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Politique

Parité dans les institutions : peut mieux faire…

17/09/2020 Commentaires fermés sur Parité dans les institutions : peut mieux faire…
Parité dans les institutions : peut mieux faire…
Marie-Concessa Baribike : « Il y a une évolution par rapport aux années précédentes. »

A l’issue des récentes élections, le quota des 30% de femmes a été largement respecté. Cependant, des militantes de la cause féminine soulignent de gros défis dans certains secteurs et réclament la parité.

Pour Marie-Concessa Baribike, coordinatrice de l’Association des femmes rapatriées du Burundi (AFRABU), il y a une évolution avec les récentes élections, notamment avec l’Assemblée nationale par rapport aux années précédentes où s’observe aujourd’hui près de 40% de femmes. Au Sénat, c’est plus de 40% (Ndlr : en 2015, c’était 50%). « Le cadre légal a été amélioré par rapport au positionnement des femmes sur les listes électorales. Avec l’ancienne Constitution, c’était de l’ordre d’une femme sur 4 sur les listes. Avec la nouvelle mouture constitutionnelle, c’est de l’ordre d’une femme sur 3 (article 173) », complète Mme Baribike.

La coordinatrice précise que le grand défi concerne les postes non électifs : « Les postes de gouverneurs, directions générales, les postes de dirigeants dans divers domaines, comme la santé et l’agriculture, les assistants et secrétaires des ministères… n’ont aucun cadre légal qui les régit en matière de quota. Par conséquent, le décideur fait ce qu’il veut.»

Leslie Nijimbere, présidente adjointe de l’Association pour la Promotion de la Fille burundaise (APFB), elle, réclame la parité : « Diverses études pointent le fait que les femmes représentent 51% de la population burundaise. Ce qui me porte à affirmer que le quota des 30% doit être revu à la hausse. Pourquoi pas aller vers l’égalité ?» Et de s’appuyer sur la Constitution : « L’article 13 précise qu’aucun Burundais ne doit être exclu de la vie politique en raison de son sexe.»

La militante de l’APFB évoque également une autre réalité : « Plus on descend dans la hiérarchie administrative, moins le quota des 30% en faveur des femmes est respecté. C’est le cas, par exemple, des élus collinaires et c’est vraiment dommage car ils sont les premiers auxquels ont recours les femmes et qui sont les plus au courant des problèmes auxquels elles font face.»

Du reste, cette jeune femme se montre critique vis-à-vis des femmes politiques : « Je m’aperçois qu’une fois élues, elles vont rouler pour leurs formations politiques au détriment des intérêts de celles qui les ont placées là pour les défendre.»

« Les femmes doivent mériter leurs postes »

M.O., hôtelière au centre-ville de Bujumbura, met en exergue les limites posées par le taux d’analphabétisme qui frappe de nombreuses femmes : « Même si les femmes représentent 51% de la population, combien sont-elles formées pour exercer des fonctions dans les institutions ? »

M.O. ne s’arrête pas là : « Les femmes qui accèdent à des postes politiques n’occupent pas les postes clefs. Si elles avaient l’estime de leur formation politique, elles pourraient occuper des postes de ministre de la défense ou ministre de la Sécurité publique. Mais ce n’est jamais le cas.»

Quant à Kathy Kezimana, députée du Cnl, elle confirme sa réputation d’avoir un franc-parler : « Il faut absolument éviter que les femmes qui accèdent à des postes politiques soient vues comme les instruments des hommes.»

Questionnée sur les attentes de la gent féminine à son égard, la députée du Cnl se montre plus nuancée : « J’ai avant tout été élue par des hommes et des femmes.» Toutefois, elle se dit particulièrement sensible au sort des femmes prisonnières, des femmes victimes de viol. « Je me sens toujours interpellée par le sort des femmes en difficulté », martèle la députée élue dans la province Bujumbura rurale.

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