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Société

Gihosha : Une location polémique

28/06/2019 Commentaires fermés sur Gihosha : Une location polémique
Gihosha : Une location polémique
Vue partielle de la maison en litige.

Un bras de fer oppose un propriétaire et un locataire d’un appartement sis au quartier Gihosha en mairie de Bujumbura. Les relations sont tendues, depuis que le second l’occupe. Avec l’aide de la police. Les protestations du propriétaire restent inaudibles. Aucune issue ne pointe à l’horizon.

A l’origine des tensions, des policiers défoncent, vendredi 21 juin, les portes d’un appartement appartenant à un certain Hemed Ndabaneze. Et ce, pour installation de Justin Ndikumana, le nouveau locataire.

De la Belgique où il vit actuellement, M. Ndabaneze apprendra avec tristesse que son habitation à Bujumbura a été forcée. Une suite à un ‘‘désaccord’’ sur l’annulation d’une location, dont les trois quarts de la caution avait été  perçue.

Le désaccord

L’histoire remonte au samedi 15 juin. Après des négociations téléphoniques entre Ndabaneze et Ndikumana, ce dernier obtient du premier le droit de louer son appartement. Une maison en étage, avec trois chambres, un salon et une terrasse contre un loyer de 250 mille BIF mensuellement.

L’appartement se situe dans la parcelle sise au numéro 32 de l’avenue du développement, en zone Gihosha de la mairie de Bujumbura.

L’affaire conclue, le propriétaire instruit au locataire d’aller verser une caution de trois mois, soit 750 mille BIF, au responsable de sa parcelle, une certaine Divine Uwamahoro. En plus de cette caution, il doit payer un mois anticipatif et 150 mille BIF pour la caution de l’eau. Au total, 1,150 million BIF.

Le lendemain, dimanche 16 juin, Justin Ndikumana s’acquitte d’un montant de 900 mille BIF. Le paiement est sanctionné par un reçu. Aucun contrat n’est signé. Sur le reçu, le locataire est tenu de payer le reste avant tout droit aux clés de la maison. Ndikumana prévoit de commencer à y habiter, en moins d’une semaine, à partir du 21 juin…

Mais les avis changent vite. Trois jours après les conventions, le 18 juin, le propriétaire de la maison appelle la responsable de ses appartements et lui demande de remettre tout l’argent reçu au locataire. «L’appartement, j’en ai moi-même besoin. Je vais bientôt rentrer, il faut que je fasse déjà sa réhabilitation».

D’après Mme Uwamahoro, c’est ce même jour qu’elle appelle le locataire pour lui signifier que le «patron s’est rétracté». Ce dernier est injoignable. La décision du propriétaire lui parviendra, le lendemain. Et il la rejettera en bloc. «Vous ne pouvez pas me refuser cet appartement à la veille de la rentrée. Je n’ai pas besoin de cet argent, faites ce que vous voulez », m’a-t-il répliqué.

Et le plus dur commence. «Il est alors venu vendredi, avec le chef du quartier, le chef de poste de Gihosha et ses policiers pour défoncer les portes», raconte Mme Uwamahoro, précisant que c’est le chef de poste qui a ordonné de défoncer les portes.

«Je ne l’habite pas dans l’illégalité»

Le locataire de l’appartement prend les propos de la responsable de la parcelle pour des mensonges. «Il n’y a pas d’homme normal qui puisse faire pareille chose, au vu et au su de tout le monde».

Selon ce reçu, le locataire n’allait rentrer dans la maison que moyennant l’acquittement du reste du montant requis.

Justin Ndikumana avance une version contraire des événements. Il affirme n’avoir eu communication de la décision que le vendredi 21 juin, alors qu’il venait de rentrer dans son nouveau logement. «J’avais déjà remis mon ancienne habitation, j’avais tous mes bagages et toute ma famille avec moi. Où allais-je les mettre ?».

Comme on lui a refusé l’accès aux clés de l’appartement, il dit s’être confié à l’administration locale. Le chef du quartier, une certaine Digne Kabuyenge, a convoqué à son tour la police de proximité pour l’aider à résoudre ce problème. «Après l’analyse de la question, il a été décidé que j’entre dans la maison, avec des PV à l’appui».

Il soutient que les cadenas avaient été placés par un autre locataire du même appartement. «Il avait su que j’entre vendredi, alors que lui viendrait l’occuper lundi. Il voulait me bloquer », explique-t-il, avant d’ajouter : «En fait ce bailleur et surtout son responsable sont plein de magouilles. Ils louent ces maisons à plusieurs personnes, selon que tel propose plus que tel. Ils voulaient me remettre l’argent pour le faire louer à celui qui veut donner plus».

Aux yeux de Justin Ndikumana, nul n’a le droit de l’accuser d’habiter une maison dans l’illégalité. «Le patron ne m’a jamais dit en personne qu’il s’est rétracté alors que c’est avec lui que j’ai conclu la location».

La police et des voisins défendent le locataire

Contactée, Digne Kabuyenge, la cheffe du quartier Gihosha-mairie, n’a pas souhaité s’exprimer. Quant au chef de poste, il qualifie Hemed Ndabaneze de fautif : «Il a fait louer son appartement à deux personnes.»  Et de mettre en garde : «S’il ne fait pas attention, cela risque d’être particulièrement grave pour lui» Cet agent de police s’indigne également contre le comportement de Divine Uwimana : «Elle veut semer le désordre dans ce quartier.»

Quant aux habitants de la localité qu’Iwacu a pu rencontrer, ils appellent le propriétaire à porter plainte s’il est lésé. Néanmoins, soulignent-ils, le locataire n’est imputable d’aucune faute. «Il a payé sa caution, le propriétaire a changé d’avis très tardivement. Il a été cupide en voulant donner l’appartement à plusieurs locataires». Pour eux, le mieux serait qu’il attende au moins l’expiration des trois mois de caution.

Réagissant à ces propos, Hemed Ndabaneze ne décolère pas : «Quoi qu’il en soit, peu importe quand ce locataire a eu vent de ma décision, y a-t-il vraiment une raison pour se permettre de défoncer les portes de ma maison? » M. Ndabaneze signale qu’il portera plainte.

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