Le quartier est notamment connu pour ses dizaines de moulins et son rôle central dans la décortication du riz paddy et du manioc. Aujourd’hui, ces activités tournent au ralenti faute de courant électrique de la Regideso. Des milliers de familles s’interrogent sur comment elles vont désormais gagner leurs pains quotidiens.
Normalement, très tôt le matin, jusque tard dans la nuit, le grondement des dizaines de moulins décortiquant le riz paddy couvrait presque les voix à Shatanya III. Mais, aujourd’hui, l’air est étrangement lourd, coupé par un silence anormal. Seuls quelques moulins rompent la quiétude.
Devant les portes des entrepôts cadenassées, des hommes, habituellement exténués par la poussière des grains de riz et le travail tuent le temps. Ils subissent les dommages collatéraux d’une décision de délestage de la Regideso Gitega. La mesure est implacable : pour réduire la charge sur le réseau électrique, les moulins ont été divisés en deux groupes. Un groupe travaille les jours pairs, unautre les jours impairs. Chaque jour, la moitié des moulins est à l’arrêt et avec eux, toute une partie de la chaîne économique. Pour les commerçants, cette alternance est une catastrophe financière.
« Nous payons régulièrement le loyer et les taxes. Comment peut-on nous imposer de travailler un jour sur deux », s’insurge une commerçante, les bras croisés devant son stock de sacs de riz paddy. Elle explique que cette irrégularité affecte directement la clientèle. Les clients qui viennent de loin ne parviennent pas à s’approvisionnent. Selon cette commerçante, le manque à gagner est conséquent d’autant plus que les activités de décorticage et de commerce sont connues pour être génératrices d’emplois. « Hier, c’était notre jour. On a travaillé de l’aube au crépuscule. Aujourd’hui, c’est fermé », lance un propriétaire d’un moulin.
Des manutentionnaires au chômage forcé
Le long de la rue principale, les manutentionnaires qui déchargeaient les camions en provenance de Ruyigi, de la Tanzanie, de Cankuzo et de Makamba et qui assuraient la logistique du marché sont les plus durement touchés.
Ladislas, avec ses bras musclés, se gratte la tête en observant la porte fermée d’un moulin voisin. Il dit avec amertume qu’il ne va pas travailler. Et pourtant, des piles de secs de riz paddy attendent d’être décortiquées. Il s’agit d’un jour pair. Le moulin avec lequel il collabore est dans le camp des jours impairs.
Avec un paquet de cartes à la main, Joseph témoigne aussi. « Mon revenu dépend du nombre de sacs que je porte. Aujourd’hui, je suis là depuis 6h. Je joue aux cartes . Que vais-je dire à mes enfants? La Regideso devrait comprendre qu’elle ne coupe pas seulement le courant mais qu’elle coupe notre pain quotidien. »
La justification de la Regideso qui taxe les moulins d’être énergétivores et de causer des pannes incessantes ne convainc personne. Tout le monde pointe du doigt le manque d’investissement de l’entreprise publique. « Au lieu de pénaliser ceux qui font tourner l’économie, la régie devrait investir dans du matériel adéquat et moderne pour stabiliser son réseau », martèle un membre d’une association de commerçants. Ce mécontentement est d’autant plus légitime qu’il y a peu, la Regideso se plaignait publiquement de travailler à perte évoquant une surproduction d’électricité qui ne trouvait pas assez d’industries pour la consommer.
Les commerçants sont catégoriques : cette restriction de travail se répercute déjà sur les prix. Moins de riz décortiqués, moins de riz blanc disponible. Partant, les prix de ce produit montent. Ils demandent à la Regideso de trouver une autre solution qui arrange tout le monde.






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