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Électricité : la hausse est inévitable

26/03/2012 Commentaires fermés sur Électricité : la hausse est inévitable

Mais pourquoi la Regideso hausse-t-elle les coûts de ses produits? Un lecteur attentif d’Iwacu nous donne les chiffres.

Le Burundi a, depuis peu, intégré la communauté d’Afrique de l’Est ce qui représente des opportunités immenses pour le pays en terme de croissance économique mais aussi de défis importants qu’il est impératif de relever non seulement pour profiter des opportunités de cette intégration mais aussi pour éviter d’y être perdant. Il est donc vital pour le Burundi de se doter d’un environnement propice dont l’un des éléments cruciaux et incontournables est la fourniture qualitative et quantitative en capacité électrique ; chose qui manque cruellement au Burundi. Le manque d’électricité est cité en tête des obstacles à l’activité économique par les entreprises présentes au Burundi (72%), devant les problèmes de transport (21%), les problèmes de financement (50%) et même… devant la corruption (19,7%) ou la criminalité et le désordre public (19%). Il est bon de savoir aussi que le carburant qui sert à faire fonctionner les générateurs de secours coûte en Afrique de l’Est environ 20% plus cher que le reste de l’Afrique (et dans cette Afrique de l’Est, le Burundi n’est pas le pays où il coûte le moins cher). Au Burundi l’électricité est presque totalement d’origine hydroélectrique avec un potentiel de 1200 MW exploitée à seulement 9% par des installations vétustes dont le rendement reste en dessous de 40% pour une offre totale d’environ 38 MW auxquels s’ajoutent 40MW importés. Un total de 78MW qui fait du Burundi l’un des pays à la plus faible consommation d’électricité par an et par habitant (20KWh). La guerre civile a causé d’importants dégâts aux infrastructures existants (qui n’ont quasiment jamais été amélioré depuis les années 60), auxquels se sont ajoutés les problèmes liés à l’embargo entre 1996 et 1999. Les capacités électriques du pays ont considérablement baissées pendant que sur la même période, la population à augmenté de 40% et la population urbaine elle, doublé. Depuis 2003, le secteur a connu un soutient sensible venu essentiellement de l’extérieur pour la réhabilitation des installations déjà en place, la construction d’une centrale thermique à Bujumbura, la multiplication par 2 de la capacité des barrages de Buhiga et Nyemanga, la réhabilitation de Mugere et Ruvyironza et des appuis financiers de la BAD et de la Banque Mondiale (dont le carburant de la centrale thermique de Bujumbura nécessaire de 2008 à 2011)

L’exploitation du Nickel exige le double de la production totale actuelle

Malgré cette légère amélioration, le plus gros du travail reste à faire (en fait, presque tout reste à faire). Pour donner une illustration simple,… à elle seule, l’exploitation envisagée du Nickel exigerait une capacité électrique de 75MW ; soit environ le double de la production nationale totale actuelle ! L’ambition du Burundi de porter le taux d’électrification des 2% actuels (oui, 2, pas 20) à 25% en 2020 [nous passerions de 38MW à 650MW] exige de mobiliser quelques 1.31 Milliards de dollars répartis entre les donateurs, des investisseurs privés, le gouvernement et la Regideso. Ces 2 derniers devrant augmenter leur participation de 8% à 45% sur les 10 prochaines années pour totaliser 226 millions de dollars pour la Regideso et 128 pour le gouvernement (à conditions que les donateurs respectent leurs engagements et que le Burundi arrive à trouver des investissements privés d’au moins 465 millions de dollars dans la même période.) Or, la vente d’électricité ne rapporte actuellement que 17 millions de dollars à la Regideso (pour des charges de 19 millions qui entraînent un résultat net d’exploitation négatif de 2 millions de dollars). 94% de l’énergie au Burundi est consommée par les ménages, et cette énergie provient à 97% du bois et du charbon de bois. On comprend alors que le Burundi soit premier classé parmi les pays de déforestation avec toutes les conséquences que cela implique sur le climat, l’environnement, l’agriculture, les infrastructures routiers etc. Cela constitue une raison supplémentaire pour accélérer l’électrification du pays et une justification additionnelle de l’urgence de l’investissement dans le secteur.

La Regideso n’a pas le choix

Pour pouvoir participer à cet investissement colossal mais aussi pour espérer intéresser les investisseurs potentiels, la Regideso n’a pas vraiment d’autre choix que d’augmenter ses tarifs pour les citoyens. On peut même facilement prévoir que non seulement la hausse sera maintenue mais aussi qu’il y en aura d’autres pendant plusieurs années encore sans que jamais les prix ne baissent. Cela est pénible et peut sembler injuste mais je ne crois pas qu’il soit raisonnable d’espérer éviter que ça arrive; il est possible de retarder l’application des mesures de hausse mais à chaque retard, ce qui aura changé c’est que le sacrifice qu’il faudra consentir ensuite sera pire que celui qu’on pensera avoir évité, nos challengers de la sous-région auront creusés davantage leur avance sur nous, leurs entreprises seront devenu plus compétitifs aussi et surtout la population Burundaise n’aura pas cessé de croitre. D’ici 2020, 2millions de Burundais de plus seront nés et en 2030, nous seront 14millions en tout. C’est beaucoup plus vite que la croissance actuelle de la production, donc la vie de manière générale va continuer à augmenter elle aussi (l’alimentation, l’habillement, le transport, la santé, la scolarisation, la bière etc..), jusqu’à ce que nous commencions à récolter les fruits de nos sacrifices et de notre travail (ce qui n’arrivera sûrement pas cette année ni l’année prochaine). D’ici là, contrairement à l’idée répandue, une augmentation massive des salaires ne pourra qu’empirer la situation en diminuant l’épargne, l’investissement et en créant plus d’inflation.

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