence, et pour réclamer leur libération.

Mais qui sont nos collègues  aujourd’hui derrière les barreaux. Nous avons décidé de vous présenter ces innocents.

Agnès Ndirubusa, d’apparence fragile, c’est une journalise coriace

Elle est née en 1983 en commune Bugendana de la province Gitega. Juriste de formation, elle a une carrière journaliste riche. Elle a notamment travaillé à Rema, avant de rejoindre Iwacu avec feu Jean Bigirimana en 2016.

Maman d’un fils âgée de 9 ans, Dylan, Agnès est respectée au Groupe de Presse Iwacu pour son carnet d’adresses notamment et sa finesse dans le traitement des sujets politiques. La classe politique burundaise, Agnès elle connaît !

Rapidement, elle a gravi les échelons pour devenir responsable du service politique à Iwacu. Polyvalente, amoureuse de la radio, mais aussi une excellente plume, Agnès est précieuse pour Iwacu.

Très cultivée, une voix douce, derrière sa fragilité apparente, c’est une journaliste coriace, rigoureuse. Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense être juste.Même quand elle est seule à le défendre.

Christine Kamikazi, la belle voix d’Iwacu

Christine Kamikazi est née en commune Kibago de la province Makamba en 1990. Communicatrice de formation, elle fait ses premières armes à Bonesha FM, elle fait vite partie des bons reporters de cette radio et elle est surtout une bonne présentatrice du journal.

Elle rejoint Iwacu en 2016 au lancement de la web radio. Sa belle voix est très appréciée par tous les auditeurs d’Iwacu Web Radio.
D’humeur taquine, Christine a toujours un mot gentil pour ses collègues. Ils parlent aussi d’une jeune femme méticuleuse dans son métier avec beaucoup de sources d’informations.

Egide Harerimana, ’’petit poucet’’

Egide Harerimana est né en commune Vugizo de la province Makamba en 1992. Journaliste au service anglophone, ses collègues apprécient son calme, sa gentillesse et son dévouement. Réservé, d’apparence timide, peut-être à cause de sa taille, Egide n’est pas grand, mais il a un grand cœur.

Ce ’’petit poucet’’ de cette équipe de reporters a un atout : il ne manque jamais de sujets. Serviable, Egide donne un coup de main sans hésiter. Autre particularité : il ne se met jamais en colère.

Terence Mpozenzi, « multi-services »

Terence Mpozenzi est né en commune Mugongo-Manga de la province Bujumbura en 1988. Il a fait la bibliothéconomie, il a rejoint Iwacu en 2018.

Polyvalent, Térence cumule les tâches: archiviste, photographe, il a également en charge la diffusion des informations de la Web Radio. Bon vivant, ses collègues admirent aussi sa capacité d’organisation et sa rigueur professionnelle. Il est exigeant en termes de qualité.

Adolphe

Excellent chauffeur, « Dolufu » est aimé par les reporters surtout lors des missions à l’intérieur du pays. Il conduit très bien. Il a aussi des talents en mécanique. Un atout apprécié par les journalistes, sur les routes du Burundi une panne technique peut avoir des lourdes conséquences sur un reportage…

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.