Mardi 23 avril 2024

Société

Quand la peur devient source de violence

15/06/2021 Commentaires fermés sur Quand la peur devient source de violence

La peur peut causer des violences quand elle entretient la méfiance entre groupes. Le sociologue patrice Saboguheba préconise la retenue pour éviter l’irréparable.

Que peut-on comprendre par peur entre groupes dans une société?

Avant qu’il y ait des groupes, il y a d’abord des individus. La peur est cette inquiétude, la façon de se sentir mal à l’aise, gêné, menacé par un évènement malheureux qui peut être orchestré par un autre individu. Quand il s’agit de groupes, il y a des meneurs ou leaders. Si le leader cultive cette inquiétude dans son esprit, il est facile que cette peur envahisse tout le groupe. Il pointe du doigt les membres de l’autre groupe comme source de menace ou de malheur. L’autre groupe peut aussi se sentir menacé. Cette méfiance ne permet pas de vérification, si les deux groupes sont des ennemis. Tous pensent qu’un coup se prépare. La cohésion sociale est remise en cause.

Que risque la société ?

Ce sentiment de frayeur qui commence lentement entre individus, petits groupes et grands groupes peut engendrer des conflits et violences de masse. Les groupes qui se sentent menacés préparent la défense. Des vengeances. Il suffit d’un petit rien pour déclencher les violences. Des atrocités par groupes. C’est une situation dramatique, des conflits ouverts.

Les conflits ethniques cycliques des années 1965,1972, 1988, 1993… sont des exemples probants. Tout commence par la méfiance entre membres de différents groupes. La peur se généralise. Pas d’individu ou de structure pour tranquilliser ou s’interposer. Ainsi, l’irréparable s’est produit. Les anciens nous racontent que le point de départ des violences est tel ou tel groupe ou région.

Comment dissiper la peur ?

La société est bâtie sur des structures. La police, la justice, l’administration, les Eglises et la société civile permettent d’instaurer un cadre de dialogue pour arrêter le danger. Cela permet de dissiper, d’anéantir la peur et de consoler les victimes, le cas échéant. Si la peur grandit dans des groupes ethniques, idéologiques ou d’obédience religieuse et politique, il faut mettre autour de la table tous les belligérants.

Quid des individus ?

La personne menacée de toutes parts tente de se protéger en diabolisant un groupe particulier. Heureusement, le monde produit aussi des individus qui se montrent tolérants à l’égard des autres. Cette acceptation d’autrui fait obstacle à certaines formes de violence et favorise la non-violence. Les membres de chaque groupe doivent se remettre en cause. L’individu lui-même doit vérifier la rumeur avant de propager ou d’intoxiquer le groupe. La cible prise pour ennemi peut se révéler fausse. Et avant d’engager le bras de fer, il faut explorer la phase de dialogue.
Propos recueillis par Jérémie Misago

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