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Panique dans le site de Ryanyoni, le gouvernement se mobilise

23/04/2015 7

Les informations faisant état de distribution d’armes aux Imbonerakure ont créé une peur panique chez les déplacés du site de Ryanyoni en zone Kabanga, commune Giheta en province Gitega. Deux ministres, l’administration provinciale et Forces de l’ordre, se sont déplacés, ce mercredi pour les tranquilliser. Une opération qui semble n’avoir pas satisfait tout le monde.

Les informations faisant état de distribution des armes  aux Imbonerakure ne sont que rumeurs selon Pascal Barandagiye Sur le chemin de l’exil ©Iwacu
Les informations faisant état de distribution des armes aux Imbonerakure ne sont que rumeurs selon Pascal Barandagiye Sur le chemin de l’exil ©Iwacu

«Si vous ne nous donnez pas une position militaire, nous allons nous refugier au Rwanda.» Ce sont les mots qu’a dit au téléphone, mardi dernier, le chef du site des déplacés de Ryanyoni, au gouverneur de la province Gitega, Sylvestre Sindayihebura. Comme l’indique ce dernier, c’est cet appel qui a fait que le programme change car la réunion de pacification était censée se dérouler au chef-lieu de la commune Giheta. «Nous sommes venus ici à cause de cette peur qui règne dans ce site», indique le gouverneur. Selon le chef de ce site qui compte plus de 1000 déplacés de 1993, ils n’ont que deux policiers. «Nous voulons une position militaire comme c’était avant car les gens ont peur et menacent de fuir.»

Pour le chef de ce site, ce qui a fait décupler la peur qu’ils ressentaient bien avant, c’est le vol, la semaine dernière, de deux drapeaux de l’Uprona et du MSD se trouvant dans le site. «Les déplacés ont commencé à se poser des questions. C’est pénible d’entendre des gens âgés vous dire qu’ils ne dorment plus la nuit.» Ces déplacés affirment aussi qu’ils ont peur à cause des informations qui circulent faisant état de distribution d’armes aux jeunes Imbonerakure du parti Cndd-Fdd. «Même ici, des amis sur les collines nous parlent des exercices paramilitaires sur les collines Murayi et Gihuga de la zone Kabanga. C’est pourquoi nous demandons une position militaire.»

Cette peur transparaît même dans leurs questions

Les habitants du site Ryanyoni ont peur à cause d'une  probable distribution d'armes aux Imbonerakure ©Iwacu
Les habitants du site Ryanyoni ont peur à cause d’une probable distribution d’armes aux Imbonerakure ©Iwacu

Distribution d’armes aux Imbonerakure, issue improbable si le président Nkurunziza décide de se représenter pour un autre mandat, fuite des Burundais au Rwanda… différentes questions ont été posées aux deux ministres qui avaient représenté le gouvernement à savoir Pascal Barandagiye, ministre en charge de la Justice, et Rose Gahiru, ministre ayant l’enseignement primaire et secondaire dans ses attributions. «Vous nous dîtes de ne pas avoir peur, on comprend. Mais si Pierre Nkurunziza décide de se représenter, pouvez-vous nous dire ce qui va se passer?», un habitant du site ouvre le bal. «On parle de distribution d’armes aux Imbonerakure. Est-ce pour protéger la population? Pourquoi nous, on ne nous les donne pas?», lance un autre. «Est-ce vrai que les Imbonerakure empêchent les gens de fuir? Pourquoi les refugiés qui sont au Rwanda refusent de rentrer?»

«Ce sont des rumeurs, rien que des rumeurs. Comment voulez-vous que le gouvernement chargé de protéger les Burundais reviendrait pour distribuer des armes.», scande Pascal Barandagiye. Selon lui, ce sont des rumeurs colportées par ceux qui ne veulent pas les élections. «Ils veulent créer l’anarchie afin qu’il y ait un gouvernement de transition. Certains l’ont déjà dit à haute voix.»

Il a demande à la population de signaler tous ceux qui colportent ces rumeurs afin de les juger en fragrance. Sur la question des Imbonerakure qui empêchent les gens de fuir, Pascal Barandagiye précise que c’est ce qu’ils sont en train de faire lui et sa collègue de l’enseignement. «On ne peut pas laisser les gens continuer à fuir.» Par contre, il a éludé la question du pourquoi les refugiés ne veulent pas rentrer. Concernant le 3ème mandat de Nkurunziza, Rose Gahiru a exhorté la population de sortir cette question de la rue. «Personne ici ne peut répondre à cette question. Il y a des organes habilités.», précise-t-elle. «C’est la Cour constitutionnelle qui va trancher sur cette question. Laisse-là travailler!», renchérit son collègue de la Justice.

Après cet échange, les déplacés du site Ryanyoni ne semblent pas satisfaits. «Des gens ont été cités dans la distribution d’armes, les ministres n’ont pas dit que les investigations sont en cours pour connaître la vérité. Ils parlent seulement de rumeurs. Ce qu’on appelle rumeur peut se révéler une réalité.» Ils assurent que la peur est toujours présente. Signalons que cette campagne de pacification avait commencé dans les communes Buraza, Itaba et Makebuko. Elle s’est poursuivie dans les communes Giheta, Bugendana et Mutaho.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Ntazizana

    C’est cela le propre des burundais! Jamais, ils ne tirent leçon de leur histoire! Toujours le même cercle vicié!
    Une question simple: Que veulent ces imbonerakure de ces gens? Trouvent-ils qu’ils n’ont pas assez souffert?
    Réponds-moi svp!

  2. KAISER

    THEOREME DE KAISER: L’intensité des rumeurs (IRm) est inversement proportionnelle à la qualité de l’information (QIn).
    Plus un pays est bien informé, moins il y a de rumeurs. La présence des rumeurs dans un pays est un signe que l’information, ou elle ne passe pas, ou elle est mauvaise. Les medias font du tapage sur une présumée distribution d’armes avec comme conséquence la panique chez les gens. Ne se trouve-t-il pas un seul journaliste capable de débusquer ces armes? Le journaliste doit informer sur les FAITS et non sur les suppositions. Une rumeur (un fait non vérifié), lancée sur les ondes devient une arme de destruction de masses. La réalité est sous nos yeux.

  3. kimeneke

    Murabe maso barabamesa kuko inkoho zahashitse muri fin mars mukarere harimwo nimisozi iri muri commune Ndava, Rutegama ntimuryame umukondorazosi abobategetsi nibo bazizanye zivuye ibujumbura

    • hat

      En Kirundi, urukurukuru niyo nkuru. Si demain ces gens à qui on a exhorté de ne pas fuir étaient massacrés ,qui en portera la responsabilité? On le sait très bien : personne. En 1993 la province de Gitega a payé très cher alors que les provinces du sud étaient bien sécurisées par l armée. Pauvres barimiro qui ne comprennent que la politique se fait sur leurs dos .il faut vous réveiller ou soyez

      • Gondwanais Lamda

        Ce n’est pas une affaire des Barimiro seulement, c’est une affaire de tout burundais qui mérite ce nom. Des irresponsables sont entrain d’armer d’autres irresponsables et demain c’ est notre pays qui va boire la tasse!!!! Nous devons tous nous lever comme un seul homme et dire NON NON NON à ceux qui veulent que le Burundi réveille les vieux démons de guerre.

      • Baobab

        @hat
        « Pauvres barimiro qui ne comprennent que la politique se fait sur leurs dos .il faut vous réveiller ou soyez »
        Arrêtons de réfléchir en termes de régions, de clans ou de groupuscules! Cette fois-ci si ça pète, aucune province ne va être épargnée!
        Tout le monde coulera ou ne coulera pas!

        • Joseph Ndarusanze

          Il faut éviter à tout prix que ça pète le feu.

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